Le groupe
Biographie :

Goratory est un groupe de brutal death metal technique américain formé en 2000, reformé depuis 2016, et actuellement composé de : Alan Glassman (guitare / Job For A Cowboy, Serpent Of Gnosis, ex-Twisted Sacrifice, ex-Despised Icon, ex-Burn In Silence), Adam Mason (chant / Sexcrement, ex-Twisted Sacrifice), Darren Cesca (batterie / Cytolysis, Deeds Of Flesh, Eschaton, In Asymmetry, Pillory, Serpent Of Gnosis, ex-Virulence, ex-Arsis, ex-Blasphemer, ex-Embers From Cremation, ex-Burn In Silence, ex-Strappado) et Zac Pappas (basse). Goratory sort son premier album, "Sexual Intercorpse", en 2001 chez Belligerent Asshole Productions, suivi de "Orgasm Induced Diarrhea" en Novembre 2002 chez Amputated Vein Records, de "Rice On Suede" en Octobre 2004, et de "Sour Grapes" en Octobre 2020 chez Everlasting Spew Records.

Discographie :

2001 : "Sexual Intercorpse"
2002 : "Orgasm Induced Diarrhea"
2004 : "Rice On Suede"
2020 : "Sour Grapes"


La chronique


Ah, enfin, c’est pas trop tôt, enfin un nouvel opus de ces rois du brutal death technique scato-pornographique, Goratory a tellement attendu pour délivrer le successeur de "Rice On Suede" que l’underground a carrément oublié son existence. "Sour Grapes" est le quatrième album des ricains et voit le jour 16 ans après leur méfait précédent. "Sexual Interscope", leur acte de naissance en format longue durée date de 2001, ce disque pose les bases du style Goratory, à savoir un death metal qui mêle habilement des passages intenses, du gros riffing groovy bien lourdingue, le tout mâtiné de parties musicales techniques mais jamais indigestes et arrosé d’un humour en dessous de la ceinture, ou, devrais-je dire, au niveau du fond des toilettes. Ajoutez à cela la présence de deux chanteurs, et vous aurez une idée assez claire de ce que ce disque peut proposer en termes de brutalité. Un an plus tard seulement, ces crados de l’extrême nous resservent le couvert avec "Orgasm Induce Diarrhea", le disque avec lequel j’ai découvert ce groupe passionnant. Cette seconde sortie était déjà plus solide que la précédente, autant en termes de son qu’au niveau compositionnel, le groupe affinant son style en creusant une voie toujours plus personnelle et revenant à un seul vocaliste. De 31 minutes, on passe à 46, ce qui est plutôt long pour un album du genre, et cette durée fait peut-être un poil perdre le groupe en efficacité, car il faut l’admettre, ce n’est pas en quelques écoutes que l’on peut s’approprier un disque de Goratory, tant il joue sur de nombreux paramètres : cassures, saccades, ralentissements, accélérations, riffs à tiroir, si vous aimez avoir la tête qui tourne, allez-y c’est de la bonne.

"Rice On Suede", sorti en 2004 revient à un format plus digeste, 33 minutes de condensé brutal à souhait sur lequel le groupe se lâche encore plus au niveau de la performance. Ainsi, même sans recevoir les honneurs pour son travail, Goratory était au début des années 2000 assez régulier dans ses sorties et faisait preuve d’un savoir-faire qui ne cessait de se bonifier et, même si "Rice On Suede" est un peu moins bien passé que "Orgasm"…, il a néanmoins maintenu le groupe sur les rails, tout en affirmant sa place au sein de l’underground. Malgré cette lancée tout à fait honorable, le band de Boston a ensuite cessé d’exister, plongé dans un coma dont on ne connait pas l’origine mais soit, ce "Sour Grapes" vient apporter un peu de lumière à cette sombre année 2020 et annonce je l’espère d’autres productions de ces musiciens obsédés pour un avenir radieux.

Visuellement, cette sorte de type straight edge sur la pochette, en train de méditer autour de multiples grappes de testicules (oui oui, je ne les ai pas perçues de suite mais il y a bien des couilles sur la pochette) annonce la couleur, Goratory n’a pas perdu la déconne. Ce disque de 26 minutes restitue leur passion pour la scatophilie et les sujets dérangeants, mais dévoile un Goratory tout neuf, frais comme un gardon. Musicalement, c’est encore plus saccadé et foisonnant qu’auparavant, les riffs s’enchaînent comme des burgers au Mac Do le samedi soir, proposant de multiples micro-moments tous plus hystériques les uns que les autres, permettant ainsi à des riffs plus écrasants de s’imposer en posant les bollocks sur la table. Nous avons droit à une grande variété de passages, mais aussi à un mélange des styles. Goratory flirte un peu avec le deathcore, ajoute des parties massives à la Dying Fetus, on entend des moments frénétiques qui s’inspirent de Cryptopsy et surtout, on se reçoit un brutal death technique un poil moins brutal mais pas moins efficace, plus actuel.

Le son est également énorme, très moderne, tout est super clair, la basse, tenue par Zac Pappas, ancien Sexcrement, domine les bas fonds du spectre tout en préservant un son clinquant qui fait qu’on la distingue vraiment dans le mix et forme ainsi un couple parfait avec le drumming. Parlons-en du drumming, Darren Cesca est derrière les fûts et ça rigole pas, le mec est passé chez Arsis, Blasphemer et Strappado entre autres et vous allez l’entendre sur le prochain Deeds Of Flesh. Depuis "Rice On Suede", son jeu a radicalement évolué et a atteint un niveau intolérable. Son approche y est pour beaucoup dans ce nouvel opus, ces multiples interventions ajoutent un crédit énorme à chaque composition, autant que celles d’Allan Glassman, gratteux très précis, embauché depuis 2008 chez Job For A Cowboy et qui a passé un petit moment chez Despised Icon également. Avec de tels CVs, on peut donc comprendre pourquoi le groupe a mis tant de temps pour composer le digne successeur de "Rice On Suede", ses membres étant tous occupés à droite et à gauche. Soit, on ne leur en tiendra pas rigueur tant ce nouveau skeud comble très largement les attentes. Les membres de Goratory ont énormément appris de leurs multiples expériences au sein des autres formations et de ce fait, se revoir pour envoyer autant la purée sur "Sour Grapes" sonne comme un exutoire, un besoin de se défouler tout en repoussant les limites de la technique et de la brutalité. Everlasting Spew, label spécialisé dans le death technique, ne s’est pas trompé en pariant sur le retour de Goratory car ces tarés psychopathes ont tout donné sur ce nouveau skeud, repoussant les limites du concevable, c’est un véritable bon en avant qui s’est opéré ici. Que ce soit le très groovy "Back To The Grinding Machine", qui porte bien son nom car ce track est le plus proche de ce que Goratory faisait avant, "Evolutionnary Ward" et son intro en mode Carcass sur-technique ou encore "Bottom Feeder", très Psycroptic dans l’approche, il n’y a jamais de temps mort avec "Sour Grapes". Cette variété d’approches se retrouve aussi dans les vocals qui empruntent différents timbres, du gruik au criard, ainsi, la formation ajoute une autre couche de complexité à l’ensemble, déjà suffisamment chargé.

Quelle régalade cet album, c’est comme dans le cochon, tout y est bon ! Techniquement, le truc est énorme, musicalement c’est entraînant de A à Z, le son est fat comme c’est pas permis et le visuel est à la fois drôle et magnifique. Ajoutez à cela que ces mecs ont osé sortir un titre qui s’appelle "Seth Putnam Was A Sensitive Man" et là on frôle la perfection, car rendre hommage au chanteur du plus grand groupe de grind de tous les temps, aussi de Boston, en parodiant un de leurs titres, surtout lorsque l’on sait que ce fameux groupe était déjà lui-même une parodie, je dis bravo ! En toute objectivité, nous tenons là un album vraiment excellent que je vous conseille ardemment, et si vous ne connaissez pas Goratory, vous avez là un bon moyen de vous rattraper.


Trrha'l
Décembre 2020


Conclusion
Note : 19/20

Le site officiel : www.facebook.com/officialgoratory