L'infatigable Mories est déjà de retour, l'homme dont vous déjà eu des nouvelles par ici par son projet Gnaw Their Tongues ou plus récemment Grand Celestial Nightmare. Cette fois, c'est avec le troisième album de Golden Ashes, "A Lightless Christ Shuns The Crown Of Divinity", qu'il nous attaque. Un projet qui donne dans un black symphonique assez mélodique tout de même assez violent.

Une violence qui était amplifiée sur les deux premiers albums par un son volontairement brouillon avec des claviers qui prenaient beaucoup d'espace et qui noyaient les mélodies dans une sorte de magma sonore assez extrême. Et l'extrême, Mories il connaît bien, c'est presque sa seule façon de s'exprimer musicalement, tous ses projets sont donc extrêmes d'une manière ou d'une autre. Le morceau-titre qui ouvre ce nouvel album confirme d'ailleurs que Golden Ashes n'a pas changé son fusil d'épaule, la production est à peine plus claire et permet de discerner un peu mieux ce qui se passe mais on reste confronté à une masse sonore qui nous submerge dès les premières secondes. Pour le reste, c'est toujours un black metal symphonique et violent qui nous est proposé, les claviers prennent là encore beaucoup de place dans le mix et les blasts ne se font pas prier pour nous agresser. Il y a une fois de plus quelque chose de baroque et de dramatique dans ces mélodies et ces nappes de claviers. "A Lightless Christ Shuns The Crown Of Divinity" montre une beauté vénéneuse, une ambiance à la fois grandiloquente et menaçante. Comme d'habitude avec Mories, l'intensité de l'album risque d'en laisser beaucoup sur le carreau et même si le tout est mélodique et très porté sur les ambiances, son caractère jusqu'au-boutiste et son extrémisme sonore le destinent aux oreilles les plus téméraires. Pourtant, ce troisième album ne s'étale pas au-delà de trente-sept minutes mais c'est bien assez pour tester votre résistance, du coup si ce projet vous semble déjà trop extrême vous savez que vous n'êtes pas prêts pour les autres maléfices sonores de Mories.

En tout cas, entre Golden Ashes et Grand Celestial Nightmare, le bougre nous montre qu'il est aussi doué pour créer des ambiances baroques et dramatiques que pour nous balancer des cauchemars sonores. C'est encore plus impressionnant de se retrouver avec des albums de qualité quand on voit à quel rythme il les sort, sans avoir fait de recherche approfondie on en trouve déjà cinq depuis le début de l'année ! Et pourtant ce nouvel album est effectivement bon dans son genre une fois de plus, un genre qui ne parlera pas à tout le monde puisque même dénué de cet extrémisme sonore typique du maître d'oeuvre, le black metal symphonique n'est plus un style très pratiqué et n'attire plus les foules. Comme pour Grand Celestial Nightmare, ce nouveau méfait de Golden Ashes s'adresse aux initiés. D'autant que cette mise en son est particulière avec cette énorme couche de claviers qui recouvre tout et ne laisse aux guitares qu'un rôle d'accompagnement discrètement noyé sous la masse. Et si ce projet donne dans le black symphonique, il le fait d'une façon différente de Grand Celestial Nightmare, plus extrême, peut-être plus violente et plus noire. Les deux projets ne font donc pas doublon et ne propose pas la même chose même s'ils partagent un socle commun. Rien que la mise en son est plus extrême et difficile d'approche chez Golden Ashes, alors que Grand Celestial Nightmare a progressivement évolué vers quelque chose de progressivement plus abordable. Ici, on reste sur un black symphonique assez hermétique et à la production raw qui donne l'impression de se retrouver submergés par toute une série de couches de sons qui ne laissent pas beaucoup de place pour respirer. Ici, Mories remplit l'espace le plus possible et rend ce nouvel album tout aussi intense que les deux précédents.

"A Lightless Christ Shuns The Crown Of Divinity" propose donc un black metal symphonique très proche des deux précédents albums et se montre toujours aussi difficile à aborder, principalement à cause de cette production qui donne volontairement une impression de bloc sonore. Toujours est-il que si vous arrivez à percer ce mur de sons, vous trouverez là de très bonnes ambiances baroques, sombres ou grandiloquentes.