Amis de la finesse et de la poésie, planquez vos femmes et filles parce qu'après six ans d'absence le duo infernal de Goat Torment est de retour avec son troisième album "Forked Tongues". On retrouve au programme un black metal furieux teinté de death abrasif le tout en provenance directe de la grande fournaise. Si vous vouliez du brutal, du blast à foison et de la haine qui suinte des enceintes, vous avez trouvé la bonne adresse !

"Pantheon Of Devourment" ne perd pas de temps en palabres et nous blaste la tronche d'entrée de jeu sur fond de black aux allures martiales et bellqueuses. On sent clairement une approche pure et dure, presque old school dans l'esprit qui rend la musique du groupe d'autant plus frontale et bestiale. Les influences death sont toujours là et sentent dans les guitares abrasives et les riffs infernaux autant que dans la brutalité déchaînée de l'ensemble. Cette violence constante et ces riffs diaboliques me font penser dans un certain sens à la folie du "Hell Injection" d'Arkhon Infaustus, on y retrouve une volonté similaire de tout raser et de tout purifier par le feu sans aucune pitié. Quelques passages plus mid-tempo viennent brièvement calmer tout ça histoire d'apporter un peu de dynamisme et rendre le tout plus vivant mais globalement ça tape quand même très fort, ce qui est d'autant plus apprécié que les morceaux durent souvent cinq bonnes minutes. Ce n'est pas particulièrement long mais pour un groupe qui fonce dans le tas, ça peut s'avérer barbant à la longue et nuire à l'impact de l'ensemble, un défaut qu'évite soigneusement "Forked Tongues" grâce à ces fameuses sonorités death qui alourdissent le propos quand il le faut. Pour le reste, c'est du riff black en trémolo et des ambiances infernales comme on les aime, c'est efficace, direct et ça fait les dégâts attendus. La production appuie d'ailleurs encore là dessus avec un son assez gras sur les guitares qui leur donne des airs d'essaims d'abeilles tout droit sortis des flammes. Goat Torment garde comme d'habitude une intensité constante et ne laisse que peu d'espaces pour respirer, ce qui fait que "Forked Tongues" prend comme ses prédécesseurs des allures de passages à tabac.

Seul l'instrumental "Road To Oblivion" amène un break au milieu de cette furie incontrôlable avec évidemment comme son nom l'indique une évocation assez fidèle du vide ou d'un champ de ruines. Placé en milieu d'album, c'est exactement ce qu'il faut pour rendre la reprise du bourrinage qui suit d'autant plus violente. "Profanation" vient faire comprendre que le calme a assez duré et qu'il est temps d'achever les survivants. On démarre avec une ambiance martiale puis un bon gros coup de vibrato à l'ancienne introduit de nouveau des blasts pour un morceau qui nous roule bien sur la tronche une fois de plus. Goat Torment est un de ces groupes bestiaux qui ressemblent à une locomotive infernale qui vous fonce dessus et à laquelle vous ne pouvez pas échapper, le wagon "Forked Tongues" vous passera dessus quoi que vous fassiez. Et quand le groupe lève le pied, c'est pour balancer des riffs guerriers qui sonnent comme un appel à former les troupes ou un mid-tempo écrasant qui vous broie les vertèbres. D'une façon ou d'une autre, le groupe le groupe trouve toujours un moyen de vous faire du mal mais comme on est un peu masos, on apprécie et on en redemande. En trois quarts d'heure, ce nouvel album arrive à annihiler toute résistance et si la formule est connue et qu'elle ne bouge pas vraiment pour ce troisième méfait, il faut avouer que c'est toujours aussi efficace. C'est sans pitié, ça bourre quasiment non stop, la haine est clairement le moteur principal du groupe et ce troisième album défonce tout sur son passage sans faire de détour. C'est exactement ce que l'on vient chercher avec un groupe de ce genre et Goat Torment tient largement ses promesses en nous assénant une bonne série de coups de masse sur la nuque.

"Forked Tongues" est donc un très bon cru dans le genre black teinté de death infernal, on se prend des blasts à ne plus savoir quoi en faire et l'intensité ne baisse quasiment jamais. Goat Torment se fait impitoyable une fois de plus et nous étouffe sous une violence jouissive et totalement déchaînée.