Quand on dit que l'underground regorge de formations prometteuses, on n'exagère pas, les Français de Gliesers en sont la preuve ! Ce tout jeune groupe s'est formé en 2012 et a déjà sorti son premier EP éponyme en Octobre 2013, et si le groupe présente sa musique sous l'étiquette "post metal" on va voir que ça va bien plus loin qu'une pâle copie des ténors du genre.

Oui parce que quand on voit "post quelque chose", on a souvent tendance à repenser à tout ces groupes qui repompent allègrement les Neurosis et autres Cult Of Luna, ou Isis pour les plus soft. Rien de tout ça chez Gliesers, on est plutôt en présence d'un metal aux sonorités modernes qui trace sa route au milieu d'influences diverses et variées. Pour un groupe formé depuis si peu de temps, il est d'ailleurs assez surprenant de remarquer une personnalité aussi affirmée, parce que même si on peut à la limite deviner quelques unes de leurs influences, on ne peut jamais franchement les rapprocher d'un groupe en particulier. Autre qualité, ces gars-là ont un sens de la mélodie plutôt aiguisé, et que ce soit en termes d'ambiances ou de pure accroche, elles font mouche à chaque fois ! On note d'ailleurs une belle variété aussi au niveau du chant, on passe d'un chant hurlé à quelques growls, le tout mélangé à du chant clair posé sur des lignes de chant là encore plutôt inspirées. Finalement tout ça permet à Gliesers de bâtir son monde, un monde constamment habité par un mélange de mélancolie et de fureur. Cette variété d'influences et de sonorités permet au groupe de construire un tout cohérent, homogène mais jamais répétitif. Même après plusieurs écoutes, on découvre encore des choses, on est encore surpris par les changements d'ambiances, de structures ou par la versatilité du chant. Je le redis mais pour un groupe qui débarque avec son premier EP un an après sa formation, c'est quand même fort, chaque morceau a sa patte et techniquement c'est carrément au point ! Pareil pour les mélodies ou l'ambiance, ces gars-là arrivent constamment à prendre aux tripes (le très poignant "Waking Dream").

D'ailleurs pour vous donner une idée de l'ambiance générale de la chose, le nom du groupe fait référence à un des exoplanètes qui ont récemment été découvertes et qui pourrait éventuellement abriter la vie. On part donc du postulat que la vie sur Terre devient trop dure et que la plupart des humains cherchent par conséquent à se poser ailleurs, histoire de recommencer un monde meilleur. Une division s'opère entre ceux qui veulent partir et ceux qui veulent rester, source de grandes tensions on l'imagine. C'est ce climat à la fois violent et désespéré qui habite tous les morceaux de cet EP, on passe effectivement de riffs de bûcherons à des mélodies aériennes surmontées de chant clair ou de passages orchestraux presque dignes d'une B.O. de film (le break de "New Era" par exemple, et les lignes de chant clair du début qui me font presque penser à du S.U.P) ! Il est finalement bien difficile de poser une étiquette précise sur cette musique tant elle a de multiples facettes, et même si la musique de Gliesers est prenante et accrocheuse elle se permet quand même d'être riche et complexe. Les morceaux avoisinent souvent les 6 minutes, ce qui permet au groupe de prendre le temps d'installer ses ambiances et de varier les plaisirs. Niveau son, c'est du très bon boulot aussi, l'EP a été enregistré et mixé par Cédric Lerges au studio La Forge et masterisé par Franck Hueso donc forcément la prod' est puissante, claire et parfaitement adaptée au style que pratique Gliesers.

Au final, cet EP constitue une excellente carte de visite, présentant un metal déjà personnel et riche en ambiances. Si le groupe arrive déjà à nous embarquer dans son monde à peine arrivé, on imagine ce que ça donnera dans le futur. En espérant bientôt un album pour concrétiser tout ça et voir comment le groupe s'en sort sur une plus longue durée, mais pour l'instant j'invite tous les amateurs de metal à la fois moderne, puissant, mélodique avec un petit côté atmosphérique à jeter une oreille attentive là-dessus.