Le groupe
Biographie :

C'est en cette nuit d'Halloween 2012 que Räv Grave (Four-O-Five, ex-Bad Tripes) et Kommandant K, tout deux passionnés de films d'horreur, ont décidé de créér Ghouls Stone Valley. Fans de néo metal de la première heure, ils ne pouvaient qu'aboutir à un style néo-horror metal. En se démarquant par sa chanteuse (ni gutturale, ni lyrique ) et sa musique aussi bien sombre, torturée (Korn, Coal Chamber ) que pêchue (Rob Zombie, Genitorturers), le groupe affirme ses choix musicaux grâce à un son actuel. Rejoints par Sardes (Lilith Child), Middle et Rott Finger (Four-O-Five) , G.S.V balance rapidement son néo-horror metal sur les scènes régionales (Le Korigan, L'Althérax, Le Local...), Ghouls Stone Valley a déjà partagé la scène avec des groupes comme Scream Baby Scream, Rakel Traxx, PornoGraphic Messiah, Calling Of Lorme, Sentin'Hell. Les bons retours du public ne font qu'accroître la volonté des membres à poursuivre leur évolution. Le groupe s'est ensuite consacré à son premier opus autoproduit : "31th Scareyard" (sorti en Septembre 2015).

Discographie :

2014 : "Démo 2014"
2015 : "31th Scareyard"


Les chroniques


"31th Scareyard"
Note : 14,5/20

La scène metal indus, c'est un peu une scène dans une scène ; un sous-genre aujourd'hui passé de mode destiné à quelques irréductibles et à une envergure underground. La scène française, malgré sa très grande qualité, est assez réduite et confidentielle. En effet, si les tendances machinistes et bruitistes des groupes hexagonaux se déclinent plus dans les sphères extrêmes et black (Reverence, Blacklodge, Blut Aus Nord, Phobos, The CNK) ou moderne où l'indus n'est qu'un habillage (Dagoba, Hord, Zuul Fx), le metal indus pur, style années 90, soit à tendance minimaliste à la Godflesh (qu'on retrouve chez Dee'N'Dee, Muckrackers, Kill The Thrill, ou dans les premières démos de Dirge), soit à tendance grand public à la Rob Zombie (représenté par les cultes Treponem Pal ou Prime Sinister entre autres) n'est pas légion dans notre contrée. Alors quand un nouveau groupe puisant son inspiration dans cette formidable et malheureusement désuète scène 90's débarque avec un album de la trempe de "31th Scareyard", un rictus digne du Joker se dessine sur notre visage.

Après un EP semble t-il plus orienté néo / horror punk, Ghouls Stone Valley présente un premier album dans une veine metal electro-indus moderne, aux sonorités typées dance-club actuelles et au riffing inspiré de White Zombie avec, de-ci de-là, quelques touches Coal Chamber et Murderdolls. Le groupe a donc des bases anciennes mais son approche se veut moderne. Qualifié de "horror indus metal" par ses géniteurs, "31th Scareyard" est d'une solidité à toute épreuve renfermant des morceaux à la fois durs et accrocheurs, froids et colorés. Les morceaux renferment peu de riffs, se voulant être avant tout de vraies chansons courtes et mémorisables plutôt que de bêtes empilements de couches rythmiques, et cette tendance à la retenue n'est pas un mal, car ces riffs, créés dans un moule martial et classique, sont toujours très inspirés, groovy et solides. Les constructions sont donc épurées, taciturnes mais suffisamment riches et bien pensées pour compenser cela, ce qui prouve la grande qualité d'écriture du groupe.

La production est puissante et aérée à la fois. Bien que la batterie se taille la part du lion, les instruments et autres effets sonores sont bien digérés dans un ensemble compact mais qui respire un peu. On est loin de la perfection, mais l'ensemble s'écoute bien malgré un volume sonore général assourdissant. L'ensemble sonne de façon très froide et mécanique, propre et parfaite. Un peu trop même ; nous aurions préféré quelque chose de plus organique. L'impression que tout est joué par un ordi est présente et un poil gênante, mais le style s'y prête finalement bien et l'album prend toute sa dimension grâce cela. Les éléments electro sont utilisés avec justesse et contribuent à étoffer des ambiances tourmentées et glaciales. La mesure et l'intelligence prime sur un aspect qui aurait vite pu tourner à l'indigestion et au ridicule.

L'intro inquiétante et corrosive passée, on entre dans la dance avec "31th October", rythmé, entraînant, au refrain fédérateur. On découvre la voix de Kommandant K, chanteuse au timbre éraillé et résolument rock. La jeune femme se montre comme étant une frontwoman qui veut en découdre. Si son chant sied bien à la musique, son accent anglais, malheureusement est horripilant et on peine à comprendre ce qu'elle chante, à part sur quelques rares passages. Les accents anglais et français se confondent, créant un imbroglio où l'articulation semble difficile ; ce qui est fort dommage si vous êtes à cheval sur ce genre de détails. Mais la belle se rattrape par des lignes vocales très intéressantes, travaillées, préférant l'accroche et la mélodie. Les refrains se révèlent au fur et à mesure des écoutes et confirment que la force de GSV est non dans l'esbroufe où la folie instrumentale mais bien dans la création d'ambiances et dans une écriture cohésive.

"Let's Split Up" sonne comme du White Zombie, un titre enlevé et old school. Le début de "Asylum" fait peur (une espèce de gros rap US moderne aux effets pompeux et ridicules, où l'on imagine bien un gros black bling-bling se la péter avec des poses débiles et ses 12 gonzesses à poil derrière sous un effet grotesque de ralenti) mais la suite est rassurante et nous fait replonger dans l'indus à la Zombie / Manson, et toujours un refrain top avec claviers étincelants. Le lourd "Come Into The Ghoulshow" est un autre bon morceau : riffs appuyés, double pédale placée là où il faut, et breakdown salvateur (et pour une fois, bien fait et judicieux à ce stade de la composition, ce qui est rarement le cas dans le modern metal). Les ambiances plus purement indus et la guitare mélancolique de "False Truth" amènent de la diversité à l'album, mais les effets synthétiques commencent à se répéter et à agacer, le côté techno / dance est poussé trop loin. La fin est meilleure avec un riff conclusif tranchant servi sur un lit de double puissant. Encore une fois, le groupe est plutôt doué pour écrire des titres sensés et courts, avec suffisamment de trouvailles pour satisfaire.

La fin de l'album contient certains des meilleurs morceaux. "Weird Song" surprend par sa batterie tribale au motif original et ses lignes vocales décalées. La qualité des arrangements est excellente, les riffs sinueux et effets sombres créent un morceau passionnant. "SSDD" contient des motifs de grattes intéressants et des lignes vocales chantées avec un petit côté pervers pas déplaisant (mais non, qu'allez-vous penser là...). Le pont groovy est bien mené, placé avec sureté, créant une belle dynamique. Les arrangements electro sont ici bien dosés et des sonorités inédites font leur apparition, montrant un groupe qui ne se contente pas d'une formule trop rabattue. "Kindergarten" est l'un des morceaux les plus marquants : grâce à son intro gavée d'arrangements de clavecin / orgue couplés aux effets electro usuels du groupe et un refrain acerbe servi de rythmiques plombées, GSV crée une pièce atmosphérique unique, entre religiosité et rigidité mécanique. Le pénultième morceau, "Spread My Lies", est un titre puissant et entêtant, au refrain ultra efficace et quelque peu obsédant. Enfin, si vous êtes fans de bruit blanc vous serez servis avec le dernier titre long de sept minutes et dont l'intérêt nous échappe.

Une chronique positive et une note bonne mais juste correcte car GSV, s'il a créé un bel album varié et travaillé, a encore, on le sent, énormément de potentiel pour amener l'écriture à un niveau supérieur, notamment en renforçant les aspects les plus brutaux, les plus indus et les plus metal, ainsi que sa dimension horrifique, encore timide. Le travail d'arrangement et le développement d'ambiances est là, il ne reste plus qu'à persévérer dans cette voie.


Man Of Shadows
Octobre 2015




"Démo 2014"
Note : 18/20

Le boulot de chroniqueur est quand même assez trippant par bien des aspects. Toi je sais pas, mais moi ça m'éclate toujours de découvrir des petits groupes qui ont l'air de rien mais qui envoient comme personne. Et tu l'auras compris -vu que tu connais le titre de cette chronique- mais les Ghouls Stone Valley font partie de ce genre de surprises qui embellissent la vie d'un pauvre et humble chroniqueur tel que moi. Attrapé à la va-vite sur un site communautaire, je t'avoue que j'ai évité d'écouter le morceau disponible, préférant privilégier la découverte via CD physique qu'on me proposait de m'envoyer. Si l'artwork est tout simple, faisant penser un peu à du rockabilly goth horreur, autant te dire que l'intérieur est nettement plus marquant.

Bon, je vais pas tourner autour de la tombe pendant 66 ans, tu vois bien que j'ai du mal à t'expliquer la claque que j'ai pris dans la gueule quand j'ai lancé le skeud. La musique des Ghouls Stone Valley n’est pas seulement innovante sur bien des points, elle est aussi appuyée et recherchée. Je m'explique. On pourrait avoir affaire uniquement à des ersatz des énormes Murderdolls ou du travail qu'a fait Wednesday 13 vu l'ambiance qui se dégage du skeud. Mais ce serait passer énormément d'aspects de cette démo à la trappe, parce que les zicos ont visiblement de larges influences qu'ils ont su savamment digérées et re-vomir. Alors je te préviens de suite, c’est pas trop mon genre de décrypter un skeud track par track, mais je suis obligé de le faire, vu la structure du truc.

Déja le premier titre "Don't Fear The Boogieman" -juste un énorme hymne du groupe, un truc impensable à trouver sur une démo tellement c'est bon- annonce la couleur aprés une courte intro ambiance. On pense à Lordi, pas pour les costumes mais bel et bien pour les riffs puissants à la sauce heavy qui envoient du lourd. A Korn aussi pour certains bridges ou au travail de Manson sur les "bons" opus du groupe, avec des chœurs qu'on ne retrouve malheureusement pas sur le reste de la démo. Je précise que je n'ai vu aucune photo ni prestation live du groupe, même si j'imagine facilement que niveau costume et faux-sang ça doit y aller gaiement, mais je voulais vraiment signaler le travail assez bonnard de la vocaliste, une espèce de dingue qui ne chante pas vraiment. Non, elle fait pas non plus de guttu, ni de pigsqueal ou ce genre de truc, non, non. La meilleure image que j'ai d'elle à exprimer sur une démo c’est... qu'elle rampe. Ouais, en gros, je suis sur que cette nana passe son temps dans les cimetières à bouffer des trucs pas nets, et que le groupe la sort de temps à autre pour répéter, tant sa voix traînante et incisive qui ne chante pas vraiment, ni ne parle tout à fait fait penser à une bestiole à griffes dans le noir. Non mais le noir qui fait peur, pas le noir rassurant. Et, si le morceau fait en effet penser à un truc genre heavy / punk, en fait c'est assez saisissant comme il se transforme peu à peu en un truc un peu plus thrash avec une batterie qui est de plus en plus au taquet. C'est marrant comme ça introduit le reste de cette -trop courte- démo, avec des morceaux qui deviennent successivement plus marqués par un son nettement plus proche de Korn mais possédant toujours une touche bien propre au groupe, aidé en cela par cette espèce de folle au micro.

Bref, tu l'auras compris, cette démo est une pure tuerie qui est en plus super intéressante. C'est pas le genre de musique qu'on entend partout, les compos sont pensées et travaillées pour leur donner du sens, et je suis persuadé que le groupe désanusse des vieilles sur scène. A écouter à tout prix, en tout cas les mecs -et la nana barge- vous avez un nouveau fan !


Groumphillator
Avril 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/pages/ghouls-stone-valley-official/264656453671449