Avec un artwork de Dadoolapin et Yannis-Neil (créateur du groupe), "Le Mangeur d’Âmes" arbore un design plutôt sobre. Pourtant, le son qu’il recouvre est musicalement très coloré. Ca commence avec "Djihad Joe" et la voix de Jean-Louis Blaineau que l’on découvre sur du chant polyphonique Corse rapidement rejoint par un rock énergique.

Cet album s’annonçant à première vue comme un album de rock parmi d’autres est en fait doté d’une forte personnalité et on retrouve ce type de chant local également sur "U Pranzu Di U Diavule". Bien entendu Ghostone ne rechigne pas le rock qui compose la base de sa musique et nous en propose un échantillon convaincant composé de "Promises", "Soul Eater", "Bad Little Boy". Nos Sudistes empruntent même quelques ingrédients au progressif et nous proposent "Intermission" par exemple. Mais quand est-ce qu’ils envoient tout valser ? Eh bien c’est juste après avec "Needles On My Skin" où on sent enfin les influences metal insufflant une énergie agréable d’autant plus que le tout est bien pensé. Dommage cependant que quelques parties vocales chantées soient un peu lourdes sur les retours au calme. Les deux styles se fusionnent plutôt bien et le groupe paraît à l’aise dans les deux registres, petit bémol concernant le son, qui de fait, sur les parties metal, sonne un peu creux. On prendra tout de même plaisir à écouter "Killer On The Loose" ou "People vs President" un titre plus qu’actuel et parce que je n’ai pas la prétention de donner des leçons à quiconque… allez voter si vous en avez envie, vous êtes grands ! On trouve même, un peu avant le milieu de l’album, un "Advertisement", contribuant à l’histoire de ce concept-album dont la trame gravite autour d’un personnage, "Le Mangeur d’Âmes" évidemment ! Encore un titre relativement metal (et encore lié à la politique ?), il s’agit de "Government House" et l’album touche à sa fin avec "Wake Of" une jungle de djembés primitifs mêlée à la jungle quotidienne de la ville, de ses klaxons et de ses voitures. L’histoire se ferme sur "Screaming Monkeys", un des titres les plus intéressants de cette galette.

Pour être bref, Ghostone et son "Mangeur d’Âmes" tient un bon concept audacieux et la mise en avant d’un chant du terroir et vraiment sympathique. De plus les musiciens maîtrisent très bien leur sujet il n’y a rien à redire là-dessus. Deux petits bémols toutefois, un son qui pêche un peu, notamment sur les parties davantage metal, et un chant clair parfois un peu lourd à l’écoute. Un album que je conseille à tous les amateurs de rock et de sonorités nouvelles.