Le groupe
Biographie :

Ghost est un groupe de heavy metal suédois, originaire de Linköping. Formé en 2008, son style musical, qui mêle influences pop et sonorités proches du hard rock, tranche avec son image, plus proche de l'univers du black metal. Les membres du groupe présentent la particularité de n'avoir, pour la plupart, pas révélé leur identité, évoluant dans l'anonymat et portant des masques sur scène. Le groupe a développé un univers inspiré du cinéma d'horreur et de la liturgie catholique. Le chanteur incarne un Pape sataniste, appelé Papa Emeritus, épaulé par ses disciples, les Nameless Ghouls. Les tenues des membres, ainsi que la mise en scène et les décors des concerts, font ainsi référence à la mythologie satanique et évoquent l'univers du black metal. En outre, les musiciens usent de chœurs et de paroles en latin, rappelant la musique liturgique catholique. Ghost connaît le succès dès la sortie de son premier album en 2010. Son deuxième album accroît la popularité du groupe, notamment aux États-Unis où il est dénommé Ghost B.C. L'album de 2015, "Meliora", rencontre un succès dépassant les seuls amateurs de heavy metal et conduit le groupe à se produire dans les plus grands festivals européens. Leur quatrième album, "Prequelle", sorti en 2018, rencontre également beaucoup de succès. Quatres ans plus tard, l'album "Impera" sort en Mars 2022.

Discographie :

2010 : "Opus Eponymous"
2013 : "Infestissumam"
2015 : "Meliora"
2016 : "Popestar" (EP)
2018 : "Prequelle"
2019 : "Seven Inches Of Satanic Panic" (EP)
2022 : "Impera"


Les chroniques


"Impera"
Note : 15/20

Mettons les points sur les "i" de suite, je n'ai jamais fait partie des grands fans de Ghost, leur musique m'a toujours paru bien foutue, accrocheuse et de qualité certes mais pas au point de m'enflammer comme beaucoup de monde autour de moi. Toujours est-il que les goules sont de retour avec "Impera" et le groupe, qui n'a pas envie de se laisser abattre par cette pandémie, garde le rythme et relance la machine avec un album qui a une fois de plus des aires de collection de tubes en puissance, il faut l'avouer.

En dehors de quelques ermites qui dorment au fond d'une grotte, tout le monde aura remarqué que les influences heavy / rock occulte qui sentaient fort le Mercyful Fate et le Blue Öyster Cult des deux premiers albums ont disparu et qu'une influence pop et parfois légèrement progressive s'est infiltrée depuis "Meliora" pour s'affirmer d'autant plus sur "Prequelle". Pas de changement de cap avec "Impera" qui continue bel et bien sur cette lancée et qui nous accueille avec le très énergique et très guilleret "Kaisarion" après la traditionnelle petite introduction. Un premier véritable morceau à cheval entre le hard FM et le rock alternatif qu'affectionnent les radios américaines, très efficace mais vraiment très sucré et gentillet. "Spillways" embraie avec un démarrage au piano façon "Runaway" de Bon Jovi, une influence que les choeurs vont eux aussi rappeler avec un refrain que les radios vont adorer une fois de plus. Sans partir dans le track by track, on peut dire que chaque morceau part dans une direction différente tout en gardant cette orientation très radio friendly, ce qui donne certes des airs de Greatest Hits à "Impera" mais qui lui enlève aussi de l'homogénéité. Ghost part dans tous les sens et l'orientation clairement pop lui permet d'accrocher l'oreille à tous les coups, par contre pour la profondeur il faudra repasser. Tobias Forge reconnaît de toute façon clairement qu'il veut faire du groupe une grosse machine à remplir les stades qui vend des albums par palettes et c'est plutôt efficace. Une fois de plus, c'est très bien fait, ça accroche, c'est un enchaînement de refrains qui vous entrent dans le crâne et en live l'effet sera garanti. Tous les morceaux de ce nouvel album sont taillés pour les ondes et pour la scène et s'il y a un terrain sur lequel Ghost est unanimement reconnu comme étant irrésistible c'est bien le live ! Et cela tombe bien que les concerts puissent reprendre parce qu'à ce niveau-là on ne peut rien leur reprocher, on en prend plein les oreilles et plein les yeux et ça vire systématiquement à la fiesta gentiment macabre.

"Watcher In The Sky" introduit discrètement des sonorités un peu plus sombres et pesantes au milieu d'un menu tellement sucré que le diabète nous guette à chaque minute. Il y a un feeling très années 80 sur le refrain de ce morceau d'ailleurs, là encore à cheval entre la pop et le hard FM. "Impera" est en fait l'album à faire tourner à fond dans la voiture avec la crinière dans le vent en plein soleil, comme les vieux albums de hard FM d'ailleurs. "Twenties", quant à lui, durcit un peu le ton avec quelques coups de double mais propose en même temps un couplet qui semble chanté par un méchant de Disney ou sorti d'une comédie musicale ! On n'échappe pas non plus à la traditionnelle ballade avec "Darkness At The Heart Of My Love", là encore dans la grande tradition du hard FM et donc plutôt réussie même si on ne peut s'empêcher d'avoir une impression de déjà entendu. Et c'est le principal problème que me pose ce nouvel album et la musique de Ghost en général, c'est très bien fait, c'est très efficace et ça accroche instantanément l'oreille mais je n'y reviens que rarement. Un problème que je n'ai pas avec les vieux groupes de hard FM d'ailleurs, la plupart composaient naturellement ce type de musique, par plaisir (même si elle était ensuite "optimisée" par des producteurs pour augmenter les chances de succès, ce qu'a fait Mutt Lange avec Def Leppard par exemple en dégraissant leur musique et en ne gardant que les meilleures idées en offrant un recul que le jeune groupe n'avait pas encore), là où Ghost annonce clairement vouloir conquérir le marché et tout faire pour y arriver, donc composer une musique calibrée pour ça, la différence se situe probablement là. Même si on a une forme de sincérité d'un côté puisque les intentions sont clairement affichées, de l'autre on a aussi une démarche calculatrice qui m'emmerde un peu. Cela crée selon moi un manque de profondeur et de personnalité qui fait que les albums de Ghost ne m'ont jamais marqué.

Ces considérations et réserves mises à part "Impera" est dans la lignée des deux précédents albums de Ghost et si vous aviez succombé ce sera probablement encore le cas cette fois-ci puisque le groupe n'a rien perdu de son efficacité de sa capacité à vous entrer des refrains dans le crâne. Que mes goûts de vieux con ne vous empêchent pas de profiter de la fête si vous faites partie des invités !


Murderworks
Mai 2022




"Prequelle"
Note : 19/20

Chaque nouvelle info, chaque news, chaque article concernant Ghost est une occasion de plus de voir déferler un peu partout les commentaires de haters, ces trve metalheads autoproclamés détenteurs de la bonne parole, pourfendeurs de tout ce qui pourrait s’écarter du droit chemin de ce que le metal est et devra rester jusqu’à la nuit des temps. Alors certes, on a le droit de ne pas aimer la formation suédoise, ce projet égocentrique et excentrique que Tobias Forge garde bien précieusement dans sa main, après tout, tous les goûts sont dans la nature. Mais lire “Comment on peut mettre en avant cette imagerie et faire de la pop ?” ou “Les nuls, ils chantent des trucs sur Satan en voix claire”, ça laisse dubitatif quant à la faible ouverture d’esprit de certains… Pour ma part, bien qu’intrigué à l’origine par l’aspect visuel du groupe, c’est bien la musique de Ghost qui m’a séduit. Surpris, mais immédiatement séduit. C’est elle qui me fait vibrer depuis que j’ai entendu les premières notes de leur "Opus Eponymous". Et c’est à elle, et uniquement à elle, que je vais m’intéresser aujourd’hui, à l’occasion de la sortie de leur quatrième album, "Prequelle", puisque, après tout, c’est bien elle la plus importante dans cette histoire. Et croyez-moi, ce n’est pas en 2018 que nos Suédois vont se réconcilier avec leurs détracteurs. Bien au contraire...

Vous l’aurez compris, je pense, la musique de Ghost c’est pour moi une seconde histoire d’amour. Avec ses hauts et ses bas, certes, car le groupe a quand même sorti des EPs fortement dispensables, à l’exception de leurs titres principaux "If You Have Ghosts" et "Square Hammer", mais une histoire d’amour quand même. Et ce n’est pas "Prequelle" qui me fera changer d’avis. Pourtant, de nombreux fans de la première heure ont été, si pas déçus, au moins déroutés par les deux premiers titres qui avaient été dévoilés en amont de la sortie de l’album, "Rats" dans un premier temps, puis surtout "Dance Macabre" (qui nous rappellerait presque du Scorpions, voire le "Rock And Roll All Nite" de Kiss, et qui nous permettait de voir se déhancher, entre autres Kirk Hammett, Phil Anselmo, Charlie Benante et Chino Moreno). Si je ne m’éterniserai pas à leur sujet dans ces lignes, ces deux morceaux ayant été déjà largement diffusés et écoutés, permettant à tout un chacun de se faire son propre avis, il me semble néanmoins nécessaire d’en parler. Déjà pour préciser à quel point ces deux titres sont géniaux. Vraiment géniaux. Mais aussi parce qu’ils sont très représentatifs de la musique de Ghost, post-"Meliora". En effet, chacun dans son style évidemment, ce nouvel album me rappelle un virage similaire qu’avait opéré Mastodon à l’époque de "Crack The Skye" : les compositions du quatuor d’Atlanta devenaient moins brutes, moins hargneuses, plus travaillées, mieux arrangées, mais demeuraient tout aussi intenses. Eh bien, il en est de même pour Ghost, qui signe ici son album le plus propre, le plus mélodique, sans pour autant perdre de sa superbe ni de sa noirceur, mais dans une nouvelle ambiance. Ou du moins, dans une ambiance plus recherchée, plus travaillée, où Tobias Forge, véritable homme fort derrière les masques, dont on se fiche au final qu’ils soient de Papa Emeritus ou du Cardinal Copia, nous démontre encore son attention du détail, sa méticulosité et surtout son talent pour les compositions de son projet musical. "Pro Memoria" se pose, par exemple, comme un de ces morceaux où, à l’image de "He Is" il y a trois ans, sait démontrer une noirceur particulière dans son message sans forcément céder à une ambiance lourde ni à des riffs effrénés, tout comme le sublime "Life Eternal" qui termine l’album dans la grande tradition des morceaux calmes de clôture de Ghost ("Monstrance Clock" en tête).

De plus, quand on sait que "Prequelle" est également sorti en K7, une rareté de nos jours, il n’est pas étonnant de constater que ces deux singles, mis en avant comme les deux titres majeurs, apparaissent sur l’album de manière à ce qu’ils se retrouveraient respectivement en première piste des faces A et B de celui-ci, sur un support physique adapté à ce format. Un peu comme quand on retrouve des hits de certains groupes en plein milieu d’albums réédités sur CD depuis leurs versions vinyl (par exemple, "The Number Of The Beast" et "The Trooper" d’Iron Maiden sur leurs albums respectifs, ou "Smoke On The Water" sur l’album "Machine Head" de Deep Purple). Alors, ça a l’air de rien comme ça, mais je trouve personnellement que cette construction rappelle énormément cette époque des 33 tours, à laquelle fait écho le style musical développé par le groupe sur "Prequelle". En effet, s’il y a bien quelque chose qu’il est impossible de ne pas remarquer à l’écoute de cet album, c’est cette ambiance rétro, cette impression d’écouter des morceaux qui auraient pu être écrits dans les années 70 ou 80 et enregistrés en 2018. Une impression que je retrouvais déjà en écoutant "Infestissumam", que je décrivais comme du “Blue Öyster Cult qui ferait de la musique aujourd’hui” quand je voulais faire découvrir Ghost à quelqu’un. Qui n’avait pas ressenti cela en écoutant "Jigolo Har Megiddo", "Body And Blood" ou "Idolatrine" (ou même encore sur "Ritual" trois ans plus tôt), cette sensation que ces morceaux n’auraient pas choqué sur une compilation quelque part entre "(Don’t Fear) The Reaper" et "In-A-Gadda-Da-Vida", avec leur côté rock psyché des seventies ? Eh bien, il en va de même par exemple pour "Witch Image", qui nous replonge totalement dans l’ambiance de ces années-là.

La décennie suivante n’est d’ailleurs pas en reste, puisque Ghost y fait sur "Prequelle" de nombreuses références. Vous avez vu le clip de "Rats" ? Alors vous avez déjà un indice, avec tous ces clins d’oeil au cinéma d’horreur et à cette esthétique fantastique si spécifique aux eighties. Mais musicalement aussi, certains morceaux, ou au moins certains passages, sentent les années 80. En particulier, la fin de "See The Light", ou plus évident encore, l’intégralité de "Miasma". Ah, "Miasma" ! En voilà un morceau qui va faire parler ! A l’image du "Iceberg Dances" de Sepultura sur leur "Machine Messiah" sorti l’année dernière, il représente un break instrumental en plein milieu de l’album, pendant lequel Tobias Forge se met en retrait et laisse la part belle à ses musiciens le temps d’un titre, durant lequel les Ghouls s’en donnent à coeur joie dans un style à mi-chemin entre "Tom Sawyer" de Rush et "Beat It" de Michael Jackson (dont certains auront au passage déja remarqué un riff très ressemblant). Les parties de synthé, beaucoup plus présentes d'ailleurs sur tout "Prequelle" que sur les albums précédents, ont également une sonorité “à la John Carpenter” bien particulière qui accentue encore plus cette impression ambiante, sur ce morceau mais également sur chacun de ceux où il apparaît. Mais ce qui fera, je pense, parler le plus les détracteurs du groupe sur "Miasma", sera ce merveilleux solo de saxophone qui clôt le morceau. Totalement décalé et inattendu, il ajoute à mon sens une touche finale fantastique à un titre qui l’était déjà sous de nombreux aspects, et que j’aime imaginer comme une provocation de plus de la part du groupe, ou du moins de l’homme derrière le groupe, qui confirme une fois de plus qu’il fera ce qu’il a envie de faire, peu importe les avis et réactions.

Et si le saxophone est présent ici comme une nouveauté pour Ghost, entre les mains de Gavin Fitzjohn, de l’excellent collectif Adequate Seven, il n’est pas le seul instrument qui s’invite sur "Prequelle". En effet, s’il était déjà présent, timidement, par le passé, c’est cette année que le piano prend une place importante dans les compositions de nos Suédois, cette fois sous les doigts de Salem Al Fakir, l’une des deux faces du duo Vargas & Lagola. Et c’est encore une fois un de ces éléments qui font le charme de "Prequelle" (ou une perche de plus pour tous ceux qui aiment tirer à vue sur le groupe). Une particularité de plus qui m’amène même à penser quelque chose qui va certainement en choquer plus d’un, mais… J’en arrive à considérer que, par son sens du rock, du grand spectacle, de la mise en scène, du culte de la personnalité, et de l’incorporation dans leur musique d’éléments qu’on n’aurait pas tendance à imaginer naturellement dans le rock / hard rock, Ghost se rapprocherait presque de ce que pourrait être un Queen moderne. Je sais, la comparaison est osée et certains vont avoir une poussée de tension à la lecture de ces mots, et j’ai bien conscience que les deux groupes ne sont évidemment pas comparables en styles, en termes d’envergure, d’aura, ou même en matière de talent (même si cela reste foncièrement subjectif). Mais réfléchissez-y, et vous verrez que sur bien des points, les deux formations ne sont pas si éloignées, et j’aime à imaginer que les deux auraient d’ailleurs pu avoir un grand respect mutuel et réciproque pour les compositions de l’autre. Un parallèle qu’il est à mon sens aisé de faire sur un titre tel que "Faith", par exemple, qui ne m’aurait pas paru totalement décalé sur l’excellent "A Night At The Opera".

Au final, si "Meliora" pouvait s’écouter comme un “Opus Eponymous” plus travaillé, "Prequelle" est à prendre comme un prolongement du génial "Infestissumam", tous deux partageant ces sonorités rock rétro, mais que nos Suédois nous proposent cette année de manière plus aboutie dans un album absolument sublime et majestueux, qui m’aura séduit dès la première écoute et pour lequel je manque encore de qualificatifs. Bien que globalement plus calme que ses prédécesseurs, malgré la présence des très lourds et heavy "Rats", "Faith" ou "Dance Macabre", ce "Prequelle" ne manque aucunement de cette noirceur qui constitue l’âme du groupe, chose évidente pour un album censé aborder les thèmes de l’époque médiévale et de la Grande Peste Noire, vous me direz. Ghost reste au centre d’un clivage très marqué, dans lequel il est extrêmement rare d’assister à des avis objectifs et détachés tant le groupe déclenche les passions, dans un sens comme dans l’autre, et ce n’est pas cette année que les avis des uns et des autres changeront ou même s’apaiseront. Mais comme Tobias Forge le chante lui-même dans le magnifique "See The Light", "Every day that you feed me with hate I grow stronger". Et si tout continue sur cette voie, il y a fort à parier dans ce cas que le prochain album de Ghost sera exceptionnel, mais il y aura fort à faire pour surpasser "Prequelle", qui se retrouvera fort probablement en première position de mes albums de l’année.


Nico
Juin 2018




"Popestar"
Note : 16/20

Si le groupe a fait le jeu de mots à ne pas faire avec le titre de cet EP, cela prouve au moins que derrière les masques se cachent six personnes qui ne se prennent pas au sérieux. Pour les avoir vus en concert début 2016 à Reims, je peux confirmer que Papa Emeritus III (qui est en réalité le même chanteur que Papa Emeritus I et Papa Emeritus II) ne manque pas d'humour et qu'il n'est pas en manque d'allusions sexuelles. La tournée "Popestar" a aussi été l'occasion pour Ghost de présenter une mademoiselle Ghoul. En effet, les fans ont vite remarqué le petit gabarit et les formes féminine de la Ghoul bassiste, pas de doute, c'est une femme qui manipule ce grand instrument (en parlant d'allusions sexuelles...). Bien que l'on ne puisse pas savoir combien de fois les membres ont été échangés, c'est la première fois qu'une demoiselle entre dans la formation.

Bref, parlons bien, parlons de l'EP. Celui-ci se compose de cinq titres dont quatre reprises. C'est avec l'inédit "Square Hammer" qu'il débute. Cette chanson considérée par beaucoup comme étant plus pop que les anciens titres du groupe reste du très très bon Ghost, on reconnaît directement la pate de notre cher Papa Emeritus troisième du nom et ce refrain est d'une efficacité indéniable : "Are you on the square ? Are you on the level ? Are you ready to swear right here right now before the devil ?".

Passons à ce qui compose 80% de l'EP : les reprises. La première est "Nocturnal Me" de Echo And The Bunnymen. Jusque là, rien à signaler, la cover sauce Ghost est géniale, mais le groupe n'est pas novice dans ce domaine puisqu'il a déjà repris ABBA ou Depeche Mode par exemple. Pourtant, les choses changent avec la reprise de "I Believe" de Simian Mobile Disco. Est-ce que c'est une mauvaise chose ? Non. En revanche c'est différent. On reconnaît à peine le style Ghost avec cette ballade qui est sans doute une des morceaux les plus doux de la discographie du groupe à ce jour. Ghost reste encore un peu plus pop qu'à ces débuts avec la reprise de "Missionary Man" de Eurythmics. Ici, Papa Emeritus a décidé de chanter plus grave qu'à son habitude sans rien perdre du côté groovy du titre original. Le groupe s'offre même des arrangements avec une voix de choriste féminine. Enfin, arrive "Bible" (reprise de Imperiet) qui vient clôturer l'EP de la plus belle des manières avec ces mélodies dont seul Ghost a le secret.

Cet EP n'est certes pas ce que le groupe a fait de mieux mais il est transitoire pour Ghost, déjà car leur son a encore évolué, mais surtout car il est là comme une passerelle entre "Meliora" et le prochain album. Deux choses sont certaines : Ghost est un groupe tout jeune qui n'a pas fini de nous surprendre et vous pouvez déjà vous préparer à l'arrivée de Papa Emeritus IV.


John P.
Novembre 2016




"Meliora"
Note : 18,5/20

Que l'on soit réceptif ou pas à leur univers, Ghost est sans conteste l'un des groupes les plus originaux de ces dernières années, tant par leur concept visuel et anonyme que par l'ambiance "pop-gothique" (même s'il est très restrictif de résumer la musique de cette formation ainsi) qui se dégage de leur écriture musicale. Les Suédois, toujours sous l'égide d'un Papa Emeritus (qui serait donc le troisième), nous livrent ici un troisième opus qui dénote une identité réellement aboutie et une qualité générale encore supérieure aux précédents. Tous les titres, au sein d'une homogénéité exemplaire, nous offrent un mélange savamment bien orchestré de nombreux genres musicaux qui permettent à l'auditeur de passer d'un état à un autre sans jamais se lasser. Chaque morceau laisse exploser le côté gothique (voire metal) de la formation, sans jamais délaisser l'aspect prédominant de la mélodie et des sonorités sous-jacentes qui rappellent celles des années 70's / 80's.

Dès le premier titre intitulé "Spirit", les riffs et le refrain accrocheurs sont "maîtres des lieux". Les arrangements sont vraiment bien finalisés, tout comme l'ensemble de la production vocale et des solos de guitare. La section rythmique basse / batterie développe une puissance sourde et parfaitement efficace. Lorsque s'enchaînent les riffs du début du second titre, "From The Pinnacle To The Pit", l'aspect plus sauvage se dévoile, et alors que le refrain s'impose déjà à notre inconscient, nous sommes submergés par l'intuition que l'ensemble des titres de cet album constitue déjà des classiques en puissance. S'ensuit alors le déjà fameux "Cirice", premier single qui avait de suite servi pour la promo de l'album, notamment via YouTube. Inutile de vous préciser que si ce titre a été choisi comme single, c'est que le refrain est, une fois encore, plus qu'accrocheur, et que sa mélodie s'ancrera dans votre esprit plus fermement et rapidement que vous ne pourrez l'imaginer. La brève interlude instrumentale à la cithare ("Spoksonat") introduit parfaitement "He Is". Les harmonies de voix de ce titre sont tout simplement magnifiques et se marient à merveille avec les instruments. "Mummy Dust" marque le retour aux riffs de guitare plus soutenus et à une ambiance plus "noire", aidée notamment par le riff de piano, sombre et intriguant à souhait, simple et répétitif juste comme il se doit. Les 5 minutes 24 de "Majesty", que je vous laisserai découvrir par vous-même, font grandement honneur au titre de ce morceau, le tout relayé par la petite minute d'orgue de "Devil Church", qui annoncera la splendide fin d'un album décidément très réussi. Avec "Absolution" et "Devil In Absentia", ce nouvel opus se conclut en beauté. Le passage final en voix "chorales" de ce dernier titre nous plonge dans une atmosphère à la limite de l'ecclésiastique, magnifique, et absolument captivante à la fois.

C'est donc un nouvel album très réussi que nous présente ici Ghost. Évidemment, si vous n'avez pas du tout accroché à l'univers du groupe depuis ses débuts (au travers des deux précédents opus), ne vous attendez pas à un changement de direction radical. Il s'agit plutôt d'une évolution allant vers encore plus de qualité dans la production et l'affirmation définitive d'une identité qui est vraiment l'une des plus originales qui nous ait été présentée durant ces dernières années. N'hésitez donc pas à vous procurer cet album, qui va sans aucun doute constituer un classique dans un futur proche, et dont les mélodies vous resteront bien en tête. Vous aurez certainement une seule envie à la fin de l'écoute: recommencer. Et bien évidemment, si Ghost se produit près de chez vous, allez profiter de cette formation qui exprime en live la totalité de son potentiel "envoûtant", visuellement comme musicalement.


Radien
Août 2015




"Infestissumam"
Note : 16/20

"Les goules sans nom" - puisque c'est ainsi que sont dénommés leurs musiciens - continuent de nous embarquer au sein de leur univers totalement indescriptible, et pourtant toujours tellement reconnaissable. Perle contemporaine de la musique gothique, pourtant souvent affilié au milieu du doom metal ou même apparenté au hard-rock des années 70, Ghost ne semble pas manquer de ressources, d'inspiration, ni de folie.

Ce nouvel opus mêle habilement mélodies agréables et ambiances "papales" ("Infestissumam", tout comme "Body And Blood" et son staccato introductif en sont un bon exemple). Ghost a définitivement adopté son propre style. C'est un univers au sein duquel il faut se laisser entraîner, et le voyage est plutôt agréable. Des riffs comme celui de "Depth Of Satan's Eyes" allient prog et sonorités dissonantes, et les nappes de synthé s'harmonisent toujours parfaitement avec le grain de voix de "Papa Emeritus II" (dont on ne connaît toujours pas l'identité, bien qu'on suppose qu'il soit ni plus ni moins le même chanteur que le premier…?). Les guitares adoptent également un ton particulier : riffs assez lourds pour rester dans l'univers du metal, et un son assez 70's.

Appréciant particulièrement les groupes qui parviennent à relever le challenge de se créer un réel univers, je ne pourrai ici que mettre en valeur ce côté de l'album qui m'a, je l'avoue, le plus marquée : des ambiances gothiques au teint léger, une patate suffisante pour se produire dans de grands festivals, le pari est réussi : après écoute de leur album et le visionnage d'un live, je me souviendrai inévitablement de Ghost et de leurs sonorités particulières lorsque quelqu'un m'en parlera.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir sur scène, mais le groupe fait partie de ces formations musicales qui prennent généralement toute leur ampleur en live, le mystère identitaire et visuel du groupe rajoutant certainement encore un peu plus de magie au spectacle. Quoi qu'il en soit, tout est en place ici : la machine est bien rodée et cet album laisse présager une belle histoire à écrire pour ces Suédois...


Radien
Septembre 2013


Conclusion
L'interview : Nameless Ghoul

Le site officiel : www.ghost-official.com