La dernière fois, je révisais, non sans un certain entrain, mes classiques de classiques parmi les injures raffinées que propose la langue de Shakespeare. Ainsi, j’ai pu redécouvrir, non sans un certain plaisir, que chez nos amis anglo-saxons "meat-wallet", traduit littéralement par "portefeuille à viande", désignait le sexe d’une femme et par extension une femme trop facile tout court. Le rapport entre tout ceci et "Greetings From Black Mountain" ? Eh bien qu’en son genre ce premier album du General Cluster est un sacré portefeuille à viande qui s’offrira facilement au plus offrant (et même à tout le monde en fait). Rien de péjoratif à cela, puisque cet opus est un vrai régal et mixe autant de sonorités qu’un gang-bang sans capote fort en MST. Plus sérieusement, "Greetings From Black Mountain" est un bien beau cri du cœur et un régal auditif, comme le popotin d’une bimbo défraîchie en somme...

Comme chacun sait, même grâce à Slipknot pour les plus ignares, le général Custer était une espèce de croquemitaine pour les Indiens, une espèce de raseur de sioux, de castreurs d’apaches et d’écarteleurs de peaux-rouges. Dans un monde parallèle, le général Cluster de son côté serait certainement un pantin désarticulé qui se plairait à agiter ses membres pour faire rire quiconque lui filerait une pièce. Quoi qu’il en soit, dans un monde sonore cette fois, General Cluster est un quintette de stoner bien huilé en provenance tout droit de Grenoble et qui exhibe sa recette houblonnée et emplie de fluides corporels depuis désormais dix ans. Et c’est donc après quelques EPs, deux pour être précis, que le General Cluster s’est enfin décidé à passer le cap du premier album et ainsi à gagner quelque peu en galons. Fort d’une mise en bouche plus que réussie par le biais de "No One’s Bitch", la formation fait décidément dans la poésie et le romantisme (d’où le portefeuille à viande du début hein). Quoi qu’il en soit, d’un point de vue instrumental, General Cluster effectue militairement, comme un vrai sudiste quoi, un stoner parsemé de touches southern ou encore de quelques notes perdues de blues. Le tout est donc relativement bien foutu et aussi ficelé qu’un tambourin pendant la Guerre de Sécession ("Voices", "Torment Day", "Five Months"). Mais n’est pas général qui veut, alors autant rappeler aux mioches quelques leçons de vie, genre qu’il n’est pas nécessaire de recouvrir les murs de ses couches ("Shield Wall") mais que le porno c’est l’école de la vie ("Let’s Go Porn"). De son côté, le chant est couillu, en même temps General Cluster c’est de la musique de bonhomme, sinon les cinq gusses se seraient appelé Pocahontas. Bourru, véloce et aussi poilu qu’un vieux bouc odorant, ce premier album de General Cluster est donc une belle réussite qui résonnera comme un coup de canon au milieu du blizzard trônant au dessus de la Black Moutain ("The Rover", "Moutains").

Inutile d’en dire bien plus, le General Cluster passe ici en revue ses armes, les rangs de ses soldats et bazarde, sur le champ de bataille, les sonorités les plus efficaces qu’il connaît. "Greetings From Black Mountain" est donc fortement à recommander à tous les fans du genre. Pas la peine de plus de détails, General Cluster c’est du stoner, du vrai, du alcoolisé, du qui pue le soleil, le cactus et le coyote. Alors sors ta Remington, on a de l’Indien à zigouiller pour s’en faire un pot-au-feu !