Le groupe
Biographie :

Gargoyl est un groupe de grunge progressif américain formé en 2018 et actuellement composé de : Luke Roberts (guitare, chant / Ayahuasca), Dave Davidson (guitare / Revocation), Brett Leier (basse) et James Knoerl (batterie). Gargoyl sort son premier album éponyme en Octobre 2020 chez Season Of Mist.

Discographie :

2020 : "Gargoyl"


La chronique


Formé par Luke Robert d'Ayahuasca et Dave Davidson de Revocation, il est légitime de s'attendre à ce que ce premier Gargoyl soit dans une veine proche de ce que font déjà ces deux hyperactifs. Sauf que non, les deux compères ont décide de se faire plaisir et de surprendre tout le monde avec ce premier album éponyme et le style dont ils se rapprochent le plus est finalement le... grunge !

Oui, c'est surprenant d'entendre encore aujourd'hui un nouveau groupe se rapprocher de ce style qui n'aurait finalement pas duré bien longtemps. Après, n'imaginez pas non plus que Gargoyl se contente de ressortir une vieille formule, cela n'aurait ni sens ni intérêt et les deux membres fondateurs du groupe l'ont bien compris, du coup Gargoyl expérimente pas mal et mélange beaucoup de choses à cette base grunge. Les harmonies vocales de "Truth Of A Tyrant" qui ouvre l'album rappellent d'ailleurs immédiatement Alice In Chains avec un timbre étonnamment proche de celui du regretté Layne Staley. "Plastic Nothing" qui ouvre réellement l'album après cette intro vocale de deux minutes rappelle aussi Alice In Chains musicalement mais montre que Gargoyl ajoute à cette base grunge des influences progressives très marquées. On retrouve des ambiances très sombres voire même à la limite du malsain tout du long et les mélodies sont aussi inquiétantes que poignantes. Le mélange du grunge et du progressif peut sembler contre-nature mais fonctionne admirablement bien sur ce premier album de Gargoyl, qui jouit à la fois de mélodies accrocheuses et d'une profondeur indéniable. Si les structures ont la bougeote, ce premier album met clairement les émotions en avant et se moque d'épater la galerie par de quelconques artifices techniques. En tout cas, cet arsenal d'ambiances sombres et étranges, cette construction tordue et ces influences souvent opposées qui se marient ici permettent de donner naissance à un véritable ovni musical ! Il va être très difficile de classer Gargoyl quelque part et l'ouverture d'esprit est obligatoire pour retrouver son chemin dans ce dédale d'une beauté vénéneuse et inquiétante. Mais ceux qui auront persévéré seront récompensés par un album précieux et unique de membres qui ont décide de mettre leurs tripes sur la table.

"Electrical Sickness" flirte d'ailleurs avec le death technique et nous rappelle les heures de gloire des Cynic et Atheist entre autres avec ce feeling très jazzy. Le groupe ne s'impose aucune limite et si cela ne vire jamais à l'expérimental décousu, je sens tout de même que Gargoyl va laisser du monde à la traîne. Pourtant, au-delà de ces tricotages de riffs et arpèges tordus se cache une beauté froide qui frappe en plein cœur et qui ne laisse aucun doute sur la sincérité de la démarche. De toute façon, je vois mal comment on pourrait en douter vu à quel point cet album ne fait rien pour faciliter les choses à qui que ce soit. Impossible à ranger dans une case, difficile à étiqueter et même assez difficile à approche tant l'ensemble est dense, riche et profond. Mais je le répète, si ce premier album vous paraît hermétique au premier abord n'hésitez pas à lui redonner une chance, il y a là des trésors cachés qui une fois remontés à la surface vous feront dire que cela valait le coup de creuser encore un peu. Et puis ne serait-ce que pour récompenser un groupe qui prend des risques, cela vaut le coup d'essayer, non ? En cette période où la scène est majoritairement engluée dans les mêmes codes, c'est plutôt sain d'entendre des groupes comme Gargoyl qui balancent tout ce qu'ils ont et nous prouvent qu'il est encore possible de faire bouger les lignes. Ce premier album n'est pas qu'un simple hommage ou clin d'oeil à un style disparu mais bien une plongée en eaux troubles et une expérimentation musicale qui permet de créer un monstre qui justifie le nom du groupe et qui va laisser du monde sur le carreau. L'aspect cathartique et introspectif saute aux oreilles et ne fait qu'ajouter encore de la profondeur à un album déjà bien touffu.

Voilà un premier album pas franchement facile d'accès mais qui se révèle poignant, passionnant et surprenant. Gargoyl se fout des barrières et des étiquettes et balance une musique aux frontières de plusieurs styles à priori antinomiques qui trouvent pourtant un moyen de fusionner harmonieusement. Un coup de force et de maître à la fois qui laisse espérer que le groupe sera durable et que d'autres albums du même acabit nous attendent.


Murderworks
Janvier 2021


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/gargoylband