Le groupe
Biographie :

Gaerea est un groupe de black metal portugais formé en 2016. Gaerea sort premier album, "Unsettling Whispers", en Juin 2018 chez Transcending Obscurity Records, suivi de "Limbo" en Juillet 2020 chez Season Of Mist, et de "Mirage" en Septembre 2022.

Discographie :

2016 : "Gaerea" (EP)
2018 : "Unsettling Whispers"
2020 : "Limbo"
2022 : "Mirage"


Les chroniques


"Mirage"
Note : 19,5/20

Gaerea ressort de l’ombre. Deux années après son précédent opus, le mystérieux groupe masqué portugais créé en 2016 annonce la sortie de "Mirage", le troisième album de son black metal cathartique, chez Season of Mist.

L’album débute avec les douces premières notes de "Mirage", suivies de quelques murmures avant que la basse et la batterie ne rejoignent le mélange. Lentement, le groupe nous plonge dans la noirceur avant de soudainement s’enflammer et de révéler toute sa puissance, à base de blasts, de hurlements et de riffs effrénés. Si l’atmosphère s’apaise parfois, elle ne reste pas calme longtemps, faisant appel à la rage brute ainsi qu’à des parties vocales extrêmement expressives tout comme sur "Salve" qui ne nous autorise pas à souffler avant de nous inonder. Les vagues de riffs abrasifs et dissonants semblent ininterrompues, ralentissant à peine pour se montrer plus imposantes avant d’attaquer à nouveau, et même le break plus calme se montre oppressant avant de renouer avec la fureur, puis c’est la lancinante "Deluge" qui prendra le relais pour alimenter cette atmosphère pesante. Les sonorités lourdes rencontrent des mélodies entêtantes, des hurlements viscéraux et des patterns accrocheurs en permanence avant ce final doux et mélodieux qui nous mène lentement à "Arson", une composition qui reprend sensiblement les mêmes tonalités avant de se transformer en un mur de son transcendant. Légèrement plus plaintif et mélancolique que les précédents, ce titre lancinant nous plonge au plus profond du désespoir avant de laisser "Ebb" offrir des sonorités plus old school.

Le morceau est également plus court, laissant le groupe se déchaîner tout en conservant cette approche mélodieuse et planante qui constitue la base de son univers, tout comme sur "Mirage" qui propose des tonalités plus douces mais toujours intenses et brutes. On notera cette accélération avant un break abrupt, qui dévoile un interlude mélodieux avant que la rythmique ne s’enflamme de plus belle avant que "Mantle" ne prenne la suite, dévoilant une agressivité sous-jacente qui explosera rapidement, prenant la forme d’une vague sonore aussi sombre que tranchante, qui ne nous laisse respirer que pour nous étouffer à nouveau quelques secondes après. "Laude" prend également ses racines dans la fureur brute, dévoilant des mélodies entêtantes pendant que les hurlements massifs sévissent en rythmant la composition transcendante qui prendra fin après une dernière explosion viscérale et sincère de désespoir. Mais le groupe nous réserve une dernière surprise, un titre bonus du nom de "Dormant" qui viendra refermer l’album avec des sonorités majestueuses qui offrent toujours une place à ces riffs perçants et à ces hurlements pesants.

J’avais sincèrement adoré le précédent album de Gaerea. Mais avec "Mirage", le groupe a franchi un nouveau cap, que ce soit en termes de rage, de haine ou de pureté, propulsant l’album à un niveau incroyablement viscéral et vrai. Un coup de maître.


Matthieu
Octobre 2022




"Limbo"
Note : 17/20

La formation de black metal portugaise Gaerea revient cet été avec un nouveau LP. Deux ans après son excellent album "Unsettling Wispers", le groupe revient avec "Limbo", un album d’un peu moins une heure qui va nous amener dans les tréfonds du nihilisme et de la misanthropie à travers un black metal sombre et torturé, qui n’est pourtant pas dénué de toute essence.

En effet, les musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai et savent définitivement instaurer plusieurs ambiances qu’ils maîtrisent à merveille, on passera donc dans l’album d’un grand désespoir avec un chant désespéré et écorché, à des ambiances plus pesantes et sombres, qui tendent presque parfois vers le blackened death, avec un chant plus lourd et agressif qui tend plus vers le guttural. Ce mélange d’ambiances est particulièrement identifiable dans le morceau "Glare" qui alterne entre les deux dans un parfait dosage. Certains morceaux, en revanche, ont une structure plus mélodique avec des riffs de guitares plus identifiables notamment à l’aide de trémolos dans les aigus plus mémorables que certains accords graves qui servent plus pour la rythmique. Ces morceaux sont bien souvent accompagnés d’un chant plus grave (pas au sens fréquentiel du terme cette fois) et désespéré, qui arrive à transmettre une réelle noirceur, comme un vide au sein d’un morceau pourtant très complet. On retrouve ce genre de structure dans les morceaux "Null" et "To Ain" par exemple. En résulte un album très diversifié bien qu’il tourne toujours autour du même thème et qui arrive à poser différentes ambiances souvent très cohérentes avec le chant et les tonalités des instruments qui accompagnent.

Malgré une approche très sombre et nihiliste à travers des sonorités plutôt sombres et pesantes, il arrive tout de même de trouver des sonorités plus aériennes, plus lumineuses, cependant accompagnées par un chant qui, bien que plus léger que dans la majeure partie de l’album, reste dans un ton de désespoir, c’est plus particulièrement identifiable dans la fin de l’album, notamment sur le riff de fin de "Urge" qui trouverait parfaitement sa place dans un album de post-black ou de black atmosphérique. Une attention toute particulière est portée à la production de la batterie dans cet album, très présente au long de tous les morceaux, cette dernière est souvent très mise en avant dans certains morceaux comme "Null" ou "Mare", apportant réellement un plus aux ambiances sombres et pesantes que l’on retrouve tout du long de l’album mais sublimant également les parties plus death avec un blast efficace, et les parties plus atmosphériques en accompagnant à merveille les riffs plus clairs.

Certaines parties plus instrumentales ne sont pas sans rappeler les sonorité de la scène est-européenne en termes de black metal avec certains riffs que l’ont pourrait croire tout droit sortis d’un album de Mgla, cependant loin d’en être une mauvaise copie, ces riffs se trouvent plus étoffés par les autres instruments que chez la formation polonaise, on y trouve ainsi une dimension supplémentaire qui vient apporter une réelle identité à ces sonorités que l’on a pourtant déjà entendues chez beaucoup d’autre groupes. De plus, l’ambiance plus death qui peut parfois les accompagner vient également mettre une distanciation et ajouter quelque chose en plus, une touche d’originalité qui est plus que bienvenue dans une scène qui peine parfois à se renouveler.

La formation portugaise réussit donc un nouveau coup d’éclat en délivrant un album qui propose plusieurs ambiances et qui possède une identité qui lui est propre. Loin de copier des sonorités pourtant déjà vues et revues dans la scène black metal, le groupe sait les sublimer et les diversifier pour proposer un contenu original qui n’en devient pas lassant, même au sein de morceaux longs excédant les dix minutes pour certains. Cette franche réussite ne fait donc que confirmer que Gaerea a encore de belles choses à offrir à la scène black metal d’un pays dans lequel on connaît assez peu de groupe du genre dans la scène internationale.


Praseodymium
Août 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/gaerea