"From the East coast, to the West coast", ou le terrible dilemme qui hante tout fan de hardcore américain qui se respecte. Même s'il est clair que le NYHC domine largement la discipline, la Californie réussit parfois à nous surprendre avec de super groupes qui n'ont rien à envier à leurs camarades situés à l'Est. Après le cultissime Terror, voici un petit nouveau qui débarque là avec son premier véritable album : Forced Order. Malgré une pochette atrocement moche, ce "Vanished Crusade" a été produit par Taylor Young (Nails, Xibalba, Twitching Tongues etc...), qui a l'habitude de mettre en avant d'excellents groupes issus de cette région des États-Unis. Cette jeune formation est pourtant composée de talents expérimentés, puisque l'on a d'anciens membres de Twitching tongues, Disgrace, Soul Search et Harness. Autrement dit, du lourd.

Sinon, dans les oreilles, le résultat est tout simplement super. Pas la moindre dérive sombre, death, thrash ou je ne sais quoi d'autre. Ici on a vraiment du pur hardcore à l'américaine, dans un style très années 90, faisant penser à de nombreux excellents groupes d'hier ou d'aujourd'hui, de No Turning Back à H2O, en passant par All Out War, Integrity, Ringworm ou encore In Cold Blood. Mais ce n'est pas tout, puisque cet album est tellement bon, tellement bien foutu, tellement abouti, qu'on pourrait presque dire qu'il servira d'influence à des groupes de chez nous, comme Rise Of The Northstar par exemple (grosse ressemblance au niveau de la voix, très tranchante, pleine de hargne). Au-delà d'un simple album à écouter en boucle, c'est vraiment le genre de production qui donne envie de se mettre sur la gueule dans un pit de barbares, jusqu'à ce que nuque brisée s'en suive.

Un petit bémol vient toutefois porter sa petite ombre au tableau : la durée ! Certes, 14 pistes, c'est pas mal, mais dans la mesure où elles dépassent rarement les deux minutes et qu'en plus de ça, l'outro est une véritable insulte à la musique, le bilan s'avère un peu light. De même, le morceau "Ischys" vient totalement casser le rythme, alors qu'on était à la limite de l'orgasme auditif précédemment, tout s'effondre avec ce que je n'aurais même pas osé mettre en intro...

Alors, spectacle gâché ? Non, pas du tout. Cet agréable petit bijou californien risque bien de venir apporter une pierre non négligeable au charmant édifice que constitue le hardcore américain. Avec ses riffs surpuissants, cette voix torturée et ses violents coups de baguettes, nul doute que Forced Order démontre que même en 2015, le hardcore n'est pas mort, et a sûrement de belles années devant lui.