Le groupe
Biographie :

Folterkammer est un groupe de black / opera metal symphonic américain actuellement composé de : Darren Hanson (guitare), Brendan McGowan (batterie / Coffin Sore, Godless Tyrant, Papacy), Zachary Ezrin (guitare / Imperial Triumphant), Andromeda Anarchia (chant / Andromeda Anarchia) et Laurent David (basse). Folterkammer sort son premier album, "Die Lederpredigt", en Décembre 2020 chez Gilead Media, suivi de "Weibermacht" en Avril 2024 chez Century Media.

Discographie :

2020 : "Die Lederpredigt"
2024 : "Weibermacht"


Les chroniques


"Weibermacht"
Note : 15/20

Après un premier album barré et prometteur en 2020, les fous furieux de Folterkammer reviennent avec leur deuxième méfait "Weibermacht". Le groupe poursuit dans son black metal opératique et symphonique comme il le décrit lui même, toujours à cheval entre la folie furieuse et une beauté toute baroque.

"Anno Domina" en remet d'ailleurs une bonne couche d'entrée de jeu avec ce chant opératique totalement possédé qui nous change agréablement des chanteuse lyriques habituelles par sa folie. Le reste est à l'avenant avec une certaine mélancolie dans les mélodies, des blasts rageurs en appui et un côté dramatique très marqué qui donne une puissance certaine aux ambiances. Une fois de plus, Folterkammer annonce très vite son envie de ne pas faire comme les autres et pose son univers. Comme pour le premier album, cela ne plaira pas à tout le monde, Folterkammer s'inspire certes du black metal, et cela s'entend fortement sur "Leck Mich !" par exemple, mais il le fait à sa sauce et se contrefout des barrières ou des codes inhérents au genre. Pourtant, ce morceau aussi fou qu'il est a presque quelque chose d'accrocheur, des passages mid-tempo qui posent un certain groove, des mélodies qui font passer pas mal d'émotions, bref Folterkammer sait contenir sa folie par moments. La musique du groupe est certes originale et dans une certaine mesure expérimentale, mais on ne sombre jamais dans l'hermétisme musical et ce "Weibermacht" va certes demander de l'attention mais ne devrait pas laisser tout le monde sur le bord de la route. Pourtant, les morceaux sont assez longs une fois de plus avec une durée qui s'aventure souvent vers les six ou sept minutes, mais là où certains en profitent pour faire des morceaux à tiroirs difficiles à suivre, Folterkammer s'en sert simplement pour appuyer les ambiances. Et vous vous doutez bien qu'il est une fois de plus difficile de rapprocher la musique du groupe de celles pratiquée par d'autres, ce qui est toujours une bonne chose.

"Algolagna" a un démarrage presque doom avec cette basse qui mène la danse avant de partir sur quelque chose d'à la fois plus orienté black metal dans les riffs mais aussi bien plus fou avec une Andromeda Anarchia qui se lâche bien au micro. Son chant fait toujours des étincelles et passe toujours avec une facilité déconcertante du lyrique aux hurlements hystériques en passant un chant plus typiquement black. Bref, la palette vocale est large et on a là une chanteuse qui se démarque aisément de ses collègues par ses lignes de chant totalement folles et son imprévisibilité. Impossible de savoir sur quoi elle va partir quand elle démarre une ligne de chant, ça peut commencer en lyrique et partir totalement en vrille en plein milieu d'une phrase, ce qui est aussi impressionnant qu'efficace. Le reste du groupe n'a pas à rougir et on sent que les morceaux de "Weibermacht" sont réfléchis et finement construits malgré le premier contact qui laisse toujours une impression de chaos. Une impression plus prégnante encore sur "Das Peitschengedicht" qui part dans tous les sens et multiplie les ruptures de ton, ce qui en fait probablement le morceau le plus complexe de ce deuxième album. La production, quant à elle, est plutôt bien adaptée avec un son assez sec mais suffisamment puissant et un mix qui nous laisse facilement entendre la basse, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Notons aussi que le groupe se fend en fin d'album d'une reprise du fameux "Venus In Furs" du Velvet Underground, un morceau que Folterkammer se réapproprie totalement pour en faire quelque chose de bien différent de la version d'origine.

"Weibermacht" continue donc d'imposer l'univers de Folterkammer avec une musique teintée de black metal et d'ambiances baroques en plus d'une folie certes contrôlée mais bien présente. Expérimental et original sans être hermétique, ce nouvel album va demander de l'attention mais amène suffisamment d'accroche et d'émotions pour que l'écoute ne vire pas au parcours du combattant. Voilà un groupe qui arrive à proposer quelque chose de particulier et de personnel sans avoir recours à un aucun gimmick, c'est plutôt une bonne raison d'aller y jeter une oreille, non ?


Murderworks
Juillet 2024




"Die Lederpredigt"
Note : 15/20

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, Folterkammer est bien un groupe américain fondé par Andromeda Anarchia que l'on peut entendre en solo sous son nom et que vous avez probablement déjà entendu en guest chez Imperial Triumphant dont je vous ai parlé il y a peu. On trouve d'ailleurs dans ce groupe Zachary Ezrin qui est membre de... Imperial triumphant le monde est petit. Tout ce beau monde nous livre son premier album, "Die Lederpredigt", et promet d'en surprendre quelques uns.

Mais alors Folterkammer quoi qu'est-ce ? Le groupe pratique un black metal qu'il décrit comme opératique et symphonique et "Die Nänie" nous accueille avec un orgue et le chant inquiétant d'Andromeda Anarchia et installe d'entrée de jeu une atmopshère à la fois dramatique, inquiétante et fantomatique. Le côté black metal ne tarde pas à se faire entendre et si les claviers se font toujours entendre discrètement en fond, le rythme s'emballe avec des blasts à l'ancienne et des mélodies qui restent mélancoliques et hantées. Sans verser dans l'avant-gardisme ou l'expérimental à tout-va, Folterkammer affiche clairement une personnalité forte dès ce premier morceau et se démarque totalement du reste de la scène. Son aspect black metal ne verse pas dans la violence à outrance et si les blasts se font entendre, ils ne partent jamais à des vitesses monstrueuses et restent dans l'esprit du black originel avec un côté assez primitif et sauvage. Le chant se fait effectivement opératique par moments mais n'hésite pas à péter les plombs et à virer aux hurlements sans prévénir. Pour autant, ce chant reste majoritairement clair et crée un contraste intéressant avec les influences black metal et ces ambiances aussi menaçantes qu'inquiétantes. Andromeda Anarchia sonnerait presque comme une sorcière hystérique dans ses moments les plus hantés et énervés, renforçant encore ces ambiances pas franchement rassurantes. Son univers est en tout cas bien marqué et pour un premier album, "Die Lederpredigt" pose des bases solides et montre une personnalité déjà bien affirmée. La plupart des morceaux tournent autour des cinq ou six minutes et le groupe prend le temps de développer ses ambiances qui sont les piliers sur lesquels repose "Die Lederpredigt".

Les sonorités opératiques ne sont pas là pour calmer le jeu et rendre le tout plus mélodique contrairement à la plupart des groupes de black qui les utilisent. Ici, elles appuient au contraire le côté dramatique et donnent une ambiance malsaine et dérangeante à "Die Lederpredigt". Les lignes de chant et les mélodies donnent tout de même un côté presque accrocheur à l'ensemble, ce qui rend ce premier album d'autant plus perturbant. On est tiraillé entre les mélodies qui amènent une certaine beauté et la folie qui se dégage du reste, un tiraillement que l'on entend aussi dans le chant qui, comme je le disais plus haut, passe des hurlements à l'opératique en un claquement de doigts. Impossible de pointer un groupe ou une influence en particulier tant Folterkammer crée son monde ! Son sens du dramatique et une certaine théâtralité lui permettent de se démarquer de la scène et de proposer une musique extrême dans tous les sens du terme malgré ces mélodies qui lui donnent un air faussement accessible. Les puristes de tous poils hurleront sans doute au blasphème et fuiront ce premier album à toutes jambes et je suis certain que c'était l'effet recherché. D'ailleurs, des puristes du black metal qui hurlent au blasphème c'est plutôt drôle, non ? Si vous recherchez la violence et la haine qui transpire du black metal de base, vous n'êtes pas au bon endroit, Folterkammer distille plutôt la folie et une personnalité torturée. "Das Zeugnis" qui ferme l'album prend d'ailleurs des airs de requiem avec ses choeurs en arrière-plan soutenant un rythme pesant et des mélodies oppressantes. Une fin parfaite pour un album qui nous aura bousculé dans tous les sens pendant trente-neuf minutes qui se révèlent éprouvantes tant l'ensemble est aussi dingue que malsain.

"Die Lederpredigt" est un album pour le moins singulier qui ne plaira pas à tout le monde et qui a le mérite d'avoir une personnalité bien trempée. Il est fortement conseillée d'avoir l'esprit ouvert car même si des influences black metal se font entendre, Folterkammer s'éloigne des codes du genre et brise les barrières pour proposer quelque chose de bien plus théâtral et dramatique avec une folie qui suinte par tous les pores..


Murderworks
Mars 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/folterkammer.music