Le groupe
Biographie :

Fleshdoll voit le jour en 2001 dans ce creuset du rock'n'roll qu'est Toulouse, avec pour objectif de donner vie à un death metal à la fois percutant et accrocheur. Trois ans de composition et de répétitions, et le groupe entreprend la réalisation de son premier album au sein du studio Winterized (Hantaoma, Stille Volk, Fornication, etc). Le résultat : "[w.o.a.r.g]", qui, comme le laisse présager son nom, délivre huit titres d'un death metal furieux et dévastateur. L'album est proposé au public via le label Thundering Records / Manitou Music (E-Force, Evil One, etc) en Juin 2006. Après un remaniement de line-up en 2007, le groupe se consacre à la préparation et à l'enregistrement de son deuxième album, plus ambitieux et à la personnalité plus affirmée ; après bien des péripéties, "Animal Factory" sort à la fin de l'année 2010 chez Pervade Productions. Il reçoit un accueil tout aussi favorable que le premier opus du groupe, et est défendu sur scène aux côtés de pointures telles Malevolent Creation ou Loudblast. Le groupe se sépare de son batteur et prend congé de son label en 2011… pour repartir plus fort encore. Fleshdoll enregistre son troisième album sous la houlette de Mobo - Conkrete Studio (Minushuman, Otargos, …) - au printemps 2012, avec Sam Santiago (Gorod) au poste de frappeur. Extrêmement fier de cette réalisation, le groupe enchaine les tournées en compagnie de pointures comme Vomitory, Beyond Creation, au Japon (Tokyo, Sendai, Osaka, Shizuoka, Fukouka, Hiroshima), Ressurection et Cremation en Europe (Berlin, Hambourg, Möst, Deinze, Amsterdam, Weissenfels, Chemnitz, Katowice, Poznan, Aalen, Munich) et bien sûr des dates françaises avec notamment Loudblast et Benighted à Paris, Nantes et Toulouse. Le quatrième album, "Blood Red District", sort en Juin 2015 chez Great Dane Records, suivi de "Hearts Of Darkness" en Mars 2017.

Discographie :

2004 : Démo
2005 : "[w.o.a.r.g]"
2010 : "Animal Factory"
2013 : "Feeding The Pigs"
2015 : "Blood Red District"
2017 : "Hearts Of Darkness"


Les chroniques


"Hearts Of Darkness"
Note : 16/20

Planquez vos femmes et vos filles, les furieux de Fleshdoll sont de retour et ne sont décidément pas contents du tout ! "Hearts Of Darkness", c'est le nom du petit nouveau, est bien décidé à vous ramoner une fois de plus les cages à miel sans pitié.

D'ailleurs j'ai l'impression que ce nouvel album bourre encore plus que "Blood Red District" qui ne faisait pourtant pas dans la dentelle ! On retrouve sur "Hearts Of Darkness" une certaine urgence, une rage encore plus présente et plus expressive que sur les précédents albums du groupe. "Silent Faces Of Stone" nous accueille de façon bien virulente entre les tapis de double, les blasts et les riffs assassins. Pas d'inquiétude, le groove typique de Fleshdoll n'a pas disparu, il est bien là et les passages lourds prennent toujours un malin plaisir à nous rouler dessus sans ménagement. À ce titre, le son est maousse costaud avec une fois de plus une basse bien présente, le tout pour une production massive, puissante et claire. Pour faire simple et même si l'on sent peut être une approche un peu plus directe, Fleshdoll n'a pas changé son fusil d'épaule. On retrouve le groove, la brutalité, des passages plus techniques, un zeste de mélodie, bref tout ce qui fait la patte Fleshdoll et qui à chaque album nous met une bonne série de patates dans la bouche. "Tanka" fait d'ailleurs partie de ces morceaux plus mélodiques qui ne calment pas vraiment le jeu pour autant puisque non dénués de blasts ou de riffs rouleau compresseur. Encore une fois, ça va être une sacrée boucherie sur scène ce truc ! Petit cadeau en passant, Fleshdoll a fait une reprise du "Into The Pit" de Testament histoire de changer du ramonage de cages à miel en proposant du... ben du ramonage de cages à miel.

Une fois de plus, Fleshdoll montre son talent pour proposer un death metal qui défonce sans blaster à outrance. Les structures bougent, la technicité est présente, le rythme passe d'un tempo écrasant à des accélérations brutales, les soli de guitares sont excellents comme d'habitude et le groove finira d'achever les plus réticents. "Hearts Of Darkness" n'a aucune chance de décevoir ceux qui ont apprécié les précédents albums, la patte Fleshdoll est toujours là. La volonté de se foutre des barrières est toujours présente aussi d'ailleurs, en témoigne par exemple "Octantis" qui coupe l'album avec une ambiance bien plus sombre voire mélancolique en proposant un interlude instrumental très aérien. Comme je le disais, on y trouve une violence un peu plus exacerbée, une rage moins contenue, des ambiances un peu plus pesantes. Tout ce qu'il faut donc pour faire honneur à son titre et offrir de nombreuses occasions de se déplacer quelques vertèbres. Le groove de ce groupe est tellement assassin que leurs albums devraient être sponsorisés par des kinés et des ostéopathes ! On ne trouve certes pas de grosses surprises sur ce nouvel album mais ce n'est pas le propos du groupe et sa musique est suffisamment variée de base pour que l'on ait de quoi se mettre sous la dent. Fleshdoll évolue tranquillement et trouve le moyen de ne jamais se répéter, ce qui fait de "Hearts Of Darkness" bien plus qu'un album supplémentaire dans sa discographie.

"Hearts Of Darkness" est donc un album de Fleshdoll dans la plus pure tradition, avec peut-être une violence un peu plus prononcée cette fois. Aucune raison de ne pas se laisser tenter, tout ce qui fait la patte du groupe est toujours là et croyez-moi, les bougres sont en forme !


Murderworks
Septembre 2017




"Blood Red District"
Note : 15/20

Dix années depuis "[ W.O.A.R.G.]" et Fleshdoll nous amène déjà son quatrième album, on ne peut pas dire que le groupe chôme ! "Blood Red District", c'est son petit nom, ne va pas dépayser ceux qui connaissent déjà bien le groupe mais confirme une fois de plus que ces petits gars savent y faire en matière de death qui swingue.

Dès l'entame de "2084", on retrouve ses marques, un tempo lourd, un riff écrasant et une basse qui claque bien comme il faut, une bonne petite intro qui laisse vite la place à "I.A.M. (In Articulo Mortis)" qui confirme que Fleshdoll n'a pas changé son fusil d'épaule. Le groupe nous livre toujours un death à la fois technique, brutal, lourd et surtout groovy. Voilà d'ailleurs un des traits de caractère qui distingue Fleshdoll de la masse des groupes qui font du death brutal, le groove et la lourdeur se taillent la part du lion. Les blasts et les parties techniques ne sont pas en reste mais ce death metal-là ne se contente pas de mouliner bêtement à plein régime. Un passage brutal l'est d'autant plus s'il est précédé d'un autre bien plus lourd et écrasant, et ça Fleshdoll le met en pratique avec brio. Les morceaux vivent, les structures sont complexes et changeantes sans jamais verser dans la démonstration stérile. Et malgré le niveau technique général élevé, il n'en reste pas moins que ce "Blood Red District", tout comme ses prédécesseurs, recherche avant tout l'efficacité, la science du headbanging. D'ailleurs, la durée de l'album reste dans les standards du groupe avec ses 41 minutes, pas le temps de tourner autour du pot, et de toute façon Fleshdoll préfère mettre un coup de latte dedans. Ce nouvel album est une fois de plus la preuve que la brutalité ne passe pas forcément par des blasts à outrance, car même si ceux-ci sont bel et bien présents, c'est surtout l'osmose entre les riffs écrasants, les parties techniques, la puissance du son, et les blasts donc qui donne à la musique de Fleshdoll son caractère destructeur.

Pour ce qui est de la production justement, j'ai presque envie de dire qu'elle est parfaite. Un son organique, puissant, assez clair pour laisser de la place à tout le monde mais assez crado pour coller au style pratiqué, bref c'est du tout bon. Style relativement varié puisque que plusieurs arpèges acoustiques se permettent de pointer le bout de leur nez de temps en temps, souvent en fin de morceau. On est même gratifiés de pas mal de soli de guitares, là encore techniques mais blindés de feeling et toujours pertinents. C'est ça qui est impressionnant chez Fleshdoll, d'un côté les morceaux ne se retiennent pas facilement et sont plutôt complexes mais d'un autre côté le groupe balance ce qu'il faut de groove et a assez de punch pour qu'ils fassent mouche tout de suite. En tout cas, même si je n'ai pas encore eu l'occasion de les voir en live, je ne doute pas une seule seconde de l'efficacité de la chose sur scène. D'autant que le groupe n'oublie pas d'ajouter à son death de brute un soupçon de mélodie quand c'est nécessaire, ça permet de respirer un peu et ça évite de tomber dans une bouillie technico-brutale.

Voilà donc un quatrième album qui ne révolutionnera certes pas le death metal mais qui prouve une fois de plus que Fleshdoll a sa patte et une certaine notion de l'efficacité. Un album varié, technique, brutal et efficace qui devrait faire un bon gros carnage en live.


Murderworks
Août 2015




"Feeding The Pigs"
Note : 17/20

Alors que tout le monde veut savoir qui est le meilleur groupe de l'année 2013, sachant que j'ai ma petite idée là-dessus depuis un bon moment, Fleshdoll revient avec son troisième album. Les Toulousains resserrent l'étau et se radinent tranquillement trois ans après l'excellent "Animal Factory". Un album qui avait confirmé le très bon rapport que peuvent avoir les Fleshdoll avec la musique death metal, un album qui avait montré que le groupe pouvait faire de grandes choses. Et ces grandes choses sont confirmées avec l'arrivée en fanfare de "Feeding The Pigs". On l'attendait..., impatiemment, peut-être pas, mais on l'attendait ça c'est sûr. L'un des facteurs de cette attente était la présence et finalement l'arrivée sans doute définitive de Samuel Santiago (ex-Gorod), qui manie les baguettes comme le Cthulhu de la batterie.

En effet après un petit changement l'ex-Gorod se retrouve à jouer chez Fleshdoll, ce qui au final le rapproche sans doute de chez lui. Bref, le changement est plutôt conséquent chez Fleshdoll parce que leur death metal s'est accéléré, s'est intensifié et complexifié pour s'approcher d'un death metal plus technique certes (même si "Animal Factory" avait déjà amorcé le virage) mais avec un visuel quant à lui nettement plus grind.

Plus grind parce que le coup des têtes de cochon rappelle forcément Unsu et cet artwork de Mat-Digital Art rappelle, quant à lui, le coup de crayon de pochettes à la Agoraphobic Nosebleed (album "Altered State Of America"). Artwork qui laisse perplexe à propos de l'idée maîtresse qu'on peut en conclure sur le fait de donner de la pâtée aux cochons, au vu de la tenue de celui qui porte le masque de cochon. Il y aurait-il un message derrière tout ceci... Mais dans l'absolu cela ne va pas vraiment au-delà de cette pseudo comparaison de comptoir pour ce qui est du grindcore. Non, Fleshdoll développe son propre style de death metal et il le fait avec une certaine prestance, ce qui sans nul doute ravira ceux qui suivent le groupe depuis le début, et qui enchantera les nouveaux venus qui tomberont immédiatement sous le charme de ce nouvel album.

Fleshdoll a fait un tantinet plus long de quelques secondes pour cet album par rapport à son prédécesseur ; ce qui montre qu'il n'est point besoin de traîner en longueur par des passages superfétatoires pour réaliser un bon album puisque celui-ci dépasse à peine les trente-huit minutes. Un album produit par El Mobo (eh oui encore lui) au Conkrete Studio. Cette comparaison grind du début pourrait s'adapter malgré tout au premier titre "Feeding The Pigs" où l'on reconnaît la patte atypique du sieur Santiago comme elle était sur Gorod, ce qui même sur les guitares, bizarrement donne un effet "Gorod-like" sur cette compo-là et uniquement sur celle-ci. C'est vraiment étrange... Mais ce petit effet grind se retrouve aussi parfois sur le son des guitares qui nous interpelle depuis le début jusqu'au septième morceau "The Shadow Of A Man", un titre beaucoup plus "punk-crust" qui donne vraiment l'opportunité à ce son de guitare très particulier de se tirer la couverture sur des rythmiques plus simples et plus morbides. Un titre qui nous fait traverser les époques en nous déposant dans la période sonore des guitares à la Terrorizer venu au contact d'une atmosphère très indus à la Pitch Shifter / Dead World, notamment sur la fin du morceau. Une boucherie...

En tous les cas, Fleshdoll a su affiner son death metal encore plus qu'il n'était sur "Animal Factory", avec des guitares vraiment contrôlées dans leur difficulté puisque on se retrouve éjecté d'une piste à l'autre, expulsé par des riffs intenses qui mettent réellement en avant une manière de jouer vraiment experte. Cependant, ils n'en n'ont pas oublié de conserver une base plus brute, celle du death metal, pour ne pas que ça parte dans de la dentelle technique à tout va, même si on flirte avec la limite sur des morceaux comme "Collateral Murder". Mais ce qui sauve les compos d'un plongeon dans le "tout démonstratif, je t'en mets plein la vue par ma technique", c'est qu'ils ont su rester très lourds et pesants sur quelques passages. Sur "Collateral..." notamment, mais également sur des titres tels que "The Wolf" (où on a un long passage tribal juste avant un solo meurtrier) ou encore "The Hollow Men" qui nous emmène sur le terrain boueux de l'ambiance instrumentale malsaine ralentie par des guitares hypnotiques et une batterie réglée au millimètre qui profite du morceau d'ailleurs pour se faire passer pour l'instrument le plus important. Un véritable régal de death metal guidé par la technique et des saveurs old school, entre death et parfois grind, pas dans le sens rapide et brutal mais dans le sens plus punk-crust, avec un chanteur hors pair en la personne de Bastich. Pourtant lorsqu'on écoute certains thèmes comme "Ecstatic Random Carnage", c'est du death pur, avec une basse qui se veut un peu modern jazz pour la chanson, où le fantôme de Sadist à la sauce Fleshdoll vient ombrager l'esprit du titre. Chanson d'ailleurs enrichie par tellement de passages où suspense, brutalité et encore violence contrôlée vont de pair pour construire un chef d'oeuvre d'ingéniosité. Toujours plus forts, toujours plus efficaces, Fleshdoll ont écrit ici un troisième album réellement palpitant, qui intéresse l'auditeur jusqu'à la fin des trente huit minutes ("North Sentinel Island" apportant sa part de mélancolie sur la fin), le meilleur album de leur trilogie actuelle, et sans doute celui qui leur ouvrira les grandes portes de la scène internationale. Ce qui a déjà commencé puisqu'ils sont allés faire un tour du côté du Pays du Soleil levant et on se doute grâce à qui Fleshdoll a su également mettre les petits plats dans les grands avec un digipack qui met en valeur cet opus d'une manière efficiente et une sortie vinyle limitée magnifique qui donne envie aux collectionneurs de mettre encore une fois la main au porte-monnaie pour s'offrir ou bien offrir un somptueux cadeau de fin d'année.

Alors oui, disons-le, "Feeding The Pigs" est un des albums indispensables de l'année 2013 dans la famille death metal, de la technique, de la fraîcheur, du old school, et de l'inspiration surtout. Lâche celui que t'as dans la main et prend plutôt celui-ci...


Arch Gros Barbare
Janvier 2014




"[w.o.a.r.g]"
Note : 18/20

Peu de groupes évoluant dans la scène death peuvent se venter d'avoir créé une atmosphère propre. C'est pourtant le cas des Toulousains de Fleshdoll qui dispersent depuis quelques temps déjà un death-metal lourd et puissant, entre Gojira et Aborted. Le ton est très vite donné dés les premières notes de "[w.o.a.r.g]", album au titre énigmatique : C'est du bourrin ! La batterie martèle à la manière d'un Dirk Verbeuren sur l'"Haematobic EP" d'Aborted, les guitares ont un son grave et puissant, à peine un peu crade pour renforcer le punch de la galette. On distingue même la basse au milieu de ce joyeux bazar aux rythmes variés. Chaque titre est savamment élaboré et comporte plusieurs phases allant du death le plus mastocq aux riffs plus subtils et cadencés, pour revenir la plupart du temps vers ce qu'on aime avant tout : du death pur et dur. Le chant tient une place prépondérante et est à la hauteur du combo : gras, grave, grunts, stretch, flunch, crunch, tout ce que vous voudrez. En ce qui concerne les titres en eux-mêmes; les intitulés sont comme le titre de l'album : bizarres. "Birth Of The Bastich", "Blessed Be The Woarg", "For Mulas", et j'en passe. Pourtant aucun ne sonne bizarre. L'ensemble est homogène, et même l'interlude musical en milieu de course se fond dans la masse, parmi des titres purement death comme "For Mulas" ou "Moshpit Crescendo". Et on a droit à tout ce qu'on aime. Des morceaux dont la puissance vient nous scotcher progressivement, d'autres avec une intro saccageuse et "Moshpit Crescendo" ralentit même le rythme juste le temps qu'il faut avec une douce mélodie avant de nous ré-entraîner dans un furieux tourbillon. Et maintenant, si vous aussi vous avez la chance de découvrir cet album et ce groupe qui méritent la place de référence de la scène extrême française, vous vous surprendrez, je vous le garantis, à en chantonner les riffs. C'est pour dire si c'est du bon !


La Patte de l'Ours
Octobre 2006


Conclusion
A écouter : Birth Of The Bastich (2005)

L'interview : Bastich

Le site officiel : www.facebook.com/fleshdolldeathmetal