"The Nothing That Is"
Note : 19/20
Et de sept pour Fit For An Autopsy ! Avec "The Nothing That Is", Will Putney (guitare), Pat
Sheridan (guitare), Josean Orta (batterie), Tim Howley (guitare), Joe Badolato (chant) et
Peter "Blue" Spinazola (basse) continuent leur partenariat avec Nuclear Blast pour la
sortie de leur nouvel album.
Il ne se passe pas deux secondes avant qu’"Hostage" ne nous écrase d’un seul coup, mêlant
une lourdeur infernale avec les cris du vocalistes, remplacés et mêlés à une voix claire
aérienne sur les refrains, mais également avec la touche hypnotique des leads. La
rythmique explose pour laisser le solo déferler, mais les mosh parts suivent et le son ne
s’adoucit qu’à la toute fin, nous menant à "Spoils Of The Horde" et son approche saccadée
furieuse. Les touches techniques dissonantes donnent au morceau une personnalité plus
complexe qui se transforme parfois même en groove entêtant avant de céder sa place à
"Savior Of None - Ashes Of All" qui renoue avec l’agressivité pure, conservant son mix épais
et moderne. Blast et patterns effrénés font sans surprise un excellent ménage, mais le
morceau sait redevenir parfois plus aérien, créant un contraste accrocheur entre les deux
univers, renforçant l’un comme l’autre comme sur le break pachydermique auquel succèdera
"Weaker Wolves". Si les premiers instants du morceau sont accrocheurs, on sent que le
groupe reste assez calme, temporisant pour des parties un peu plus véloces avant de nous
laisser véritablement respirer avec les notes aériennes de "Red Horizon", rapidement
annihilées par un son étouffant qui ne manquera pas de faire remuer les foules.
Le son
devient plus majestueux lors des parties où le chant clair et les orchestrations interviennent,
mais c’est clairement dans la rage que le morceau s’illustre le mieux, tout comme "The
Nothing That Is" qui propose également quelques ajouts plus inquiétants pour compléter la
puissance brute des musiciens. Le groupe n’oublie pas de jouer avec ses palm mutes
sous-accordés avant de laisser "Lurch" nous envoûter lentement grâce à des sonorités
douces pour créer la surprise avec le retour des riffs efficaces et des harmoniques
brumeuses qui rejoignent la sombre introduction de "Lower Purpose". Une fois celle-ci
terminée, la rythmique s’embrase à nouveau et nous matraque consciencieusement pour
finalement reprendre un tempo plus élevé avec "Lust For The Severed Head" où on retrouve
les patterns féroces et saccadés tout en proposant une certaine sauvagerie dans les parties
vocales. Le groupe revient à ses touches prog avec la longue "The Silver Sun", la dernière
composition, qui propose d’abord une approche très mélodieuse mais la rythmique explosive
n’est jamais loin, et elle s’imposera à nouveau sans mal dans cette complexité musicale
sans renier la douceur initiale, qui refermera l’album.
Je n’avais aucun doute concernant la capacité de Fit For An Autopsy à produire un album
surpuissant, et les Américains ne m’ont pas déçu ! Bien que "The Nothing That Is" dispose de
nombreux moments de flottement, l’album reste très rythmé et saura séduire sans aucun
mal !
"Oh What the Future Holds"
Note : 19/20
Fit For An Autopsy, titan du deathcore américain, revient pour un sixième album. Créé en
2008, le groupe composé aujourd’hui de Will Putney (guitare), Pat Sheridan (guitare),
Josean Orta (batterie), Tim Howley (guitare), Joe Badolato (chant) et Peter "Blue"
Spinazola (basse) nous proposent "Oh What the Future Holds" en Janvier 2022 chez
Nuclear Blast.
L’album débute avec "Oh What the Future Holds", une introduction qui dévoile peu à peu ce
son mélancolique mais pesant avant d’être rejoint par l’agressivité du deathcore et de ses
hurlements bruts, puis c’est "Pandora" et ses harmoniques folles qui prend la suite. Le titre
combine des tonalités lancinantes avec la lourdeur et l’efficacité, mais également des
éléments très groovy avant de nous proposer de la douceur. "Far From Heaven" nous capture
immédiatement dans ses filets avec des riffs accrocheurs aux tonalités prog complexes,
mais le groupe n’oublie pas d’ajouter une touche de rage brûlante dans ces sonorités
planantes, puis c’est la noirceur qui vient nous envahir avec l’écrasante "In Shadows". Les
choeurs clairs en arrière-plan renforcent la violence de l’instrumentale et des hurlements qui
ne cessent presque jamais tout en offrant un voile dissonant, puis le groupe repart dans une
hypnotique complexité avec "Two Towers" et son groove éthéré. Le son se renforce avec
l’arrivée des patterns deathcore saccadés, mais on sent clairement que le titre se veut
majestueux par moments, alors qu’"A Higher Level Of Hate" propose une introduction étrange
à base de percussions.
La violence pure ne tarde pas à refaire surface, mais elle est
accompagnée de quelques éléments entêtants, avant un break pachydermique, puis
"Collateral Damage" nous offre un compromis entre rage brute et mélodies lancinantes. Le
groupe repart dans les hurlements bestiaux accompagnés de saccades énergiques pour
"Savages", la composition suivante, qui a pour seul et unique but de faire exploser les foules
en live, puis "Conditional Healing" nous offre quelques secondes de répit avant de nous
écraser à nouveau. Quelques harmoniques planantes en se joignent à la puissance sur la fin
du morceau, mais c’est avec "The Man That I Was Not" et son mélange aussi étrange
qu’accrocheur que le groupe referme son album. Si l’introduction est calme et inquiétante, le
reste du morceau oscille entre déferlement de violence et atmosphère pesante, créant une
sorte de dualité ravageuse.
Loin de se contenter d’un excellent deathcore, Fit For An Autopsy continue d’intégrer des
éléments nouveaux et presque contradictoires à ce son si puissant. Avec "Oh What the Future Holds", on retrouve bien évidemment la violence brute, mais également des patterns
prog, des tonalités pesantes et surtout ce savoir-faire incroyablement accrocheur.
"The Sea Of Tragic Beasts"
Note : 19/20
Amateurs de deathcore, vous voilà servis ! Fit For An Autopsy révèle "The Sea Of Tragic Beasts", son cinquième album. Formé en 2008 par Pat Sheridan et Will Putney (guitares),
le groupe souffre de quelques changements de line-up. L’addition d’un troisième guitariste
en la personne de Tim Howley, mais également un changement de chanteur. C’est donc
Joe Badolato (chant) qui prend le poste en 2015, alors que Josean Orta (batterie) est déjà
présent depuis 2012. Le dernier arrivé n’est autre que Peter “Blue” Spinazola (basse), et
depuis le groupe piétine tout sur son passage. Vous n’êtes vraiment pas préparés…
On commence donc avec le titre éponyme, "The Sea Of Tragic Beasts", qui pioche dans le
deathcore, le djent, mais également le prog et le metalcore. Si le refrain peut surprendre…
qu’est-ce qu’il est efficace ! Les riffs ravageurs du combo sont d’une telle puissance, et ce
refrain vient de mettre la barre haut. Très haut. Pourtant, "No Man Is Without Fear" relève le
défi et y parvient avec brio. Le son est lourd, saccadé, groovy… tout y est. Le chant est
réellement prenant, alternant entre hurlements viscéraux et scream lourd, et le morceau
passe vite. Trop vite. Mais "Shepherd" prend la suite, en amenant cette complexité de
composition au deathcore de la formation, et les harmoniques tranchantes s’intègrent
parfaitement au mélange.
On continue sur la lourde "Your Pain Is Mine", un titre sans aucun temps mort et qui use de
double chant comme de riffs aériens qui nous transportent loin avant de nous asséner à
nouveau une méchante claque. Même le passage atmosphérique à la limite du prog est
violent. "Mirrors" débute lentement, mais ne vous fiez pas aux apparences. Le son imposant
et prenant revient bien vite. Mais on sent que le groupe s’oriente plus sur des passages
dissonants et progressifs que sur le début de l’album. "Unloved" vient confirmer cette
impression, et même si le titre est court, il est réellement efficace. Mêlant toutes les
influences du groupe, d’une rythmique lourde à des harmoniques sanglantes.
L’album se poursuit sur "Mourn", un titre qui reste dans la tendance évoquée précédemment,
mais en apportant cette noirceur, cette inspiration mélancolique et cette douleur que l’on
peut ressentir rien qu’en écoutant les riffs. Plus brut, "Warfare" ne met cependant pas de côté
les parties techniques et saccadées que le groupe sait mettre en oeuvre, tout comme sur
"Bird Of Prey" et son inquiétante introduction. Le son est lourd, et on sent que le groupe sait
parfaitement où il va. Dernier morceau, "Napalm Dream" utilise une introduction au son clair
aérien pour nous projeter ensuite sur le refrain, qui rappelle ce son planant. Mais le son clair
revient, et l’explosion est imminente.
FIt For An Autopsy n’est clairement pas le groupe de deathcore local que l’on croise à
chaque show. "The Sea Of Tragic Beasts" est un album mature, poussé, travaillé et assumé.
On sent que le groupe sort largement de sa zone de confort, tout en réussissant
parfaitement à conserver cet esprit qui leur est propre, et en live c’est tout bonnement une
réussite.
"Absolute Hope Absolute Hell"
Note : 16/20
Un changement de vocaliste apporte toujours un renouveau au niveau du son d’un groupe et le dernier FFAA n’échappe pas à la règle, en effet, leur précédent vocaliste Nate Johnson présent sur "Hellbound" a quitté le navire en 2014, celui-ci est remplacé par Joe Badolato pour "Absolute Hope Absolute Hell" et ce changement va aboutir à un virage à 180° pour la musique du groupe.
Avec "Hellbound" on était face à un album de deathcore très solide et agressif dans son genre où la voix de Nate était totalement appropriée pour ce style-là. Sur ce nouveal album, la voix de Joe possède un rôle essentiel dans cet album car son chant est moins gras que son prédécesseur mais reste tout de même agressif et va même faire des parties criées dans un style metalcore (dans le même ton que Heart Of A Coward pour situer). Donc, est-ce qu’au final FFAA s’est relâché dans sa démarche et a commencé à faire une musique plus accessible au grand public ?
Cet album est un gros bloc solide qui vacille entre death metal moderne et metalcore bien agressif avec des riffs ambiants très sympathiques et des mosh parts groovy et nerveuses comme il faut, comme sur "Wither" et "Mask Maker". Des morceaux plus terre-à-terre comme "Saltwound" ou "Murder In The First" montrent une certaine maturité de la part du groupe qui ne balance pas uniquement des breakdowns arbitrairement ; les titres les plus représentatifs de cette maturité sont pour moi "Ghosts In The River", "Out To Sea" et "Swing The Axe", les riffs de guitares et les accompagnements y sont très bien travaillées et apportent un nouveau souffle à la musique, et renvoient vers de nombreuses possibilités.
Pour répondre à la question, non, je ne dirais pas que le groupe s’est complètement relâché mais qu’il s’est dirigé vers quelque chose de plus mature et de plus réfléchi, et s’écarte d’un son ultra bourrin sans pour autant délaisser ce côté agressif mais en le rendant plus accessible à un autre type de public. Avec "Absolute Hope Absolute Hell", FFAA se dirige donc vers d’autres horizons et montre une évolution un peu dans le même état d’esprit que le dernier Thy Art Is Murder avec le côté "evil" en moins.
"Hellbound"
Note : 16/20
Ici pas de chansonette ni intro inutile, on rentre dans le vif du sujet avec "The Great Gift Of The World" et son duo guitare / gueulante, puis roulement et c’est parti pour 4 minutes à 200 BPM, ça blaste, c’est rythmé au millième de seconde, on sait sur quoi on est parti pour encore 9 titres. "Still We Destroy" s’ensuit, la voix nous rappelle quelque peu celle de CJ Mcmahon, breakdown bien violent, production et composition vont de pair, c’est efficace ! On continue sur la lancée avec "Thank You Budd Dwyer", idem, la particularité de ce groupe c’est la palette vocale du chanteur qui apporte énormément de richesse. On passe ensuite à "Do You See Him", blast à gogo et breakdown chirurgical au programme. Le titre suivant, "Tremors", suit la même lignée. Puis, on déboule à toute berzingue avec "Dead In The Dirt", pareil pour "There Is Nothing Here Worth Keeping" qui doivent être les deux titres les plus rapides de cette galette. "Mother Of The Year" et "Children Of The Corn Syrup" prouvent que le groupe est capable de bien envoyer la purée. On termine l’écoute de cet album avec l’instrumental "The Travelers".
Pour résumer cet album, ce sont 10 titres de pleine puissance musicale sans surproduction, uniquement du rentre-dedans pur et dur. Un vrai bonheur auditif pour les fans de Thy Art Is Murder, Molotov Solution etc.
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