Le groupe
Biographie :

First Fragment est un groupe de death metal technique canadien formé en 2007 et actuellement composé de : Phil Tougas (guitare, chant / Atramentus, Chthe'ilist, Cosmic Atrophy, D.D.T., Funebrarum, VoidCeremony, Worm, ex-Salvation, Crestfallen, Dicymerian, ex-Equipoise, ex-Eternity's End, ex-Serocs, ex-Vengeful, ex-Zealotry, ex-Iron Fist, ex-Senseless Shell, ex-Spheres, ex-Terminality, ex-Xexanoth), David AB (chant / ex-Hors D'Âme, ex-Psykotic Visions, ex-Senseless Shell), Dominic "Forest" Lapointe (basse / Augury, B.A.R.F., Atheretic, ex-Catuvolcus, ex-Satanized, Humanoid, Teramobil, ex-Beyond Creation, ex-Gore, ex-Negativa), Nick Miller (guitare / Unleash The Archers, Obduracy, ex-Drillpoint, ex-Sonburst, ex-Killitorous), Nicholas Wells (batterie / ex-Solium Fatalis, ex-Pronostic, ex-Heavyweight Division). First Fragment sort son premier album, "Dasein", en Mai 2016 chez Unique Leader Records, suivi de "Gloire Éternelle" en Octobre 2021.

Discographie :

2010 : "The Afterthought Ecstasy" (EP)
2016 : "Dasein"
2021 : "Gloire Éternelle"


La chronique


Cette hype dans le tech-death avec ces groupes qui jouent toujours plus vite et plus précis, ça rend difficile les opportunités de repousser les limites. En effet, avec les derniers skeuds d’Archspire ou d’Inferi, comment faire pour ajouter sa pierre à l’édifice tout en ayant sa petite touche personnelle qui va bien ? Les mecs de chez First Fragment se sont posés la question puisqu’entre ce nouvel opus et le précédent, ils ont pas mal bousculé leur propre champ stylistique. Plus technique, ça c’est certain, "Gloire Éternelle" se montre aussi plus ambitieux en termes de composition que sur "Dasein", le précédent longue durée des Canadiens, et beaucoup plus mélodique. Ainsi, que reste-t-il de réellement death si ne n’est le chant et les quelques moments de blastitude batteristique ? C’est ce que nous allons tenter d’éclaircir à l’issu de cette chronique qui risque d’aller chercher des poux là où bon nombre d’amateurs du genre ni verrons que des points positifs.

Dans les self services asiatiques, si vous voulez vous taper le dessert ultime, vous pouvez réellement abuser. Personnellement, je me prends une assiette et non une coupe dessert, puis je mélange tous les parfums de glaces disponibles, genre menthe, fraise, vanille, café, coco, choco, pistache, bref, tout ce qui peut passer sous ma cuillère se retrouve forcément dans mon assiette. Le pire c’est que je ne m’arrête pas là, je rajoute du caramel liquide, je vais à la fontaine de chocolat recouvrir tout ce gloubi boulga coloré et je termine par un arrosage de chantilly bien insane, je suis un ouf ! Donc ça, c’est mon trip parce que je sais que je bouffe dans ce genre d’endroit environ 4 fois dans l’année, pas plus. Pourquoi je parle de ça me direz-vous, eh bien en fait, le dernier First Fragment, c’est l’équivalent en musique du dessert immonde mais plaisant que je viens de vous décrire. Vous aimez le porn vous allez être servi car "Gloire Éternelle" est un album dégoulinant de technique, de clichés, de mélodie, de basse fretless qui fait "ouinnnglin glin dagadouin". Entre les inspirations hispaniques et le néo-classique, on est en présence d’un mix entre Rodrigo et Gabriella qui feraient un featuring avec Malmsteen chez Angra qui copie DragonForce, je vous jure que c’est exactement ça, essayez de me contredire, tiens ! Le seul moment où cela se ressent le moins, c’est sur le morceau "La Veuve Et Le Martyr" qui, pour le coup, apporte des éléments plus funky, juste histoire de…

De ce fait, la dimension death metallique s’est évaporée au profit d’une approche résolument power / heavy, et de ce fait, le côté massif qui existait dans "Dasein" n’est plus. Tout est souple, sautillant, mignon, mélodique, technique, à l’instar d’un Equipoise mais en mode "je chasse les dragons à coup de chipolata". Car oui, l’influence flamenco, les couleurs de ce type de musique, tout cela se retrouve tout au long de l’album et vient fusionner avec les éléments néo-classiques. Bien sûr, le disque sonne terrible, et très honnêtement, le niveau instrumental est réellement excellent, les compositions sont bien ficelées, la production déchire, c’est un album qui va vraiment bouleverser le microcosme des tech-deatheux mais en ce qui me concerne, cela me fait me poser de nombreuses questions et soulève également de nombreux doutes. Pourquoi sombrer systématiquement dans la surenchère des clichés ? La surenchère c’est cool, ça titille, ça provoque, mais là, le sens artistique se substitue à la volonté technique, en gros, on s’en bat les roustons de la composition tant qu’on arrive à aligner 36000 notes seconde (le nombre de solos et de leads harmonisés frise le manque de respect). Pardon d’aller taper dans la comparaison mais quand on écoute le dernier Archspire, certains passages sont réellement plus ambitieux que leur disque d’avant, à un point que ça en est limite inhumain, mais à côté de ça, on a aussi des passages plus atmo. En plus, Archspire s’inspire de lui-même, parce que First Fragment, je vous jure, va jusqu’à littéralement copier certains groupes, écoutez "De Chair Et De Haine", puis allez écouter "Smoke And Mirrors" de Symphony X, vous allez y trouver comme un petit air de ressemblance…

En fin de compte, afin de noter cet album comme il se doit, j’ai pris en compte mon appréciation personnelle et je l’ai mixé avec ce que je pense être l’avis d’un fan du genre, d’où un chiffre tout à fait correct, mais pas explosif tout de même. Alors, oui, en ce qui me concerne, j’adore la technique, oui j’ai écouté du death avant même d’avoir eu mes premiers poils au pubis, oui la scène canadienne est formidable et offre une alternative à un genre qui favorise les sous-genres mais là, le trop parfait tue le projet. Vous kiffez vous, les meufs surrefaites ? Oui, ça peut être cool une meuf plastique, mais pour faire joujou avec un soir ou deux, tout comme le méga sorbet du resto chinois à volonté, on ne peut pas réellement se taper ça tous les jours. Pour le coup, là c’est pareil, cet album je vais le kiffer de temps en temps, pour prendre une rasade de sweeping, tapping, aller-retour, gammes mineures harmoniques, basse fretless moelleuse et breaks de batterie à 300 à la noire, et puis une fois rassasié par tant de générosité, je passerai à autre chose. C’est dommage parce que pour le coup, "Dasein", le précédent disque, pouvait s’écouter plus fréquemment, il était moins ambitieux mais bien plus profond et dark, là c’est "mon petit poney" sous speed à l’époque médiévale, ou une pride dans Skyrim, Molag Bal en tête, sur son char arc-en-ciel. Il n’y a plus rien de vraiment death, sombre, putride, angoissant. On ne pourrait pas faire un entre-deux ? Genre comme avec la viande, entre "à point" et "bleu", il y a saignant. Ma plus grande crainte, c’est que cet album soit énonciateur d’une tendance qui va se confirmer avec le temps, alors s’il vous plaît, messieurs et mesdames les musicien(nes) de death technique, restez dans le death le plus longtemps possible, c’est pour ça qu’on vous aime.


Trrha’l
Août 2022


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/firstfragment