Deux ans après leur premier EP déjà bien accueilli, Filigram » revient avec un trois titres cette fois-ci. Le packaging reste dans l’esprit du "fait à la maison" qui octroie déjà à l’objet un charme immense accentué par des couleurs fraîches ainsi qu’un artwork léger et fin.

L’EP commence par "La Volonté En Dernier" où la guitare larmoyante fait des siennes d’entrée de jeu, jusqu’à l’apparition de la basse et de la batterie qui apporte puissance et lourdeur, sans parler du chant bien screamo qui ravira les adeptes du style. Le son est royalement bon car il correspond bien au style et aux compositions du groupe. Le morceau se déroule comme une pluie de souffrances, à la fois lent et énergique avec un passage où la batterie s’affole seule et percute nos tympans réjouis. Pas le temps d’attraper le paquet de mouchoirs en papier que déjà débute "Guidé Par L’Autarcie". Les notes frissonnent pour faire évoluer le morceau dans des sonorités d’avantage post-hardcore. On sent sur ce titre une forte influence de l’album "Montengua" des Caennais de Aussitôt Mort. Mais attention, ici pas de copier-coller, seulement des sonorités, ou plutôt une ambiance qui y font penser. La musique est belle, pleine d’une tragique poésie, appuyée par des textes toujours aussi travaillés. La puissance est là quand il le faut, sans abus, et le son sait se faire profond pour les passages plus planants. De belles mélodies en somme pour un titre vraiment intéressant à tous niveaux. A écouter à l’infini ! Voici "Le Chant Des Morts" pour terminer. Plus punk, plus franc, ça frappe la chair crue et ça s’acharne à vous extirper les larmes salées dont vous aviez oublié l’existence. Bon ok j’en rajoute probablement un peu mais Filigram c’est ça, une rage douloureuse partagée avec sincérité. Ca fait du mal, ça fait du bien, ça fait se sentir vivre. Le chanteur se mets même à nu pendant une break basse-batterie pour nous conter un texte sulfureux et destructeur mais tellement vrai. Bien entendu il va de soi que cette accalmie ne serait rien sans l’explosion s’en suit et ainsi signé avec classe la fin du titre.

Un vrai coup de cœur pour ces gars qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin d’un pas bien assuré. On pourrait se dire que trois titres c’est court. Que nenni, la mesure est juste et du haut de ses quinze minutes ce cd doit être possédé. Avis à tous les mordus du genre pour ce jeter sur cette galette qui mérite d’être écoutée sans faim et pour les avoir vu en concert je ne saurais que trop vous conseiller d’aller les voir. Emotions fortes garanties !

"La Victoire De L’homme Sur L’homme"
Note : 09/20

Il est sûr que lorsque l’on a l’occasion d’admirer un si bel artwork CD on a envie que le contenu en soit à la hauteur, malheureusement cette fois-ci c’est une belle déception qui nous y attend. La qualité de la production du maxi de Filigram étant tellement faible que l’auditeur peine à comprendre ce que dit le chanteur, qui a l’air pourtant de ne pas trop mal se débrouiller dans un style emo-screamo relativement bon. Mais Filigram perd donc de son intérêt à cause d’une production vraiment frustrante, j’ai beau monter le son, les guitares sont faiblardes bien qu’attirantes ("Plaies") et le chant inaudible, ça m’énerve et je ne pourrai pas l’écouter une deuxième fois ce CD. Merde pour eux, parce que ça a l’air bon, oscillant entre le hardcore new school et le screamo rock, mais qu’il faut juste faire attention avant de balancer ça chez les autres. Avec ce beau maxi "La Victoire De L’homme Sur L’homme", Filigram peinera à se sortir des sentiers battus et c’est dommage, on essayera donc d’aller les voir sur scène (par exemple au Malvern où ils viennent de passer) pour écouter du vrai son car les textes sont bons ("Cuillère"), les guitares entêtantes ("5000"), mais tout cela ne peux rester pour l’instant qu’entre parenthèses.

Lenore Mars 2009