Qu'est-ce qui vous motive en premier pour acheter un album lorsque vous ne connaissez pas un groupe, et que le CD est devant vos yeux, et qu'il n'y a personne pour vous conseiller ? Evidemment c'est le packaging. Et pour ça, Feu Gregeois a bien compris que taper dans l'oeil de son futur auditeur était chose importante. Une petite recherche s'est imposée pour comprendre le pourquoi du comment, du 2nd Circle et du 1rst Circle. Et on s'aperçoit que cette version digipack encore plus magnifique que celle du jewel case, se nomme tout simplement 1st Circle. Les p'tits gars ont eu la bonne idée de proposer leur album en deux versions différentes donc, une digipack et une jewel case nommé réciproquement 1rst Circle et 2nd Circle. A l'arrivée cela fait tout de même deux front covers tout à fait splendides. Donc question visuel, ce premier album créé par ce jeune groupe du Sud de la France a de bons atouts pour plaire. C'est en feuilletant le "petit booklet" de la version 2nd Circle, que je me suis transporté quelques années en arrière parce que Feu Grégeois remercie Lord Pesten, Evil Message zine ou encore Dave de Between Death'n'life distro. Ahhh Dave Morel, Between'death'n'life zine aussi, toute une époque, avec son groupe Sthygma, Khaly productions... Peut-être que tout ceci ne vous dit rien, mais ça a marqué l'underground dans les années 90's...

Enregistré au Krak Of The Order, mixé par des personnes différentes pour les parties metal et orchestrales et enfin masterisé chez Brett Caldas Lima au Tower Studio juste au début de l'été, l'album bénéficie d'une prod sympa, mais le choix du son des guitares me paraît relativement atypique. Ça surprend un peu à la première écoute avec "Bloodshed" ; En fait on a l'impression d'écouter un groupe aux guitares grasses comme celles des groupes underground Américains de death metal des années 90's, et aussi un peu Obituary / Bolt Thrower dans un son Français. Le son Français, je ne sais pas pourquoi, m'a toujours paru plus clair, quand on compare ce que l'on fait chez nous et le son du Morrisound d'antan, il y avait toujours ce côté plus sourd chez eux. C'est comme à la télé, les séries Américaines ont des caméras typiques alors que les Françaises, ont une image comme celles des émissions à deux balles, je ne saurai expliquer, mais c'est la sensation que j'ai pour la production de Feu Gregeois. Et ceci n'étant pas pour autant une critique négative mais un constat de fait.

Musicalement, c'est une surprise l'écoute de "Mortis Regnum", parce que si les front cover des deux versions et même le logo, ou encore le nom du groupe peuvent largement nous orienter vers un style black metal, la musique est tout autre. Bien que l'introduction "Mortis Regnum", formidable bande sonore de peplum, les compositions de Feu Gregeois sont pour moi loin d'être du black metal. Les premières notes de "Bloodshed" m'ont fait tomber par terre, juste parce que je ne m'y attendais pas, mais c'est du death metal qu'ils jouent !! Du gros, du rugueux, du lourd, du motoculteur et pesant death metal aux allures de slow death Américain. Sur des rythmiques très mid-tempo qui ont baigné dans certaines marmites de Bolt Thrower ou Six Feet Under, Feu Gregeois y rajoute des touches aux claviers qui transforment ou adoucissent la rugosité de leur death metal vers une connotation "médiévale". Gros effort sur les vocaux, ultra doublés, voire triplés ou quadruplés sur le début de "Sentence Of Death", ce titre semble plus léger grâce à l'utilisation de nappes de claviers qui entourent l'astmosphère thématique de l'album et même de la ligne de conduite de Feu Gregeois depuis le début de leur existence. Ce titre est plus intéressant que le précédent parce que les guitares quittent leur mode death standard pour se diriger vers plusieurs segments plus mélodiques à plusieurs reprises durant l'écoute. Alors au bout de deux chansons, on se sait pas trop quoi penser du style de Feu Gregeois, on est mitigé entre la bofitude d'une musique pourtant appuyée sur une thématique lyrique très travaillée et bigrement intéressante, et avec des passages vraiment prenants comme certaines harmonies de "Sentence Of Death". C'est donc impossible de se décider avec aussi peu de recul. La suite avec "Wind Of War", fait partie des moments ultra orchestraux comme l'introduction, moments qu'on apprécie par la profondeur, nous entraînant dans le tourbillon de leur monde de guerre chevaleresque. Interludes qui reviendront par trois fois avec "Ashes Of Dusk", "The Pride Of Twilight" et "Redemption". Tout en précisant que "Ashes To Dusk" s'accompagne de guitare metallique donc en mélangeant les styles et que "The Pride...", moment aussi fort que la musique du dernier des mohicans, sert d'introduction sans temps d'arrêt, de "Life Of Sin".

Feu Gregeois arrive donc à créer une atmosphère personnelle avec ses interludes qui posent le décor de croisades historiques et ses morceaux de pur death metal. Il manque tout de même un peu de piment à leur death metal pour que les morceaux aient plus de goût, mais c'est en considérant que le death metal à la Six Feet Under ou Obituary n'en n'aient plus non plus, parce que c'est dans cet environnement que Feu Gregeois évolue. La basse, les guitares sont grasses et les rythmiques ronronnent comme le moteur d'une Harley Davidson, c'est à dire qu'on est plus là pour la beauté de la bête que pour la vitesse. Feu Gregeois a opté pour cette option. Leur death n'est pas particulièrement technique, ni rapide, il envoie simplement la purée. On notera tout de même sur plusieurs moments des morceaux death comme avec "Life Of Sin" que les rythmiques sont accompagnées de claviers totalement grisants. Alors après une bonne appréciation de l'album, et quelques écoutes approfondies, on est en droit de penser que Feu Gregeois avec "Mortis Regnum" a des idées plein la tête pour se forger une identité au niveau de son monde, de sa thématique, de son visuel, et même si son death metal n'est pas à 100 % percutant, ça reste un album qui a du coeur et du tempérament. Ceci vaut bien la peine de se fendre d'un petit billet pour choper le magnifique digipack... Vous ne croyez pas ?