Formé par des membres de Cthuluminati, Beast Of Revelation et Officium Triste, ce nouveau projet hollandais du nom d'Extreme Cold Winter nous livre son premier album "World Exit". Au programme, du doom / death bien lourd et des ambiances qui seront sans aucun doute guillerettes et fêtardes.

Bon, rien qu'en voyant le tracklisting, on comprend ce qui va nous tomber sur le coin de la tronche, sept morceaux pour une cinquantaine de minutes, on se doute que ça ne va pas ruer dans les brancards. Et "Animals In Wintertime" qui ouvre l'album le confirme avec des riffs et des mélodies qui ne sont pas sans rappeler un certain My Dying Bride, sauf qu'ici vous n'entendrez pas de chant clair. C'est bien le growl qui domine et Extreme Cold Winter amène quelque chose de plus dur, plus sombre et plus lourd que ce propose Officium Triste justement. Quelques claviers très discrets appuient régulièrement les ambiances et apportent la traditionnelle mélancolie qu'exhibe le doom et qui permet de nuancer le propos au milieu de ces riffs qui pèsent des tonnes. L'influence My Dying Bride est probablement celle qui s'entend le plus sur ces deux premiers morceaux même si l'on ne peut évidemment réduire "World Exit" à ça. Ce n'est clairement pas l'envie d'innover qui motive Extreme Cold Winter, cependant ce premier album, tout en respectant à la lettre les codes du genre, n'en respire pas moins l'honnêteté. On sent que ça été fait avec amour et que tout le monde connaît ses classiques, le contraire aurait été étonnant quand on voit le line-up. On sent quelques relents de vieux Paradise Lost aussi par moments, bref du doom / death plutôt sale, dur et très sombre loin des mélodies aériennes et des ambiances vaguement mélancoliques. Ici, soit on creuse profondément soit on lâche des enclumes du vingtième étage sur les passants. "Permafrost Entombment" prend un virage plus atmosphérique et pose une ambiance à la fois plus lourde encore et plus inquiétante, les claviers posent des nappes fantomatiques et les riffs deviennent plus malsains.

Si la nouveauté ne risque pas de vous sauter au visage à l'écoute de "World Exit", le savoir-faire de ses membres par contre va vous saisir pendant une bonne cinquantaine de minutes. Les leads mélodiques et déprimants, les riffs pesants et très sombres voire malsains par moments, les ambiances poignantes de l'instrumental "The Sea Taketh", tout est là pour vous faire succomber au charme du doom / death à l'ancienne. "World Exit" ne surprendra pas les amateurs du genre qui connaissent bien la scène mais balance sept morceaux qui ont toutes les qualités requises pour les convaincre. Tout ce qu'on cherche quand on veut écouter ce type de musique est là, les ambiances touchent leur but systématiquement et la qualité des morceaux est indéniable. "Pharmakia" se montre d'ailleurs bien menaçant surtout après les superbes ambiances de "The Sea Taketh", le contraste est d'autant plus saisissant. D'ailleurs, si les morceaux sont longs et n'hésitent pas à flirter avec les sept ou huit minutes, on tombe jamais non plus dans des pavés de vingt minutes et Extreme Cold Winter évite de se perdre dans ses propres morceaux en essayant d'aller à l'essentiel. Cette approche permet à "World Exit" d'être assez compact et cela amplifie encore la chape de plomb qu'il nous envoie. Pour ce qui est de la production, on est dans du son bien lourd et gras comme on l'aime pour du doom / death, l'album ayant été produit par Hans Pieters qui a produit Hail Of Bullets entre autres et mixé par Greg Chandler d'Esoteric, ce n'est pas surprenant.

Est-ce que "World Exit" innove quelque part ? Certainement pas. Par contre si vous aimez le doom / death il est impossible d'être déçu tant tout ce qu'on cherche dans ce style de musique est là. Le savoir-faire du groupe est indéniable et ces sept morceaux font mouche avec des ambiances prenantes, parfois empreintes d'une superbe mélancolie, parfois menaçantes et inquiétantes.