Préparez-vous à thrasher avec Exhorder ! Créé en 1985 aux Etats-Unis, le groupe fait partie des pionniers du mouvement thrash / groove metal, mais il subira diverses pauses et courtes reprises d’activités jusqu’en 2017, où Kyle Thomas (chant, Aortha, Trouble) relance à nouveau la machine. Passé guitariste / chanteur et accompagné par Jason Viebrooks (basse, ex-Heathen), Sasha Horn (batterie, ex-Novembers Doom) et Pat O'Brien (guitare, ex-Cannibal Corpse, ex-Nevermore) il annonce la sortie de "Defectum Omnium", le quatrième album du groupe, chez Nuclear Blast. Le groupe a également été aidé par Rick Wartell et Bruce Franklin, guitaristes des pionniers du doom metal, Trouble.

"Wrath Of Prophecies" attaque immédiatement avec des riffs agressifs et des parties vocales furieuses, laissant l’approche groovy rendre le morceau encore plus accrocheur et autorisant également des leads planants. La charge reprend tout en laissant le groupe sombrer dans la folie avant de débuter "Under The Gaslight", où le chant puise dans des influences heavy solides pour compléter une rythmique motivante où harmoniques tranchantes et batterie enjouée se rejoignent avec une touche old school. Les influences punk resurgissent sur "Forever And Beyond Despair" et son énergie débordante, mais le titre va ralentir pour s’alourdir avant d’exploser à nouveau puis de rejoindre les tonalités mystérieuses de "The Tale Of Unsound Minds" et ses premiers riffs lancinants. Le mélange finira par accélérer, notamment pour permettre un solo intense, puis le son nous écrase à nouveau avant de disparaître pour faire place à la courte "Divide And Conquer", qui ne va pas perdre un seul instant pour nous prouver son efficacité grâce à des riffs aiguisés.

Le groupe enchaîne avec "Year Of The Goat" où l’introduction sombre nous emporte droit sur une rythmique vive mais ponctuée de passages plus lents et fédérateurs qui contrastent avec l’approche saccadée, puis c’est avec un son inquiétant que "Taken By Flames" débute, avant de finalement devenir plus sauvage. L’énergie brute du morceau est très rapidement communicative, et on se retrouve à remuer le crâne avant d’apprécier l’ambiance presque mystique de "Defectum Omnium - Stolen Hope", la plus longue composition, qui débute par des choeurs d’église. Les guitares hurlantes reviendront bien évidemment, mais le titre se pare d’influences doom qui laisseront tout de même quelques parties énergiques émerger avant un final surprenant menant à "Three Stages Of Truth - Lacing The Well" et son introduction acoustique qui s’assombrit peu à peu. Le retour de la saturation se fait bien évidemment dans la violence pure, mais le titre reste relativement modéré et accessible, à l’inverse de "Sedition" qui repart du côté des racines punk pour nous dévoiler toute sa vindicte. "Desensitized" reste dans des patterns agressifs et effrénés purement thrash surmontés par les parties vocales intenses, puis c’est avec "Your Six" que l’album prend fin dans une lenteur angoissante et oppressante, laissant les leads créer des touches plus stridentes.

Exhorder nous confirme sa puissance et monte en grade avec "Defectum Omnium", nouvel album qui alterne entre sonorités traditionnelles à pleine vitesse, groove accrocheur et quelques expérimentations beaucoup plus originales.

Tremblez pauvres mortels, Exhorder est de retour ! Il aura donc fallu attendre 27 ans (et pas un an de moins) pour qu’un successeur à l’excellent album "The Law" voie enfin le jour. D’ailleurs, il faut préciser que le groupe n’est pas le plus prolifique qui soit. En effet, hormis quelques démos, les thrashers de la Nouvelle Orléans n’ont en tout et pour tout que deux albums à leur actif : "Slaughter In The Vatican" (1990) et "The Law" (1992). Ce disque est donc un évènement à bien des titres.

Si Exhorder est un groupe culte, c’est qu’il a préfiguré la vague dite du "groove metal" ou encore du "power metal" dans les nineties au point qu’il se murmure que sa musique aurait même inspiré un groupe aussi illustre que Pantera ! Par conséquent, si le groupe était visionnaire (et avant-gardiste) à l’époque de "The Law" (1992), il ne l’est plus guère aujourd’hui. Cela n’empêche pas ce nouvel opus, "Mourn The Southern Skies", sorti chez Nuclear Blast, d’être diablement efficace ! Si "The Law" avait un son plutôt brouillon et approximatif, il n’en rien de leur nouvelle galette qui est terriblement bien produite. Le chanteur Kyle Thomas a considérablement progressé avec le temps et acquis ses lettres de noblesse. Il faut dire qu’il a notamment occupé le poste de vocaliste au sein de Trouble, qui n’est pas le groupe le moins intéressant de la planète metal ! Il n’est pas le seul au sein du groupe à avoir vendu ses services dans des formations de qualité. C’est par exemple le cas du bassiste Jason Viebrooks qui officie en même temps au sein du groupe thrash culte Heathen ou encore du guitariste Marzi Montazeri qui a notamment rejoint Philip H. Anselmo And The Illegals de 2011 à 2015. Par conséquent, le groupe est composé de musiciens talentueux et cela se ressent sur la qualité de ce disque.

"Mourn The Southern Skies" commence sur les chapeaux de roues avec le titre "My Time" qui n’est pas sans rappeler les productions récentes de Testament. Par la suite, on enchaîne avec un titre nettement plus heavy, "Asunder", qui évoque quant à lui le son d’Exodus. On reste sur la même lignée avec "Hallowed Sound". On franchit un cap avec le très speed "Beware The Wolf" qui ne laisse aucun répit aux pauvres oreilles des auditeurs que nous sommes. La boucherie se poursuit avec "Yesterday’s Bones" qui ressemble étrangement à du Exodus époque "Impact Is Imminent" (1990). Le tempo ne se ralentit définitivement pas avec le titre suivant, "All She Wrote", qui a un son très proche de celui du Pantera de la grande époque. Par la suite, les riffs se font plus heavy sur des morceaux comme "Arms Of Man" ou le titre éponyme "Mourn The Southern Skies" qui débute à la manière d’une ballade et évoque le Pantera des débuts époque "Cowboys From Hell" (1990).

Bref, si le son est résolument plus moderne et soigné que ce que le groupe faisait par le passé, la musique d’Exhorder est restée fidèle à l’esprit du thrash et du "power metal" des années 90 si bien qu’elle semble presque anachronique par certains aspects. A conseiller aux fans de Pantera et d’Exodus !