"Mendacium"
Note : 18/20
Evoken refait surface. Après quelques années de silence, le groupe américain mené par Vince Verkay (batterie), John Paradiso (chant / guitare, Grim Legion), Don Zaros (claviers, Adversvm), David Wagner (basse, ex-Abazagorath, ex-Funebrarum) et Chris Molinari (guitare, ex-Divine Silence) dévoile "Mendacium", son septième album, chez Profound Lore Records.
L’album débute avec "Matins" et ses quelques murmures qui se changent rapidement en râles rauques et caverneux lorsque la rythmique lente arrive, toujours complétée par les bruits inquiétants en arrière-plan, mais qui n’hésiteront pas à disparaître pour laisser les claviers proposer de douces mélodies entêtantes. Le son s’emporte et accélère, se laissant guider bar un blast féroce avant de retrouver ses tonalités lancinantes habituelles pendant que les guitares développent des harmoniques perçantes, mais elles deviendront chaotique sur "Lauds", le morceau suivant. Les riffs sont beaucoup plus changeants, passant d’une base doom pesante à des influences plus agressives, mais aussi à un break minimaliste et ritualistique qui revient naturellement à sa pesanteur saturée en y ajoutant des pointes drone avant de revenir à une construction beaucoup plus naturelle et mélodieuse, tout comme sur "Prime" qui nous offre des tonalités apaisantes.
Assez court, le morceau nous permet toutefois une véritable pause avant que "Terce" ne prenne sa place, faisant renaître la saturation tout en restant sur une approche assez vaporeuse et enivrante assez accessible qui finira par s’intensifier en devenant plus effrayante qui retrouvera bien vite ses touches angoissantes avant un final explosif et inattendu avant de laisser place à "Sext" et son intro rassurante. La douceur dure un long moment, puis finit par retomber grâce à la batterie dans quelque chose de plus rythmé, puis bien plus sombre et enfin plus imposant et qui entretient la mélancolie ambiante avant de passer à "None" qui nous hypnotise avant de lâcher sa puissance brute qui se transformera en complainte profonde entourée de claviers planants. Bien qu’avoisinant les huit minutes, le morceau passe en un éclair, tout comme "Vesper" qui propose un dernier interlude chaleureux grâce aux synthés avant de repasser une ultime fois du côté obscur sur "Compline", composition finale qui atteint presque les dix minutes et qui retrouve également des patterns furieux à la batterie, teintant à nouveau les riffs plutôt lents de cette angoisse rémanente et qui fera plonger les derniers instants dans la terreur.
Evoken a manqué à la scène funeral doom, mais le groupe n’est pas pour autant resté inactif, proposant sur "Mendacium" une véritable expérience dans les ténèbres de plus d’une heure. Sans surprise, le voyage est excellent.
"Hypnagogia"
Note : 15/20
Chaque nouvel opus d'Evoken est un événement vu le peu de sorties au compteur.
En effet, les patrons du funeral doom aiment se faire désirer et ils le peuvent car la qualité est toujours au rendez-vous.
Une fois n'est pas coutume, les Américains, avec un line-up inchangé, nous comblent avec "Hypnagogia", le successeur d'"Atra Mors" en 2012,
qui est donc le sixième opus en vingt-quatre ans de carrière !
Il faut donc savourer cette offrande autant précieuse que rarissime,
"Hypnagogia" se compose de huit morceaux dont deux intermèdes, qui sont plus death, avec des titres parfois plus rapides que d'habitude.
On pense notamment à "The Fear After" qui est assez rentre-dedans et vibrant !
Il est empli de rage que l'on ressent au travers des riffs agressifs.
La surprise vient surtout des parties de violon qui viennent contrebalancer toute cette colère.
On retrouve d'ailleurs le violon tout au long de l'écoute, créant une belle unité et une personnalité propre à cet opus.
Il renforce également le côté mélancolique dans "Too Feign Ebullience" qui est poignant d'émotions et de détresse.
"Valorous Consternation" est lui aussi assez rythmé avec un enchevêtrement d'instruments assez complexe au début, qui donne une impression un peu brouillonne mais la suite est plus limpide.
Il n'y a pas ce genre de problème dans "The Weald Of Perished Men" qui est plus léger et largement plus atmosphérique, tout comme "Schadenfreude" qui est lent, aérien et quelque peu linéaire.
Et enfin, nous avons une autre surprise avec le titre intense "Ceremony Of Bleeding".
En effet, il y a un chorus masculin / féminin assez fantomatique tout du long qui donne du cachet et une certaine originalité.
Evoken a réussi son retour parmi les vivants avec cet album.
Ce n'est peut-être pas leur meilleur car la barre est vraiment haute depuis "Atra Mors", mais la qualité est bien là !
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