Lorsqu’il est question de thrash metal, difficile de passer à côté du Big Four de la Bay Area (Metallica, Megadeth, Slayer, Anthrax). Cela est indéniable, ils ont posé les fondations et construit les colonnes du temple de ce genre à tout jamais, avec des albums plus classique les uns des autres. Mais quand est-il aujourd’hui de la relève du thrash metal ? Il y a eu dans le passé les Hades, Mekong Delta et autres Watchtower, même Iced Earth si on veut pousser un peu plus loin, mais disons que malgré qu’il existe plusieurs nouvelles formations, il est facile de s’y perdre.

Nous arrives donc Evil Invaders, directement de Belgique, avec sonr troisième album complet. Formé en 2007, il est difficile de les classer dans la catégorie des nouveaux venus malgré trois albums seulement. Les hostilités sont rapidement lancées sur le premier morceau, "Hissing In Crescendo" qui met immédiatement cartes sur table : guitares acérées rapides, section rythmique endiablée et chant criard et haut perché, le parfait cocktail d’une bonne introduction thrash old school. Quoique somme tout assez standard, le groupe n’hésite pas pour introduire des passages instrumentaux un peu plus techniques, rappelant les prouesses de jeunesse du duo Hammet / Hetfield.

Les nostalgiques de l’époque où Iced Earth existait tout simplement encore se régaleront du riff d’introduction dans "Die For Me", enragé et frénétique. Ajoutez à cela une performance digne de Rob Halford au chant par Joe et vous avez votre billet sans aller-retour pour de la mélancolie pure du meilleur du thrash traditionnel. Dans un genre aussi pointu, il aurait été facile de tomber dans le piège du manque d’originalité et une bonne manière de l’éviter est la diversité. Evil Invaders parvient à se sortir du pétrin en incorporant différentes influences dans sa musique, comme en témoigne l’approche Maidenesque dans le morceau mi-tempo "In Deepest Black" qui, du même coup, met de l’avant un côté plus mélodique du chanteur.

Je me questionnais en début de chronique sur l’avenir du thrash metal et je crois qu’il faut sincèrement tenir compte de l’apport de Evil Invaders dans le futur.

Attention, les loulous, Evil Invaders nous revient en ce début de printemps mais cette fois avec son premier album ! Le bien nommé "Pulses Of Pleasure" avec le soutien de Napalm Records. Si vous aimez le speed metal le plus brut, le plus bestial, digne de ce qui se faisait dans les années 80, je ne saurais que vous recommander de vous jeter sur cet album. "Pulses Of Pleasure" fait suite au très remarqué EP éponyme 6 titres sorti en 2013 sous l'égide d'Empire Records qui avait, soyons clairs sur ce point, mis pas mal de monde sur les fesses si je puis me permettre cette expression familière.

Avec ce premier album, Evil invaders continue de nous offrir ce qu'il sait faire de mieux, à savoir un speed metal ultra rapide, sans fioriture ni temps mort, les 9 titres de "Pulses Of Pleasure" s'enchaînent à la vitesse de la lumière ; 47 minutes de pur bonheur. C'est hallucinant d'observer à quel point un groupe jeune (les Belges se sont formés en 2007) puisse sonner aussi années 80, Evil Invaders est à ranger au côté d'Enforcer, Skull Fist ou encore les cultes Nasty Savage ou Razor (d'ailleurs à ce sujet, le nom du groupe est le titre du deuxième album des Canadiens sorti en 1985). Evil Invaders a connu quelques problèmes de personnel depuis sa formation, mais aujourd'hui les Belges ont trouvé la bonne formule pour nous asséner un "Pulses Of Pleasure" digne des meilleures productions de speed metal, et je peux vous assurer qu'ils ne font pas semblant... Ça pulse, ça va vite, ça "riffe" dans tous les sens, les solos de malade s’enchaînent secondés par des rythmiques endiablées et une voix à réveiller un mort. La grande classe, surtout pour les fans purs et durs du genre. Personnellement, je suis ravi de chroniquer cet album car je trouve dommage qu'il n'y ait pas plus de productions typées speed metal, mais les nostalgiques seront comblés et apprécieront. On n'a pas affaire à une révolution musicale certes mais les membres d'Evil Invaders sont honnêtes et maîtrisent leur speed comme des bêtes, on ne s'ennuie pas une seconde durant l'écoute de "Pulses Of Pleasure" ; c'est simple, à l'écoute de cet album, on se croirait au beau milieu des années 80, un peu comme si on découvrait "Bonded By Blood" en 2015, c'est déstabilisant mais hautement attirant ! Evil Invaders a un gros potentiel, c'est indéniable, ils le démontrent avec des titres comme le très rapide "Fast, Loud 'N' Rude" qui a le grand mérite de planter quelque peu le décor, le mélodique "Stairway To Insanity" ou le très accrocheur "Venom" où Joe fait entendre qu'il a un débit de voix exceptionnel en plus d'une voix très très aiguë. Bim, bam, boum !

Oui, "Pulses Of Pleasure" est un excellent de speed metal, il n'y a aucun doute là-dessus, d'autant qu'il est habillé par un très bel artwork de l'artiste Mario Lopez, on est réellement gâté avec cette production, surtout les vieux briscards, les fous de la vieille école... Je serais très étonné de voir par exemple ce que cela pourrait donner sur scène (le groupe a d'ores et déjà pas mal de dates de bookées, mais à mon avis, sueur et sang sont prévus !). "Pulses Of Pleasure" est un album qui ravira les plus anciens mais j'espère également les plus jeunes, en quête peut-être de quelque chose de nouveau, mais il est clair qu'Evil Invaders s'adresse aux porteurs de vestes à patches ! Old school never dies !