"Man From Elsewhere" est un mélange de beaucoup de choses, mais surtout de choses tournant autour du metalcore. Les Parisiens de Everything Behind se sont fait plaisir et proposent un EP 6 titres singulier et frais où chaque morceau a pour volonté de planter sa petite graine d’originalité dans un vaste et insipide terreau de metalcore monotone. Non pas que ce style soit mauvais, loin de là, mais en faire quelque chose d’original et de nouveau en est une autre. Dit comme ça cette comparaison sonne un peu dur, mais ne vous en faites pas car "Man From Elsewhere" a beaucoup de qualités insoupçonnées !

Dans le premier titre, "Hopes Run Away", on sent qu’Everything Behind a envie de mettre un peu de finesse et de fraîcheur via une bonne dose d’alternatif entre deux breakdowns et un gros riff bien costaud. Néanmoins rien d’incroyable pour le moment si ce n’est une production impeccable et inattendue pour un EP. La basse est sévèrement taillée et constitue un soutien de taille lors des phases de breakdown, ce qui est à mon sens un énorme avantage pour cette galette. Les guitares, quant à elles, jouissent d’une bonne clarté dans les instants de calme et subliment d’admirables parties clean à l’aide de leur timbre chaud et désaltérant. Ce que je viens de dire – avec l’aide de mon dictionnaire de synonymes – se confirme dans le très bon et mélodique "Welcome To The End". En un mot, finesse et justesse sont peut-être les termes les mieux adaptés pour résumer ce titre simple et efficace, voir l’EP dans sa généralité.

C’est bien beau tout ça, mais où est la singularité de cet album ? Comme dit plus haut, les Parisiens aiment emprunter des éléments alternatifs notamment via un chant clair perché afin d’assagir bon nombre de couplets et refrains. Mais n’est-ce pas un pléonasme que de dire ça d’un groupe de metalcore ? Oui, mais dans leur cas je ne sais pas de quelle manière cela sonne rock alternatif. De plus, des éléments modernes voire quasi djent s’invitent par moments afin de briser la monotonie du metalcore traditionnelle assez dominant chez nos Parisiens. Dans l’ensemble ça groove à mort, et si vous croyez entendre un peu de Veil Of Maya par ci ou autre groupe de Summerian Record par-là, ne soyez pas étonnés et régalez-vous.

Côté négatif, évidemment "Man From Elsewhere" manque d’originalité. Les rythmes et enchaînements sont classiques et téléphonés comme par exemple le refrain et chant clean "sing along" creux de "Reborn" ou bien encore le titre éponyme vieillot, genre inspiré d’une veille compo d’As I Lay Dying, en moins bien, et un refrain sans grand intérêt.

Malgré beaucoup de défauts, les Parisiens savent surprendre par moments dans un style n’étant pas réputé pour cela. On apprécie l’effort qui constitue la preuve d’une certaine fougue et d’une passion pour la musique allant au-delà des clivages entre les genres.