Le groupe
Biographie :

Et Moriemur est un groupe de death / doom metal atmosphérique tchèque formé en 2008 et actuellement composé de : Zdeněk Nevělík (chant / clavier), Michal "Datel" Rak (batterie / Self-Hatred, ex-Ashore Of Decadence, Radvanoch, ex-Silent Stream Of Godless Elegy, ex-Cruadalach, ex-Dissolving Of Prodigy, ex-Aqva Silentia, ex-Creed Of Life, ex-Gothic Teufel, ex-Slosování Stupenek, ex-Tinitus), Aleš Vilingr (guitare / Self-Hatred, Somniate, Ghost In The Shell), Karel "Kabrio" Kovařík (basse), Pavel Janouškovec (guitare / Self-Hatred) et Honza Tlačil (guitare / Prayers In Vain, Sól). Et Moriemur sort son premier album, "Cupio Dissolvi", en Octobre 2011 via Pařát Magazine, suivi de "Ex Nihilo In Nihilum" en Novembre 2014 chez Solitude Productions, de "Epigrammata" en Mars 2018 chez Transcending Obscurity Records, et de "Tamashii No Yama" en Avril 2022.

Discographie :

2009 : "Lacrimae Rerum" (EP)
2011 : "Cupio Dissolvi"
2014 : "Ex Nihilo In Nihilum"
2018 : "Epigrammata"
2022 : "Tamashii No Yama"


La chronique


Si le retour du soleil vous file des boutons, on a ce qu'il vous faut avec le nouvel album des Tchèques de Et Moriemur, "Tamashii No Yama", car si pour la première fois le groupe se penche sur la culture japonaise il n'en oublie pas pour autant son doom / death atmosphérique aux ambiances déprimantes. Vous voilà donc rassurés, ce satané soleil va se retrouver coincé derrière un voile de noirceur et vous allez pouvoir continuer à vous morfondre en toute tranquillité.

On note aussi une petite différence au niveau du format cette fois puisque ce nouvel album est le plus court du groupe avec seulement quarante minutes au compteur. Les morceaux sont du coup assez directs et ne s'étalent pas trop, en dehors de "Takamagahara" qui clôt l'album avec quatorze bonnes minutes de joie. "Haneda" se charge de nous accueillir et déploie déjà de sublimes mélodies mélancoliques avec quelques discrètes sonorités traditionnelles pour un morceau entièrement instrumental et dépourvu de guitares. C'est avec "Sagami" que le doom / death revient et le mélange de sonorités traditionnelles asiatiques avec ce doom / death très anglais dans l'esprit fait des miracles et développe là encore des mélodies magnifiques et une ambiance poignante ! Et Moriemur trouve le moyen de se renouveler et de nous surprendre tout en gardant sa patte habituelle, prouvant par la même occasion que le thème orienté sur la culture japonaise n'est pas un gimmick. Quelques instruments traditionnels sont utilisés comme le Shakuhachi en plus du violon, de la harpe ou du violoncelle et ces sonorités se mélangent le plus naturellement du monde à celles utilisées habituellement par Et Moriemur. Notons d'ailleurs que les morceaux s'enchaînent sans la moindre pause et qu'ils constituent un seul bloc de quarante minutes à écouter comme tel. La finesse des ambiances et des mélodies entendues ici contrastent admirablement bien avec la lourdeur et la dureté des riffs qui peuvent rappeler les premiers My Dying Bride ou carrément Evoken dans les moments les plus atmosphériquement sales. Dit comme ça, ça sonne de façon bizarre mais si vous connaissez Evoken vous comprendrez de quoi je parle, le groupe ayant un talent certain pour balancer des mélodies et ambiances paradoxalement dégueulasses dans ses passages les plus posés et les plus aériens.

"Tamashii No Yama" se démarque non seulement du reste de la scène doom / death mais aussi de la discographie du groupe puisque le concept centré autour de la culture japonaise imprègne chaque note de ce nouvel album. Le groupe nous prouve de belle manière qu'il a en a sous le pied et qu'il est capable de nous prendre par surprise dans un genre aussi codifié que le doom / death. Quelques mélodies plus lumineuses arrivent à percer à travers toute cette brume et Et Moriemur ne s'était jamais fait aussi poignant et bouleversant que sur ces sept morceaux ! Les trois précédents albums faisaient déjà entendre le talent de ces Tchèques et nous avaient déjà permis de comprendre qu'il allait falloir les surveiller de près mais cette fois tout a été poussé quelques crans plus haut. Je ne sais si c'est le concept qui les a inspirés mais le groupe atteint ici des sommets en termes de beauté et d'émotions. Pourtant la saleté est bien là et un morceau comme "Otsuki" nous fait entendre des riffs teigneux et très crades au milieu d'ambiances plus fantomatiques. Le pavé "Takamagahara" évoque lui aussi parfois les vieux My Dying Bride quand il mixe le doom / death typiquement anglais à ces fameux violons, mais le morceau distille aussi des riffs plus froids pas loin du black metal par moments avec ce chant écorché typique de Et Moriemur. Les quatorze minutes de ce monstre permettent évidemment au groupe d'en faire le morceau le plus varié de l'album et les ambiances changent de ton plus d'une fois passant de la mélancolie au désespoir le plus profond sans oublier des passages presque malsains flirtant avec l'horreur. Malgré tout ça, quelques rayons de lumière arrivent là aussi à percer à de rares moments et la beauté de l'ensemble n'en est que plus frappante. La deuxième moitié du morceau avec ce break plus posé et planant est d'ailleurs magnifique et quand le groupe repart sur un doom / death plus traditionnel avec là encore les violons en soutien, il est difficile de ne pas sentir son estomac se nouer ! Cette fin d'album est d'autant plus poignante que Zdeněk Nevělík crache tout ce qu'il a sur la patate et ne s'économise pas avec son chant d'écorché vif et ses growls profonds.

Et Moriemur revient en forme et nous livre avec "Tamashii No Yama" un quatrième album sublime, poignant, très inspiré et doté d'une ambiance générale bouleversante. Les bases du doom / death sont là et le concept de l'album permet au groupe de se transcender et de faire évoluer sa musique à un niveau supérieur. Je ne sais pas comment ils vont s'y prendre pour nous remettre ce genre de baffe la prochaine fois mais vu le talent déployé sur "Tamashii No Yama", j'ai envie de leur faire confiance.


Murderworks
Mai 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.etmoriemur.com