Le groupe
Biographie :

Ernia est un groupe de grind / death metal espagnol formé en 2010 et actuellement composé de : Omar I. Sanchez (chant), Gabrial Valcazar (batterie, basse / Wormed, Bizarre), Daniel Espinosa (guitare) et Daniel Valcazar (guitare / Wormed). Ernia sort son premier album, "Ernia", en Décembre 2018 chez Hecatombe Records et No Humano Records, suivi de "How To Deal With Life And Fail" en Juillet 2022 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2018 : "Ernia"
2022 : "How To Deal With Life And Fail"


La chronique


Ernia, à ne pas confondre avec la chanteuse Enya (ça vous ferait un drôle d'effet...), est un groupe espagnol qui contient dans ses rangs deux membres des très bons et très brutaux Wormed. C'est son deuxième album, "How To Deal With Life And Fail", qui nous intéresse aujourd'hui et c'est toujours avec du grindcore aux relents death metal que le groupe nous torture les tympans.

Treize morceaux pour trente-trois minutes en gros, on ne perd pas de temps et on fonce dans le tas comme l'exige la tradition. Ernia n'est pas là pour enfiler des perles et préfère enchaîner les mandales dans la tronche, sortez donc le casque et le protège-dents parce qu'une fois l'album lancé vous allez en prendre plein la tronche ! C'est "Farewell, Sputnik" qui nous accueille (avec un adieu, c'est original) et on se fait déboîter la mâchoire sans sommations. Des blasts et des hurlements après un petit jeu de cymbales pour faire une feinte, quelques passages presque jazzy en milieu de morceau histoire de varier les plaisirs et des riffs grind / death sur fond de matraquage le reste du temps. On entend du bon grind à l'ancienne et des riffs plus modernes qui peuvent rappeler Pig Destroyer ou Nasum avec quelques passages plus dissonants ou tordus. La production est d'ailleurs très propre est très puissante, ce qui amplifie encore la violence des coups que nous assène "How To Deal With Life And Fail". "Q", quant à lui, nous renvoie à certaines expérimentations lourdes et bruitistes de Brutal Truth dans ses passages les plus écrasants, parce que le reste du temps ça bourre évidemment des blasts dans tous les sens. La technique s'invite parfois dans le débat et la musique de Ernia n'en devient que plus intense et épuisante. C'est dans ces moments que l'on comprend pourquoi l'influence de Gridlink est citée dans la biographie du groupe, même si Ernia reste bien plus proche du grindcore pur que ces derniers. "Room Full Of Paper Cranes" ressort d'ailleurs cette urgence proche du punk typique du genre au milieu de sonorités plus modernes et dissonantes là encore.

Un mélange détonant qui rend ce deuxième album destructeur et efficace mais aussi éprouvant et plus exigeant que la moyenne. Rien d'inaccessible évidemment mais une profondeur que la plupart des groupes de grind n'ont pas et qui va demander une certaine ouverture d'esprit. Ce n'est pas si surprenant puisque la scène grindcore a toujours été partagée par les groupes purs et durs d'un côté et ceux qui expérimentent à fond de l'autre, avec au final peu de monde à cheval entre les deux. C'est une place qu'a décidé de prendre Ernia qui mélange très bien les petits délires expérimentaux et les sonorités bizarres à la sauvagerie classique du grindcore. Un morceau comme "Dharma" ajoute même un soupçon de mélodie pour un caractère presque épique et des passages techniques au milieu de tout ce bordel d'une sauvagerie sans nom. Le groove n'est pas en reste et trouve un moyen de se faire une place dans la plupart des morceaux, une des traces de l'héritage direct du grindcore. Plus on avance dans l'album, plus la musique d'Ernia se fait technique et mouvementée sans jamais oublier sa brutalité frontale qui s'exprime très souvent. Les morceaux deviennent de plus en plus touffus et tordus et les mesures impaires et autres contretemps commencent à prendre de plus en plus de place. "How To Deal With Life And Fail" fait une feinte en début d'album en faisant croire qu'il va se contenter de foncer dans le tas avec une petite pointe de modernité et de technique, mais ce n'est que pour mieux nous cueillir dans sa seconde moitié avec des morceaux sur lesquels la balance s'inverse. On a l'impression de se balader dans le crâne d'une personne qui perd sa santé mentale ou sa capacité à se contrôler de morceau en morceau. L'album se termine d'ailleurs sur les six minutes de "Ikigai", un morceau bien plus lourd et mélancolique que le reste de l'album, du moins dans un premier temps car le naturel revient vite au galop.

Ernia nous envoie donc avec "How To Deal With Life And Fail" un deuxième album surprenant avec un grind / death qui va piocher dans plusieurs scènes différentes, qu'elles soient modernes, old school ou totalement extérieures. Touffu, dense et épuisant, ce nouvel album est aussi efficace que profond et si une certaine ouverture d'esprit est demandée à l'entrée cela vaut le coup de lui laisser une chance.


Murderworks
Octobre 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/erniatheband