Le groupe
Biographie :

Le groupe est né en Novembre 2004 des cendres de Bury Human Fears, groupe de metalcore marseillais déjà emmené par les deux frères guitaristes Flo et Nico. Après des changements de line-up, le groupe change de nom pour Eradikal Insane, néologisme pour décrire un fou à son stade le plus dérangé. Fort de cette nouvelle identité et de nouveaux membres, le combo continue de frayer son chemin parmi la scène locale. Cette période marque aussi un premier tournant dans l'évolution musicale, le groupe œuvrant maintenant dans le style deathcore. 2007 voit encore la progression du groupe perturbée. Léo et Thomas s'en vont, interrompant ainsi l'enregistrement d'une démo. En Octobre de la même année, R rejoint les rangs derrière les fûts, suivi de Math (ex-guitariste de Saïkon) au chant hardcore. Ils achèvent alors l'enregistrement de leur démo début 2008, qui comprend notamment leur hymne "Deathcore United". Peu de temps après Julo, qui déversait son chant guttural depuis les débuts, quitte à son tour le groupe. J.Trom viendra rapidement le remplacer. Le groupe enchaîne les concerts et se démarque par son agressivité sonore. Eradikal Insane délivre un deathcore propre à lui, véritable condensé des influences de chacun. Les chansons sont plus rapides et extrêmes, les blast beats plus présents. En 2009, le groupe tente un enregistrement qui s'avéra concluant. "Born From Punishment" reçoit un bon accueil, et permet entre autres de hisser le combo à la troisième place lors d'un tremplin. Pierre libère le poste de bassiste juste après, préférant se consacrer à un autre projet. Eradikal Insane devient un quintette. Math passe à la basse et assure les backing vocals avec Flo, J.Trom assurant désormais le chant principal. Le processus de composition change, se complexifie, mûrit. 2010 marque définitivement un pas en avant dans l'histoire du combo marseillais. Réitérant l'expérience du tremplin, ils remportent le 1er prix lors d'un set ravageur. Ils se voient offrir l'opportunité d'enregistrer pour la première fois en studio. En Septembre 2010, Eradikal Insane rentre aux studios Hypérion pour enregistrer son premier EP "The Dementia Process". L'EP sort le 16 Avril 2011. En Septembre 2015, le groupe revient avec son tout premier album "Mithra" sorti en indépendant.

Discographie :

2006 : "Liberated From Society" (Démo)
2008 : "Deathcore United" (Démo)
2009 : "B.F.P." (Démo)
2011 : "The Dementia Process" (EP)
2015 : "Mithra"


Les chroniques


"Mithra"
Note : 14/20

Eradikal Insane, après un peu plus de 10 ans d’existence, sort son premier album, eh bien, mieux vaut tard que jamais, hein ! Face à ce combo marseillais qui officie dans le deathcore, je suis plutôt étonné de ne pas avoir entendu parler de lui 6-7 ans auparavant avec le gros boom de la scène deathcore et avec la multitude de groupes qui se sont formés dans le monde entier mais aussi en France – avec en tête As They Burn, Betraying The Martyrs. Ceci dit, la scène parisienne était très mise en avant, comparée aux provinciaux qui étaient plus discrets malheureusement mais bon, on ne va pas parler du passé mais de savoir ce que ce "Mithra" a dans le ventre.

Tout d’abord, je dirais que le groupe ne fait pas dans le deathcore à la manière des groupes US, anglais et australiens, ça se rapproche plus du death metal moderne à tendance brutale et un peu technique, avec des gros breaks et mosh parts qui ne sont pas faits pour du hardcore moshing comme pour les derniers Benighted et Aborted. Donc voilà, pas de breakdowns constants et ouf ! Mais à la place, des lignes de basse et de guitares construites et lourdes, mais aussi du gros blast de porc qui devient saoulant à force, surtout que l’enregistrement de la batterie assez spécial et trop mis en avant donne mal à la tête à force. Sinon, au niveau du contenu, les titres sont bien agencés pour la plupart avec un accent mis sur le côté brutal bien sûr, et même technique avec les titres "Consciousness Alright" et "Abrasive Harbringers" qui sentent l’inspiration Obscura / Spawn Of Possession.

Le problème c’est que ça devient un peu trop répétitif et redondant au fil de l'écoute, le titre "Mithra" en plein milieu de l’album accorde une accalmie de très courte de durée à l’auditeur avant de repartir en enfer, c’est un peu dommage de ne pas avoir exploité ce genre de titre surtout que l’album porte son nom. Et pour finir, nous avons des guests de prestige : Julien de Benighted, Triv de Kronos et Sven d’Aborted, autant dire du lourd, mais je ne vois pas vraiment l’intérêt qu’il y a avec ces featurings (à part celui de Triv dans le morceau "Intrinsic Propensity" qui est très bien foutu), j’ai plus l’impression que ce sont des apparitions anecdotiques qu’autre chose, notamment celle de Julien qui m’a l’air camouflée, le growl de Jtrom se suffisant à lui-même.

Au final, Eradikal Insane propose un album plutôt solide et intéressant pour les amateurs de death moderne, malgré de grosses lacunes et une répétitivité assez dérangeante, mais le groupe possède quand même des petites surprises sympathiques dans ses morceaux qui montrent bien que ce "Mithra" en a dans le ventre, en tout cas assez pour que ce groupe aille foutre des tartes de double-pédale à toute la scène française.


Herizo
Janvier 2016




"The Dementia Process"
Note : 13,5/20

Ah, ça fait plaisir qu'un groupe présente son nom en expliquant qu'il provient d'un néologisme. Parce que de nos jours, il y a tellement de personnes qui, lors de leur période pré-pubère, n'ont pas jugé utile d'apprendre l'orthographe et la grammaire, pour maintenant faire dix-huit fautes à chaque mot (personne n'est parfait, et tout le monde n'est pas à l'académie Française j'en conviens) ; et donc aujourd'hui préfèrent dire sur tous les forums "qu'on en a rien à foutre des fôootes d'orthographe, que l'important c'est de se faire comprendre (et nous envoyer des SMS en langage du style "morse urbain" où il faut tout déchiffrer comme si c'était le jeu du pendu, plein de mots auxquels il manque des lettres)... Bref j'arrête ma digression sinon on va encore dire que cette chronique a été écrite avec "les pieds". En tous les cas, c'est toujours intéressant de réunir des mots pour créer une alliance percutante dans la sonorité. Ainsi est Eradikal Insane.

Première production donc pour ce groupe Marseillais où la ligne directrice suit fortement ce que l'on appelle deathcore actuellement. Eradikal Insane ne manque pas de violence, d'agressivité et d'énergie c'est un fait établi. Les cinq titres présents sur ce EP sorti au printemps sont totalement dans l'air du temps et les spécialistes du style prendront certainement une rafale sauvage dans la tronche. Parce que pendant vingt-trois minutes c'est quelque chose d'intense qu'on prend dans la tête, c'est plutôt violent.

Mais la violence ne fait pas tout.Il ne suffit pas d'être carré, d'être pro dans la production, d'avoir un gros son, pour conquérir l'auditoire. La concurrence est bien réelle, si l'on peut parler de concurrence, parce que des groupe de deathcore, on en ramasse à la pelle depuis quatre ou cinq ans, et il n'y a pas d'usine de recyclage pour les retardataires. Alors effectivement si l'on recherche à se péter la nuque, la musique de Eradikal Insane propose un tabassage en règle , parce qu'au niveau de la batterie, la grosse caisse et plus particulièrement la double, ça tabasse sévèrement. Tout au long des morceaux, c'est hyper carré et la production étant plus que propre, le rendu est excellent au niveau du son global, tant sur les guitares que la batterie. Et certainement le fait d'être passé par les studios Hyperion (Dagoba) n'y est pas étranger.

Cependant, en gardant un œil ou plutôt une oreille critique, on s'aperçoit qu'il y a des rugosités qui font que tout n'est pas parfait. Et chipoter c'est toujours plaisant. Tout d'abord on parle de deathcore, mais le deathcore n'est pas spécialement un mélange de death et de hardcore, loin de là. Le style de Eradikal Insane prend effectivement dans le death metal, et les grosse rythmiques de départ de "Depths Of Conflict" le prouvent. Mais rapidement les riffs syncopés nous ramènent à cette scène core actuelle, pour laquelle je ne suis pas vraiment adorateur, il est vrai. Alors le côté très death metal de Eradikal Insane est attirant quand il reste dans sa base vraiment death metal, c'est à dire les ambiances très massives telles que sur le début du premier morceau ou encore dans les ambiances plus posées, épaisses et imposantes de "Deathcore United". Ce qui est vraiment chiant dans le "deathcore" ce sont tous ces riffs "tagadada-tagadada-tagadada" à répétitions, des syncopes à longueur de temps. Alors que lorsque Eradikal Insane s'amuse à s'aventurer plus vers des choses plus agressives dans l'idée mais pas forcément dans la rythmique lourdement core, ils sont très intéressants. C'est le cas pour le début de "Deathcore  United" où on s'aperçoit que le groupe a des idées un peu thrash parfois. Je dirai même en m'avançant que cette légèreté parallèle du thrash se sent un peu sur tous les titres sur quelques passages.

Eradikal Insane a même de superbes passages violents, très death / grind même, comme sur les accélérations, quelles soient dynamiques ou compactes, quand ils oublient leurs riffs core "tagadada-tagadada-tagadada".... Deuxième paradoxe c'est que la voix de J .Trom, quand elle reste dans le death pur, dans le guttural grave, je l'adore sans aucune réticence. On a l'impression d'entendre Glen Benton quand il prend son envol sur fond des ses tripes, surtout sur "Deathcore United". Mais ce double chant braillard, celui très poussif du metalcore, deathcore, me casse les oreilles. Je sais bien que c'est le mouvement musical qui veut ça, mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas que le chant soit mauvais, c'est le style que je ne supporte pas, alors que son chant antagoniste est tellement jouissif. Il y a de superbes passages sur cet EP comme à la quatrième minute de "Depths Of Conflict", un passage d'anthologie de gros death metal qui défourraille : lourd, ravageur. Sur ce morceau d'ailleurs ils ont tendance à arrêter les guitares en laissant hennir à peine à la manière de Avulsed, j'aime bien.

Pour finir bonne présentation du digipack. Au final Eradikal Insane me plaît beaucoup dans son côté death metal, lorsque le chant est guttural grave, lorsque les rythmiques ne sont pas syncopées, mais limpides, indépendamment de quand elles sont rapides ou plus lourdes. La pincée de thrash que l'on perçoit me plait aussi. D'un autre côté je déteste ce chant opposé braillard, nasillard qui en devient assez perturbant. J'abhorre aussi ces riffs syncopés par saccades de trois ou quatre. Riffs sur-employés chez tous les groupes de deathcore, ce qui ne fait que les desservir et s'enfoncer un peu plus dans la fourmilière, pour en perdre quelconque créativité ou innovation. Je n'aime pas trop noter, je ne note pas haut non plus, alors tranchons la poire en deux sur ce qui gâche et ce qui fait plaisir, 13,5 pour un premier EP, sachant qu'être sévère permet de plus se surpasser, ça reste dans la bonne moyenne...


Arch Gros Barbare
Septembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.eradikal-insane.com