Le groupe
Biographie :

Epitaphe est un groupe de doom / death metal grenoblois formé en 2016 et actuellement composé de : DRZ (basse / chant), VLVR (batterie), LBK (guitare / chant) et PBFK (chant). Epitaphe sort sa première démo, "Demo MMXVII", en Janvier 2018 chez Chaos Records. Le premier album du groupe, "I", sort en Juin 2019 chez Aesthetic Death, suivi de "II" en Avril 2022.

Discographie :

2018 : "Demo MMXVII" (Démo)
2019 : "I"
2022 : "II"


Les chroniques


"Ii"
Note : 18/20

Après avoir digéré la première démo et le premier album d’Epitaphe, voilà “déjà” leur deuxième album. Sobrement intitulé "II", il continue sur la voie que les Français DRZ (basse / chant), VLVR (batterie), LBK (guitare / chant) et PBFK (chant, Liquid Flesh) nous proposent depuis 2016 (ou 2009 sous le nom d’Epitaph).

Avec sa base de doom / death pleinement assumée sur les précédentes sorties, le groupe nous avait déjà écrasés tout en nous plongeant dans la mélancolie. "Sycomore", le premier morceau, continue dans cette voie avec un son clair entêtant avant de nous lâcher sur "Celestial", qui va immédiatement assombrir les riffs avant de nous lâcher dans une vague de fureur brute et dissonante, qui s’apaisera à peine pour laisser le chant s’introduire dans ce bloc sonore. Si quelques choeurs se font d’abord entendre, les hurlements ne tardent pas à refaire surface accompagnés par des riffs dissonants, des accalmies plus techniques et chaotiques, ou des leads perçants, alors que "Melancholia" impose une technicité oppressante et abrasive dès les premiers instants.

Les influences de Portal ou Gorguts se font clairement entendre dans ce mur de noirceur incontrôlable qui va accélérer, ralentir ou dévoiler des éléments totalement inattendus comme ce break assommant, ce solo épique et mélodieux, ce son de saxophone ou ces harmoniques dissonantes. Vous avez survécu jusqu’ici ? Bien. "Insignificant" va vous dévoiler une mélodie douce et simple tout en laissant quelques parties vocales nous accompagner jusqu’à ce que la dissonance refasse surface, laissant le groupe amener progressivement son univers jusqu’à ce que la rythmique lancinante nous fracasse. Lourds, pesants, angoissants et définitivement hypnotiques, les riffs du groupe vont nous mener jusqu’à cette explosion finale, qui se terminera dans un bruit sourd avant que "Merging Within Nothingness" ne nous laisse avec des sonorités douces, qui nous permettent de sortie de l’oppression.

Vous ne saviez toujours pas qui étaient Epitaphe ? Pas de problème. Si les premières sorties du groupe ont été très marquantes, II nous présente un aspect supplémentaire, plus dissonant et plus expérimental de leur son pesant et écrasant. A suivre de près.


Matthieu
Avril 2022




"I"
Note : 17/20

Je vous avais parlé des Français d'Epitaphe avec leur démo sortie l'année dernière, ils sont de retour avec cette fois leur premier album nommé "I" et les bougres ne se sont pas calmés du tout ! Pour resituer la bête, le groupe proposait un death aux relents doom glauque et sale tout autant que violent et malsain aux airs parfois psychédéliques.

Si je vous dis que l'album contient cinq morceaux et qu'il atteint l'heure, vous comprendrez vite que la musique du groupe ne s'est pas attendrie depuis la dernière fois. Et histoire d'afficher ses intentions, c'est "Smouldering Darkness" et ses dix-neuf minutes qui nous accueillent avec un bon drone des familles et une armada de larsens pour nous vriller les oreilles dès le départ ! Je l'avais dit dans ma précédente chronique mais je vais le répéter pour ceux qui ne l'auraient pas lue, Epitaphe c'est de l'extrême pur et dur, pas de fioritures par ici. On sent aussi que la production est bien massive et que le son est puissant, de quoi profiter pleinement de toute cette collection de riffs poisseux et de mélodies malsaines. Quand ce premier morceau démarre, c'est d'ailleurs un mélange de désespoir, de folie et d'odeur de cadavre brûlés ou en putréfaction qui nous prend les narines d'assaut. La musique d'Epitaphe a une facilité pour créer des images dans votre esprit et croyez-moi, la plupart ne sont pas belles à voir, tout l'album est habité par une folie aussi furieuse que noire. Des trémolos typiques du black se mélangent à cette mélasse de death et de doom, des blasts viennent une fois de plus vous bourriner la tronche, bref Epitaphe prend tout ce qu'il trouve d'extrême et secoue tout ça dans un shaker jusqu'à ce que ça mousse. Seul "Rêverie" nous amène une courte respiration sous forme d'interlude instrumental acoustique, une bouffée d'air salvatrice dans un album étouffant et éprouvant qui vous malmène tout le reste du temps. D'ailleurs, "Downward Stream" qui le suit remet les pendules à l'heure à gros coups de blasts sauvages d'entrée de jeu histoire de bien vous faire comprendre que la pause était de courte durée et que vous allez encore souffrir un moment.

Vu les influences mélangées, les morceaux sont assez dynamiques et passent d'une ambiance à l'autre et gardent votre attention malgré leur longueur. Les différentes parties s'enchaînent naturellement et on passe du death au doom en passant par le black sans problème et sans se demander si les transitions étaient judicieuses. Epitaphe travaille ses morceaux et ne s'amuse pas à passer d'un style à l'autre pour le plaisir de l'exercice, chaque changement apporte ses ambiances et ajoute en profondeur à des morceaux qui sont déjà bien denses et intenses. C'est d'ailleurs ça qui caractérise le mieux la musique du groupe, l'intensité, plus que les multiples influences extrêmes mélangées. Comme pour la démo, on sent que les influences sont majoritairement old school et le death pratiqué ici n'a rien d'une débauche de technique ou d'une avalanche de blasts supersoniques. La violence est crue, brute, sale, les ambiances sont pesantes, désespérées aux frontières de la folie et l'heure que dure l'album vous fera passer par les neuf cercles de l'enfer. Quelques passages plus calmes se font entendre au sein des morceaux mais ce n'est que pour mieux reprendre l'assaut avec une rage et un désespoir renouvelés une fois votre garde baissée. Dans tous les cas, à la fin de cette heure de musique, vous serez sur les rotules, épuisés par l'intensité de la bête et les cinq morceaux à tiroirs qui constituent ce "I" vous auront poussés jusque dans vos derniers retranchements. Ici, vous ne trouverez aucune mélodie mélancolique, aucun chant clair accrocheur, aucune ligne mémorisable, rien d'accessible qui puisse vous permettre de souffler et de mieux encaisser le choc. Chez Epitaphe, ce qui n'est pas mort est totalement fou, le groupe vous veut du mal et va vous le faire comprendre sans prendre de gants.

Un premier album qui confirme le potentiel de la démo et qui prouve qu'Epitaphe n'est clairement pas là pour rigoler. Un death teinté de doom sale et old school aux relents black à tenir éloigné des oreilles sensibles car seuls les amateurs d'extrême pur et dur trouveront leurs marques dans ce champ de ruines.


Murderworks
Juillet 2019




"Demo MMXVII"
Note : 15/20

Restons sur la scène française avec un autre nouveau venu, Epitaphe, qui nous donne à entendre sa démo tout simplement nommée "Demo MMXVII". Trois morceaux pour près de quarante minutes, le ton est donné et il ne va pas falloir s'attendre à du bourrin bas du front qui fonce dans le tas sur des morceaux de trois minutes.

Et pourtant la démo s'ouvre sur "The Downward Stream" qui nous attaque au blast d'entrée de jeu et avec le son bien gras et sale ça nous rappelle les bonnes heures de ce qu'on appelle le war metal. Pourtant, Epitaphe pratique un mélange de death et de doom, mais pas à la façon des romantiques du doom qui pondent un metal propre, gentil et beau avec simplement du growl par dessus. Epitaphe préfère balancer un death très sale, brutal, malsain et pesant qui dans ses moments les plus lourds tombe dans la fange et donne dans le doom glauque et gras. En bref, on est plus proche d'un feeling à la Autopsy, des moments les plus crades du premier Paradise Lost ou de Disembowelment que de Swallow The sun, les romantiques qui traîneraient encore par ici peuvent fuir à toutes jambes. Le chant est versatile mais systématiquement dégueulasse, que ce soit du growl, pitché ou non, des cris plus aigus, ça reste toujours bien glaireux et poisseux. L'alternance du death au doom se fait sans accroc et les transitions sont travaillées, de quoi dynamiser des morceaux quand même très longs puisque naviguant entre dix et dix huit minutes. L'ambiance est évidemment glauque, malsaine et les trois morceaux rivalisent d'immondice pour nous plonger au fin fond des égouts et nous remplir les tympans de graisse et de sang. On note aussi quelques effets psychés et inquiétants qui vrombissent, qui nous vrillent le crâne et qui nous rappellent au bon souvenir du "Epistemological Despondency" d'Esoteric.

"Embers", quant à lui, démarre de façon presque tribale, voire rituelle, histoire de se faire encore plus rassurant évidemment. Et quand le metal revient à la charge, c'est avec des contretemps et des riffs dissonants avant de partir dans des structures qui semblent avoir le bougeote ou être sujettes à une schizophrénie avancée. La production est volontairement sale, grasse, donnant l'impression d'un mur de son constitué à base de substances non identifiées dans le but avoué de nous submerger et de nous torturer les tympans et les méninges. Vous comprendrez aisément que si vous ajoutez à ça la violence sans pitié de certains passages, vous obtenez trois morceaux éprouvants qui n'ont rien d'une balade de santé et qui risquent d'en laisser plus d'un à genoux à la fin des quarante minutes. "Smouldering Darkness" termine d'ailleurs la démo en débutant sur une basse bien bourdonnante qui devrait achever ceux qui sont arrivés jusque là puisque ce dernier morceau tape dans les dix-huit minutes et qu'il ne va pas vous ménager non plus. D'ailleurs, ce début de morceau rappelle lui aussi les débuts d'Esoteric, c'est dire sur quoi vous allez tomber ! En tout cas, les influences d'Epitaphe sont clairement old school et la modernité n'a aucune place ici, les passages les plus brutaux sentent le bon vieux death gras et primaire, celui qui balance des riffs simples mais glauques et qui ne lésine pas sur les ambiances les plus crades à haute teneur en caveaux humides et en chambre capitonnée.

Voilà donc une démo intéressante pour un groupe ancré dans le old school et qui propose un mélange death / doom très sale, violent et malsain comme peu en proposent encore de nos jours. Si vous voulez de l'extrême qui ne fait pas semblant et qui ne sacrifie rien à la modernité, Epitaphe est fait pour vous.


Murderworks
Décembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/epitaphemetal