Jeune groupe nantais formé en 2017, Entropy Zero sort son premier album "Mind Machine : A New Experience" après un EP sorti en 2018. Décrit comme du cyber rock, le groupe développe un univers marqué évidemment par la science-fiction et va donc utiliser pas mal de sonorités électroniques. Puristes s'abstenir donc d'autant que la musique du groupe est purement instrumentale.

Ceux qui ont écouté le premier EP du groupe qui a précédé cet album auront remarqué que son nom était "Mind Machine" et ne seront pas étonnés de voir que l'on retrouve les cinq morceaux qui s'y trouvaient sur "Mind Machine : A New Experience". En plus de ces morceaux, on en a donc six totalement inédits qui permettent de remarquer que le groupe sait où il va puisque ces deux périodes de composition se fondent en un tout cohérent. Après une petite intro c'est "Memory Process" qui ouvre le bal et on sent de suite l'influence synthwave des Perturbator et autres Carpenter Brut. Quelques guitares accompagnent les mélodies produites par les claviers et l'ambiance générale est évidemment en mode cyberpunk ou science-fiction. Les morceaux sont plutôt entraînants et accrocheurs malgré l'ambiance assez froide et le groupe ne s'étale jamais avec des morceaux tournant autour des quatre ou cinq minutes. Entropy Zero recherche l'efficacité et propose donc des morceaux assez compacts dont le but est de vous faire remuer en vous embarquant dans l'univers qu'ils se sont créé au passage. Le pari est plutôt réussi et même si les principales influences sont assez facilement identifiables, ce premier album enchaîne les mélodies accrocheuses et on se retrouve assez vite pris dans le délire. C'est d'autant plus efficace que l'on sent une sorte de trame se dérouler malgré l'absence de paroles avec par exemple "We The Titans" qui balance des riffs et mélodies plus durs et plus menaçants après l'ambiance froide des premiers titres. Et sur "Exo" c'est un petit saxo qui vient poser une ambiance à la Blade Runner en nous renvoyant ces images de mégalopole sale et bondée sous une nuit pluvieuse.

Bien évidemment, Entropy zero ne s'adresse pas aux puristes et les amateurs de musiques électroniques auront plus de facilité à y retrouver leurs petits. Les guitares sont tout de même assez discrètes et font plus figure d'accompagnement que de pièce maîtresse. Encore une fois, si vous appréciez la synthwave, vous devriez pouvoir accrocher très vite à la musique du groupe qui s'en inspire pas mal avec peut-être le côté années 80 moins marqué et remplacé ici par un feeling plus froid et orienté SF. "Pretty Little Dead Thing" nous amène des ambiances presque cinématographiques avec en prime des choeurs proches de chants grégoriens pour une ambiance plus sombre et pesante. La mélancolie se poursuit avec "Discharge Singularity" dont les mélodies n'invitent pas franchement à la célébration non plus. En tout cas, le groupe sait mettre en place des ambiances évocatrices et malgré le fait que ce soit de la musique instrumentale, les images nous viennent en tête de suite et une trame imaginaire se déroulent sans avoir besoin de paroles en soutien. La musique instrumentale n'est jamais un exercice évident et Entropy Zero s'en sort avec les honneurs sur ce premier album plutôt efficace et prenant. Encore une fois, les métalleux qui passent par ici risquent de rester un peu sur leur faim mais ce n'est pas la première fois qu'un album qui n'est pas purement metal se fait une place en ces pages donc vous devriez être habitués.

Un premier album bien foutu qui s'inspire certes pas mal de la synthwave mais qui crée son univers et qui se démarque du reste de cette scène par un côté plus cyberpunk et plus froid. A réserver toutefois aux esprits ouverts puisque le metal n'a pas vraiment sa place ici et que les guitares sont assez discrètes par rapport à nos standards de bouchers.