Si vous aimez les groupes difficiles à classer, les Polonais d'Entropia vont vous intéresser ! Se décrivant eux-mêmes comme un groupe de metal psychédélique, ils mélangent allègrement le black metal, le post, le sludge et donc des sonorités plus ou moins psychées selon les humeurs. C'est son quatrième album "Total" qui nous intéresse aujourd'hui et vous pouvez vous préparer à patauger dans la boue et dans quelques substances non identifiées aux vapeurs hallucinogènes.

Le précédent album "Vaccum" balançait un groove presque dansant et assez déstabilisant au milieu d'ambiances très sombres. Le mélange était particulier mais fonctionnait très bien avec en bonus une production assez chaude et un son globalement énorme. Pas de changement à ce niveau-là puisque "Total" sonne lui aussi très bien et bénéficie d'une très bonne production, propre, puissante et organique même si cette fois un peu plus froide. Les ambiances sont elles aussi plus froides de toute façon et le léger changement d'approche est donc totalement logique. On l'entend dès "Retox" qui ouvre l'album avec une mélancolie prégnante et des riffs plus black metal sur un mid-tempo massif agrémenté de quelques blasts. Le côté psychédélique est pour le coup mis de côté et ce sont des ambiances plus sombres et plus mélancoliques qui prennent le pas sur ce premier morceau. "Mania" amène quelques structures plus complexes et un côté expérimental plus marqué mais reste là aussi mélodique et assez sombre. La répétition de certains motifs lui donne un côté hypnotique plus marqué et renoue un peu en ça avec l'approche psychédélique mise en avant par le groupe. On y sent aussi les influences post-metal bien plus marquées cette fois, les ambiances noires mais presque éthérées et ces riffs au groove plus moderne nous y renvoient clairement. Les morceaux sont d'ailleurs toujours aussi longs puisque "Total" n'en compte que cinq pour un total (oui, il fallait la faire...) de quarante-huit minutes. Pour autant, l'approche à la fois un peu plus black metal et beaucoup plus post metal rend ce nouvel album plus accessible et plus homogène que ses prédécesseurs.

Pas de changements drastiques mais une approche plus sombre, plus mélodique et mélancolique qui laisse moins de place à l'expérimentation et un peu plus aux émotions. Le chant se fait très discret et n'intervient que rarement laissant un maximum de place à la musique pour s'exprimer et poser ses ambiances. Il est clairement utilisé comme une ponctuation, un moyen d'appuyer le propos à des moments clés. Si les morceaux sont assez longs et denses comme précisé plus haut, la palme revient tout de même au morceau-titre et son quart d'heure. Là aussi on a droit à notre lot de groove, de riffs froids et d'ambiances sombres, aériennes et mélancoliques. Entropia s'y fait plus pesant et se permet de glisser quelques changements de tons au milieu d'un morceau globalement hypnotique et un peu plus étrange que ses confrères. La deuxième partie du morceau se fait d'ailleurs bien plus aérienne et développe des ambiances bien plus évocatrices et immersives. Quand les guitares reviennent après un break très posé, c'est avec des riffs bien plus lourds et les hurlements qui ne s'étaient pas encore fait entendre depuis une bonne douzaine de minutes font un bref retour. Le bien nommé "Final" qui clôt l'album nous fait même entendre de discrets arrangements presque synthwave au milieu de metal très post là encore avec des arpèges mélancoliques et une ambiance qui renvoie à l'introspection. "Total" se fait par conséquent un peu plus direct et moins fou que les précédents albums mais regroupe la plupart des éléments qu'y a développé Entropia. Les racines black metal, les infleunces post, de légères touches expérimentales, un groove imparable, bref la patte du groupe est là.

"Total" propose toutefois un visage différent et Entropia confirme qu'il aime nous prendre par surprise avec ce nouvel album plus mélancolique et plus contrôlé. Les ambiances y sont plus puissantes, les émotions y prennent plus de place mais le groupe y fait presque une synthèse de tout ce qu'il a développé jusqu'ici en amenant le tout dans une autre direction. Un renouvellement qui nous fait penser qu'Entropia n'a pas fini de nous étonner !