Le groupe
Biographie :

Enter Shikari (anciennement Hybryd) est un groupe anglais de post-hardcore, formé en 2003 à St Albans, dans le Hertfordshire et composé de Roughton "Rou" Reynolds à la voix et au clavier, Chris "Batty C" Batten à la basse et à la voix, Liam "Rory" Clewlow à la guitare et Rob Rolfe à la batterie. Dès son premier album "Take to the Skies", le groupe se classe à la 4e place des charts britanniques. Les albums suivants décrivent la même trajectoire puisque le second, "Common Dreads", se classe directement à la 16e place et le troisième, "A Flash Flood of Colour", à la 4e place dès leur première semaine. Les membres du groupe sont responsables de leur propre label, mais ont signé auprès de majors afin d'assurer la distribution de leurs albums dans le monde. Leur style est difficile à décrire car il y a beaucoup d'influences musicales sur un même album, et parfois dans une même chanson. Globalement, ils représentent le croisement entre le post-hardcore, le screamo, le punk et l'electro.

Discographie :

2007 : "Take To The Skies"
2009 : "Common Dreads"
2012 : "A Flash Flood Of Colour"
2015 : "The Mindsweep"
2023 : "A Kiss For The Whole World"


Les chroniques


"A Kiss For The Whole World"
Note : 16/20

Vingt ans et sept albums pour Enter Shikari ! Créé en 2003 après quatre années d’existence sous le nom d’Hybryd, le groupe britannique composé de Roughton “Rou” Reynolds (chant / clavier), Liam “Rory” Clewlow (guitare / choeurs), Chris “Batty C” Batten (basse / choeurs) et Rob Rolfe (batterie) annonce en 2023 la sortie d’"A Kiss For The Whole World", chez SO Recordings et Ambush Reality.

J’avoue pour ma part ne connaître le groupe que de réputation, de part ses live survoltés, et on s’imagine très vite l’énergie que les quatre musiciens peuvent déployer sur scène dès "A Kiss For The Whole World", le premier morceau, qui alterne passages doux mais enjoués avec des déferlantes de vivacité aux sonorités electro motivantes. Chant saturé et rythmique saccadée nous mènent habilement à "(Pls) Set Me On Fire", une composition légèrement plus sombre, mais tout aussi fédératrice avant que le groupe ne se montre plus accessible avec "It Hurts", un titre plus rythmé mais également plus dansant. Les influences modernes rendent le morceau entraînant avant de laisser place à des racines trap plus lourdes sur "Leap Into The Lightning", une composition où les éléments se succèdent pour donner à ce morceau très chargé une énergie brute. Sur la partie finale, les cris permettent au groupe de renouer avec ses influences metalcore avant que "Feed Yøur Søul", un interlude electro, ne vienne nous offrir une partie énergique et effrénée en nous menant à "Dead Wood", où la voix mélancolique se mêle à des orchestrations étrangement douces et enjouées.

L’intensité croît lentement, puis se transforme en rythmique lourde mais sautillante et fédératrice sur le final, avant que le groupe ne nous propose à nouveau ses influences trap pesantes et agressives mêlées à sa base de post-hardcore sur "Jailbreak", l’un des titres qui sera probablement le plus efficace pour emporter la foule dans leur universe. "Bloodshot" fait renaître les éléments electro accrocheurs et motivants, suivi par "Bloodshot (Coda)", une outro aux tonalités similaires qui nous offre un moment de répit avant que "Goldfĭsh ~" ne nous souffle avec son mélange habile entre trap lourde, post-hardcore vif et chant accrocheur. Le groupe continue sa danse folle avec "Giant Pacific Octopus (I Don’t Know You Anymore)" et ses sonorités… originales, qui vont mélanger toutes les influences les plus larges et complémentaires du groupe pour rythmer cet hymne fédérateur pour le public, avant de refermer l’album avec "Giant Pacific Octopus Swirling Off Into Infinity…", une outro moderne plus apaisante qui nous laissera en effet dériver vers le néant.

Enter Shikari est une boule d’énergie, c’est indéniable. Entre modernité et sonorités diversifiées qui se rencontrent dans une vague de riffs accrocheurs, "A Kiss For The Whole World" ne peut que satisfaire son public.


Matthieu
Mai 2023




"The Mindsweep"
Note : 15/20

C’est 3 ans après la sortie de l’album "A Flash Flood Of Colour" que la bande de St Albans nous revient avec "The Mindsweep". Enter Shikari était déjà un groupe à part, ne rentrant dans aucun style précis, mélangeant metal, hardcore, punk, eléctro… Cela se confirme avec "The Mindsweep", le quatuor a bel et bien un style unique et le moins que l’on puisse dire c’est que cet album est riche… très riche !

Inutile de chercher à leur coller une étiquette, inutile même de lister leurs influences car "The Mindsweep" part absolument dans tout les sens. Passant du metal, au hardcore, au punk, au post-hardcore à l’electro, à la dubstep, à la balade parfois même avec quelques touches de rap ("Never Let Go Of The Microscope"). Différents styles parfois entremêlés mais aussi parfois mis bout à bout ; la première écoute est d’ailleurs assez difficile. Les Anglais sont réellement capables de tous les exploits de créations musicales. Des touches pop sont également mises en valeur à travers le titre "The Last Garrison", à mon grand étonnement. De plus, l’on retrouve à travers "There’s A Price On Your Head" une très claire influence de System Of A Down tant au niveau de la voix qu’au niveau du rythme saccadé. Ce titre ainsi que "The Appeal And The Mindsweep II" reflète parfaitement l’esprit décalé du groupe, peut-être trop décalé, en effet ces deux titres semblent illustrer une parfaite folie… parfois drôlement bordélique ! Le quatuor s’égard et met à contribution toute l’excentricité dont ils sont capables de fournir ; rythme saccadé, electro poussé au maximum de sa capacité, voix révoltée et délirante, son d’une boîte à musique et instruments normalement utilisés dans la musique classique, comme par exemple, dans l’"Interlude" (violon, haut bois, instruments à vent… etc). Parmi des titres, tous, plus ou moins, électriques, l’on trouve un titre nommé "Dear Future Historians…" réalisé presque essentiellement au piano et à la voix claire ; une berceuse parmi la révolte, à l’impact efficace. En bref, un rendu troublant, qui peut parfois laisser perplexe. Ce medley fou peut, cependant, être significatif de la situation sociétale actuelle qu’ils dénoncent. Toujours aussi révoltée et engagée, la voix de Rou ne cesse de scander les méfaits du monde actuel et plus précisément du gouvernement du Royaume-Uni, critiquant, par exemple, le service de santé du Royaume-Uni avec le titre " Anaesthetist". La première phrase prononcée dans cet album est, d’ailleurs, assez significative de l’idéologie de l’album et offre une entrée de jeu efficace : "This is an appeal to the struggling" (c’est un appel à la lutte). Tout dans l’univers d’Enter Shikari et plus que jamais dans cet album, comporte des éléments inattendus. Enfin, cet album offre une voix aux multiples facettes, souvent écorchée, passant du scream au chant clair avec une grande facilité, des rythmes variés, des riffs dansants très présents et des éléments electro toujours plus nombreux, parfois envahissants mais souvent indispensables à l’atmosphère d’Enter Shikari.

Les quatre membres d’Enter Shikari ont frappé fort avec les 12 titres de "The Mindsweep". Un album qui m’a laissé sans voix aux premières écoutes, ne sachant que choisir entre  l’adoration et le mécontentement. L’on peut dire que certains titres sont des erreurs parmi du génie. Cependant, une crainte flotte légèrement dans l’air en pensant à la suite du travail de création du quatuor. Jusqu’où iront-ils dans l’originalité ?


Lucie
Mars 2015




"A Flash Flood Of Colour"
Note : 14,5/20

Dernier album des fous furieux, cet album se veut un peu plus évolué et différent des autres. Là où le groupe tâtonnait encore il y a deux ou trois ans, il a bien développé son style personnel. Au croisement subtil entre metal, hardcore, thrashcore et electro, le groupe sait marier les genres pour offrir à son auditoire des compositions de qualité, mais également se placer comme le seul fournisseur de ce style de musique. Précurseur du genre, Enter Shikari captive un large public avec des compositions recherchées et des subtilités apportées par chaque musicien. Là où quelquefois certains auraient été tentés de ne mettre qu'une boîte à rythmes, Enter Shikari ne se passe pas de son batteur, qui marque avec une profonde puissance les beats les plus improbables.

Empruntant autant au hardcore qu'au dubstep (une nouveauté dans les oreilles des fans...), le groupe s'appuie toujours sur un chanteur au top, crachant ses paroles au son de sa voix dérangeante et écorchée. Les breaks sont bien amenés et les compos puissantes, arrivant comme autant d'invitations à bouger pour le public. Un peu "chiant" sur CD à la longue, de par certains morceaux qui se ressemblent et se répètent, le groupe pourra donner toute la pleine mesure de ces titres en live où l'énergie compensera les imperfections. L'ensemble de "A Flash Flood Of Colour" reste assez plaisant tout de même et les enchaînements entre les différents styles, ainsi que les arrangements, sont beaucoup moins téléphonés qu'à l'accoutumée. Le groupe pose là dessus des paroles assez revendicatives par rapport à une société qu'il trouve malade, ce qui n'est pas original mais qui n'est pas pour nous déplaire non plus au vu de l'énergie qu'ils y mettent. Dans cet album, le groupe ne tâtonne plus à la recherche d'arrangements et de passages entre les différents styles. Certes l'esprit est toujours barré et les enchaînements improbables, mais le passage d'un style à un autre se fait beaucoup plus naturellement que sur les précédents opus.

A l'heure où la musique a besoin de renouveau, à l'heure où les kids cherchent toujours plus de basses et de sensations (le dubstep par exemple...), Enter Shikari propose une alternative entre les deux qui se veut résolument populaire, et dansante. A voir en live...


Sam
Mars 2012


Conclusion
Le site officiel : www.entershikari.com