Le groupe
Biographie :

Formé en 2004 à Porthsmouth, le groupe de metal progressif Enochian Theory a déjà réalisé un EP et deux albums. Souvent comparés à Riverside pour leur capacité à alterner prog et metal, les Anglais publient en 2012 un excellent album mature et personnel, enregistré en août 2011, aux Aubitt Studios de Southampton sous la houlette de Rob Aubrey (Transatlantic, Iq, Tony Levin…). Enochian Theory travaillait à la composition de ces morceaux depuis la fin 2010 et sa tournée avec Spock’s Beard.

Discographie :

2006 : "A Monument To The Death Of An Idea" (EP)
2009 : "Evolution: Creatio Ex Nihilio"
2012 : "Life...And All It Entails"


La chronique


Vous voulez encore du prog ? Comme c'est mon jour de bonté je vais vous en donner encore un peu, cette fois ce sera avec le troisième albums des Anglais de Enochian Theory nommé "Life...And All It Entails".

Et il annonce la couleur dès le premier morceau cet album, ambiance clairement mélancolique et des lignes de chant qui peuvent parfois rappeler Tool. D'ailleurs tout l'album restera drapé dans cette tristesse, donnant une musique souvent très calme, posée et donnant dans des rythmes assez lents. Pas vraiment le genre de groupes à donner dans la frénésie au niveau des structures, Enochian Theory fait plutôt dans le feutré et la finesse. Intention louable et plutôt mission réussie en dehors d'un ou deux petits couacs sur lesquels je vais me pencher, couacs qu'on entend surtout au début de l'album.

Les morceaux sont tous de très bon niveau mais je trouve qu'il y a un problème de rythme, pas forcément des passages à vide mais presque des erreurs de positionnement dans la tracklist. Le deuxième morceau se termine par près de 3 minutes instrumentales assez calmes et planantes, et on enchaîne sur le troisième qui est une sorte d'interlude là aussi de 3 minutes avec des voix qui parlent en arrière-plan. C'est clair que ça installe l'ambiance mais je trouve que placé directement en début d'album comme ça, qui plus est après un très bon "This Aching Isolation" ça coupe un peu le rythme et empêche une immersion totale. Maintenant il n'y a peut-être que moi que ça gêne cette coupure de rythme au début, mais bon ça ne me gâche pas non plus l'écoute de l'album. Je trouve juste que le premier morceau est tellement bon que le coupure est un peu brusque, placée un peu plus tard ça ne m'aurait posé aucun problème.

Parce qu'à ce niveau là par contre il n'y a pas de problème, il est difficile de rapprocher la musique d'Enochian Theory de celle d'un autre groupe tant celui-ci a développé son propre univers. Et la joie n'est pas vraiment à sa place ici, tout l'album est habité par une sorte de beauté glacée et désabusée. En fait le titre de l'album n'aurait pas pu être mieux choisi tant il résume à merveille l'ambiance qui y règne, pour les non anglophones ça veut dire "La vie...et tout ce que cela implique". Et forcément les moments de bonheur, en dehors de quelques privilégiés, ne sont pas les plus nombreux. D'où le côté assez sombre de l'album, parsemé effectivement de quelques rayons de lumière.

Donc malgré le petit problème de rythme énoncé plus haut, je dois que le groupe maîtrise plutôt bien son sujet. Techniquement c'est clairement au point, le son est très bon avec une basse bien présente et comme je le disais là aussi tout à l'heure, certaines intonations du chanteur rappellent Maynard James Keenan. Et quand on connaît le chant du monsieur, on sait à quel point il faut être doué avec sa voix pour tenter le même registre. Pour rester dans le domaine du chant, plus on se rapproche de la fin de l'album plus ils ont tendance à devenir agressifs. On entend à plusieurs reprises des sortes de growls aigus, proches d'un chant black metal. Assez surprenant d'ailleurs sur un album aussi soft, le contraste est très bien amené avec les parties plus mélodiques qui les entourent.

Au final un bon album dans le genre, Enochian Theory a une personnalité bien affirmée et évolue déjà dans son monde au bout du troisième album. On se laisse prendre facilement au jeu, les différents arrangements ont été particulièrement soignés, on devine que rien n'a été laissé au hasard et que le groupe savait parfaitement ce qu'il voulait construire. Autre preuve d'une vision artistique indéniable, et d'un certain talent de composition. Sans quoi ce "Life...And All It Entails" n'aurait pas tenu la route bien longtemps. Si vous lui donnez sa chance vous pourrez y trouver plein de choses intéressantes, et une certaine classe.


Murderworks
Juillet 2012


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.enochiantheory.co.uk