Il était une fois il y a longtemps (2002), dans les contrées perdues d'une forêt sauvage, une bande de jeunes alcooliques dont une des beuveries tourna mal, au point qu'ils décidèrent de créer leur groupe de "grind thrash HxC muzette S&M electro jungle black doom". De là, les prestations scéniques s'enchaînent, le projet prend la forme et voici qu'Enlève Ton Doigt est né. Après un clip bien sale, cette charmante formation venue de l'ouest accouche aujourd'hui, tant d'années après, de son premier album.
Alors, Enlève Ton Doigt, c'est quoi ? De loin, je dirais que ça ressemble au carnaval de Dunkerque, avec une vache qui aurait une gastro, le tout dans un hôpital psychiatrique, entouré d'enfants qui regardent Las Vegas Parano en s'essuyant le cul avec Servietsky. Bon, de plus près, en supposant qu'ETD fasse de la musique, on serait sur un terrain proche de celui de Vaginal Cassoulet, Gronibard, Anal Chaos et AnalTV. Vous l'aurez compris, nous sommes ici sur le terrain du grind débile et gentil, de la violence pure et qui tache, sur fond de bruit qui fait saigner les tympans.
Des riffs plus ou moins travaillés mais qui te font sautiller la coquillette dans le slibard à chaque coup, des hurlements de cochon étranglé mêlés à de la gorge étouffée à coups de gode-ceinture, on s'en donne à coeur joie devant tant de je ne sais quoi sonore. Ce cri de haine et d'amour, qui tantôt en fout plein la gueule à Sarko, tantôt te balance un pseudo tutoriel à la flûte de leurs bêtises, tantôt te reprend une comptine pour enfants avant d'enchaîner sur un remix de l'Internationale, a pour mérite de te surprendre à chaque nouvelle piste, en s'enfonçant encore un peu plus dans une bien délectable stupidité.
Bref, ETD se fiche de tous les codes musicaux, tire la langue aux professionnels de cet art si subtile, pour réaliser des mélanges impossibles, tout en déchainant leur bestialité sur scène, grâce à un certain talent leur permettant d'offrir une prestation originale et revendicatrice d'une liberté artistique totale. Longue vie au doigt !
|
|