Je fais souvent référence, lorsqu’il est question de metal traditionnel, à la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal), mouvement des années 70-80 qui a vu naître les Judas Priest, Iron Maiden, et autres formations heavy metal de renom en Angleterre. J’étais moins familier avec la NWOTHM, dites "New Wave Of Traditionnal Metal", démarrée dans les années 2000. Enforcer se déclare comme l’un des instigateurs de cette nouvelle "vague".

Jamais un album n’aura eu un nom aussi révélateur. En effet, "Nostalgia" mise en grande partie, vous l’aurez deviné, sur la nostalgie. L’approche un peu glam metal des Suédois nous éloigne de l’habituelle proposition de ce pays, qui nous a habitués surtout au death, au black ainsi qu’au power metal. Malgré que le groupe déclare que le metal n’a rien uniquement de la vieille école, et qu’il est intemporel, il n’en demeure pas moins qu'Enforcer ravive la flamme du passé, surtout portée par une production rappelant justement les grands albums de l’époque.

C’est donc une voix haute perchée livrée sur fond de mur de guitares qui attend l’auditeur. Bien entendu, les solos sont savoureux et combleront l’appétit des amateurs de ce genre de prouesse. Il faut également compter sur la nécessaire power ballad, et Enforcer y va de tout son Scorpions intérieur avec la pièce-titre "Nostalgia". À défaut de me répéter, si votre fibre nostalgique ne vibre pas aux sonorités Maidenesques sur "At The End Of The Rainbow", je ferais clairement vérifier votre pression sanguine. Je faisais mention de glam metal en introduction à cette chronique, mais le groupe ne se gêne pas également pour y aller à fond la caisse, lorgnant du côté du speed metal avec la rapide et dangereuse "Metal Supremacia".

Avec ses influences rock et glam, la musique d’Enforcer, décidément ancrée dans le passé, ne fait pas que je jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, elle s’assure également de regarder bien en avant, le pied sur l’accélérateur.

C’est parti pour 47 minutes de metal old school avec les Suédois d’Enforcer Le prédécesseur de "Zenith", "From Beyond", est sorti en 2015 déjà et je dois bien avouer que je m’attendais à une meilleure suite surtout avec ce titre d’album et cet artwork. Le disque a de nombreux points forts mais ne permet pas au groupe de franchir un nouveau palier dans sa carrière. A moins que ce soit un nouveau départ, ils avaient bien annoncé qu’ils expérimenteraient ! Pas de doute là-dessus. J’aime beaucoup ce groupe et j’ai écouté de très nombreuses fois le disque pour trouver ce qui me perturbait, en fait à l’écoute du disque on ne sait pas où ils veulent aller, les directions musicales sont très (trop) variées et sans réel fil conducteur. Sur 10 morceaux, on a des directions un peu trop différentes : du heavy, du speed, des ballades, un morceau très rock avec le morceau d’ouverture, etc… A force d’expérimenter, on peut finir par se perdre on ne sait où. Depuis la sortie de "From Beyond" ils ont eu le temps de beaucoup tourner et de tenter beaucoup de choses et c’est très bien, mais de là à atteindre le "Zenith"…

Ce disque que j’imaginais facile à chroniquer m’aura valu de réécrire la chronique à plusieurs reprises. Autant commencer par les points forts indéniables ! On sent rapidement que le groupe a pris son temps pour écrire les morceaux, il en ressort des titres comme ils n’en ont pas composés jusqu’alors. Les ambiances sont poussées, les moindres détails sont très travaillés, ils ne se sont pas donnés de limites. C’est très ambitieux de leur part et de ce point de vue ils ont clairement réussi leur pari. Un autre point réussi, c’est que l’on retrouve encore ce mélange qui a fait leur succès jusqu’à présent : une base heavy avec grosse ambiance hard rock, même glam parfois. Ce mélange on le retrouve sur des titres comme "Die For The Devil", "Zenith Of The Black Sun" et les excellents et plus heavy "Searching For You" et "Thunder And Hell". Ce dernier est sans conteste le point fort de ce disque. On y retrouve vraiment tous les éléments qui font d’Enforcer un si bon groupe avec ce travail plus abouti encore sur la composition. La puissance du chant d’Olof est toujours aussi appréciée d’autant plus qu’il varie les registres de manière assez notable ici, aidé par une partie mélodique bien rodée malgré les changements d’effectif. Le dernier arrivé étant Jonathan Nordwall, qui devrait ajouter encore du volume à la rythmique, ça promet pour le live ! Autre point fort, on y trouve du contraste avec la ballade "Regrets" et son intro au piano, un morceau mélancolique à souhait mais avec un très bon rythme, ça promet un bon moment sur scène avec on l’imagine déjà les briquets et les téléphones allumés. On ne les attend pas forcément sur ce créneau mais force est de constater qu’ils s’en tirent très bien.

Après tout, nous verrons bien, peut-être que cet album sert de base pour la suite et pour savoir dans quelle direction le groupe veut aller car des albums avec des genres différents, des ambiances différentes il y en a beaucoup mais il y a au moins une trame de fond nous donnant le déroulé du disque. Et c’est ce fil conducteur qu’il manque ici et qui donne parfois plutôt une allure de compilation à ce disque. C’est assez dommage, on sent bien qu’ils ont creusé leurs morceaux dans la composition et si on prend chacun d'eux individuellement, il n’y a que peu de choses à redire, mais l’assemblage n’arrive pas à convaincre malheureusement… A vouloir trop creuser et donner un album très solide, ils ont perdu une grosse partie de leur spontanéité et de leur fun. Le fait est que j’ai vraiment du mal à mettre cette note de 13/20 mais considérant qu’un album est un tout et pas juste une succession de chansons, il y a vraiment une gêne qui s’installe à l’écoute malgré la grande qualité de certains titres. Bien que les autres morceaux soient un peu à l’étroit dans ce disque ou qu’il aurait fallu faire un ordre différent, il y en a bien un qui n’a clairement pas sa place sur ce disque, c’est "Sail On". Il est particulièrement ennuyant et rien ne se passe, c’est d’autant plus perturbant si on compare à ce qu’il y a sur cet album. Mais le principal était de terminer sur une bonne note et "Ode To Death" et ses 6 minutes 57 secondes avec son côté très Manowar (inattendu pour les Suédois) boucle à merveille l’album.

L’artwork laissait présager un album assez sombre en plus du côté heavy, en tout cas Velio Josto a fait un magnifique boulot ! On y retrouve un côté mystique, puissant et encore ce côté pochettes des années 80 modernisé et numérisé. Autre point intéressant, le groupe a fait l’effort (enfin surtout son chanteur) de sortir l’album en version espagnole ! Le groupe, aimant particulièrement le public sud-américain (qu’il a beaucoup côtoyé), a sorti une version rien que pour lui, bel effort ! On peut notamment retrouver un clip pour "Muere Por El Diablo", la traduction de "Die For The Devil", surprenant et toujours efficace !

Si ça leur permet de trouver la direction à suivre pour le prochain album, ça peut se comprendre. Tant qu’ils gardent cette flamme qu’on perçoit toujours à l’écoute de leurs disques, ça reste l’essentiel. On sent qu’il y a matière à développer par la suite de très très bonnes choses ! Mais je repasserai au prochain album. D’ici là, il sera toujours temps de les voir sur scène parce que là, je pense qu’il y aura beaucoup moins de problèmes !

Déjà un nouveau disque pour Enforcer tout juste deux ans après l'excellent "Death By Fire". Pour cet album, les Suédois avaient marqué les esprits avec ces morceaux bruts de décoffrage qui nous donnent l'impression de retourner dans les années 80 et de retrouver tous ces groupes qui débutaient et qui désormais sont "mythiques". Alors est-ce qu'Enforcer va égaler voire surpasser son précédent cru ? Pas vraiment mais ils n'ont pas perdu pour autant leur esprit et l'album reste très très bon. Il m'a fallu cependant davantage d'écoutes pour l'apprécier à sa juste valeur. A votre tour de vous faire plaisir maintenant !

Dès le premier titre, on s'en prend plein la tronche avec un "Destroyer" qui n'est pas sans rappeler "Metal Militia" de Metallica, un morceau très rapide qui fait bien penser à ce que le groupe a déjà pu produire précédemment. C'est par la suite que les choses évoluent, leur speed metal ralentit fortement sur le titre éponyme, ce qui est en soi assez surprenant. Pas mauvais pour autant mais on s'attendait plutôt à ce qu'ils mettent les bouchées doubles sur ce titre. Ce qu'on a perdu en vitesse, on l'a gagné en structure musicale et en variété, l'album est beaucoup plus varié que ses prédecesseurs mais cette diversité me donne l'impression que la composition a été beaucoup plus réfléchie, plus mûrie et on y perd aussi donc en spontanéité, ce qui est sûrement la cause principale pour laquelle je préfère "Death By Fire" à "From Beyond". La seconde raison est que je préfèrais l'ambiance des disques précédents qui sont beaucoup moins ténébreux. C'est l'autre nouveauté de ce disque, beaucoup plus mélancolique mais ce n'est pas un mal en soi, ça nous permet de voire une autre palette de riffs et d'ambiances. Et pour ça, le dernier titre "Mask Of Red Death" en est le parfait exemple. Je n'aurai pas cru entendre ça de si tôt chez eux !

On ressent toujours fortement les influences des groupes notamment anglais mais c'est quand même mieux distillé que sur les précédents disques, ce qui est bien agréable. On garde en tête beaucoup de noms mais on n'a plus cette impression d'écouter un énième album sans âme comme on en trouve par centaines. Les compos sont soignées et mettent bien en avant les talents du combo. Le chant d'Olof Wikstrand est un point fort incontestable du groupe mais sans les riffs de Joseph Tholl, le son d'Enforcer serait beaucoup moins couillu ! Pour la rythmique, ça correspond bien à ce qu'on pouvait espérer, du rapide et assez agressif sans être bourrin. A croire qu'ils sont tous tombés dans la marmite étant petits, produire d'aussi bons albums coup après coup reste une sacrée prouesse dont peu peuvent se venter. Les choix qu'ils font sont en tout cas totalement cohérents et font qu'ils surprennent toujours, là on ne se dit pas "Ah encore un album d'Enforcer", on prend plaisir à fouiller dans les morceaux les variations de tempo, les duels de guitare, les ambiances changeantes. La preuve que l'album est très bon ! Là où je suis aussi satisfait c'est que le son de l'album rend beaucoup mieux, on a perdu ce côté trop clinique et rien que ça, c'est beaucoup ! Là c'est un peu plus "basique", un peu plus brut et moins chiadé. Bref j'adore !

Tout ça pour dire qu'avec ce quatrième disque, Enforcer enfonce le clou un peu plus comme une des références de ce revival musical. On comprend bien pourquoi ! Il ne leur manque qu'un brin de la spontanéité dont ils faisaient preuve dans le passé pour nous pondre à nouveau un disque excellent mais bon, là c'est chipoter !

"Death By Fire"
Note : 18/20

Enforcer c'est un combo suédois des années 2000 qui nous fait replonger dans le heavy traditionnel des années 80. Alors évidemment du heavy comme ils en font, on en a déjà eu il y a 30 ans mais pour cette nouvelle décennie les tendances sont plutôt dirigées vers tout ce qui se termine par –core. Donc moi je prends ! Surtout qu'avec ce troisième album, "Death By Fire" ils continuent de nous impressionner par autant de talent et de constance !

Cet album commence par une intro qui annonce le début de ce véritable mur sonore. Après ce son de cloches, on entame ce disque par un très bon (un des meilleurs) titres de l'album, ce "Death Rides This Night" me fait penser dès les premières notes à "Hit The Lights" de Metallica et je défie quiconque de me dire le contraire ! C'est pour moi loin d'être un défaut et ne présage que du bon pour le reste de l'écoute. C'est un superbe exemple de heavy efficace et structuré avec des riffs directs et un très beau solo. Avec "Run For Your Life" on conserve cette énergie qui ne semble pas quitter ces Suédois. C'est le genre de titre qui vous redonne du peps pour justement courir pour sauver sa vie !

Les morceaux sont tous homogènes mais ne sont pas là pour remplir, celui qui sort le plus c'est l'interlude instrumental "Crystal Suite" qui se situe juste avant le dernier tiers. C'est très Maidenien dans l'âme, avec ce duo batterie / guitare difficile de ne pas faire la comparaison du début de carrière de la Vierge de Fer, on sent très nettement leurs influences. Mais ça reste toujours à leur sauce malgré tout. Et c'est là l'intérêt de ce groupe et de ce disque, Enforcer nous prouve qu'on peut faire du neuf avec du vieux et sans copier sur ses aînés.

Le nouveau chanteur de la bande, Olof Wikstrand assure toujours autant ! Il ne crie pas pour faire démonstration, il ne pousse que quand c'est nécessaire et pourtant il en a sous le pied ! C'est plaisant d'écouter un groupe qui a les capacités pour en mettre plein la vue mais qui fait uniquement comme il l'entend sans chercher à épater la galerie. C'est pareil pour tous les autres instruments, ça envoie la sauce mais sans faire étalage. La mélodie et l'énergie priment chez Enforcer et ils se débrouillent très bien !

Si j'ai un reproche à faire ce serait par rapport à la prod' que je trouve un poil trop propre mais c'est vraiment du détail car elle est excellente. Sinon je ne vois vraiment pas quoi leur reprocher… L'artwork, quant à lui, est excellent, rien qu'en le voyant on sait déjà qu'on va passer un très bon moment !

Pour ceux qui n'aiment pas la musique brute de décoffrage, vous pouvez donc passer votre chemin… Quant aux autres je le recommande vraiment, pour le plaisir d'avoir à nouveau du matériel neuf à se mettre sous la dent dans ce genre musical. Si vous cherchez comment perdre 30 ans en 36 minutes, c'est sûrement une des meilleures cures de jouvence !

Antoine Mars 2013