Le groupe
Biographie :

Enepsigos est un groupe de black metal norvégien formé en 2015 et actuellement composé de : Thorns (batterie / Blut Aus Nord, Cryptic Wanderings, Darvaza, Deathrow, Fides Inversa, Frostmoon Eclipse, Kult, Liber Null, Manetheren, Martröð, Moloch, Tumulus Anmatus, ex-In Extremo Spiritu, ex-Nocratai, ex-11 As In Adversaries, ex-Acherontas, ex-Glorior Belli, ex-Handful Of Hate, ex-Macabre Omen, ex-Satanic Supplicia, ex-Svlfvr, ex-Entropic Degrade Behind Phylogeny), Straff (guitare, basse / ex-Sarkom) et V.I.T.H.R. (chant / Doedsvangr, Nordjevel, Svartelder). Enepsigos sort son premier album, "Plague Of Plagues", en Janvier 2017 chez Drakkar Productions, suivi de "Wrath Of Wraths" en Mars 2020 chez Osmose Productions.

Discographie :

2017 : "Plague Of Plagues"
2020 : "Wrath Of Wraths"


Les chroniques


"Wrath Of Wraths"
Note : 19/20

Quand la sphère black metal voit débarquer un nouveau groupe norvégien sur le marché, il y a toujours cette appréhension de tomber sur une grosse bouse qui réduirait en cendre les valeurs esthétiques érigées par les pionniers, nourris à Hellhammer ou Venom. On rigole pas avec le black, ah ça non, surtout qu’en ce moment, avec l’effervescence du post-black, certains aficionados du genre souhaiteraient un retour aux racines, post-black qui, d’ailleurs, ne sera plus "post" et qui de ce fait, sera frappé du même courroux que le nu metal, c'est-à-dire de porter le fardeau du marqueur temporel présent dans la définition du style qui le fera forcément passer un jour ou l’autre pour un phénomène de hype.

Enepsigos n’a pas de soucis à se faire, tant sa musique n’a rien de post quoi-que-ce-soit, mais de surcroît, ce trio infernal propose une relecture de l’art noir, tel qu’il était décliné dans les mid 90’s. Dès le début, malaise et folie prédominent, les riffs sont schizophrènes et labyrinthiques, le chant est bien dérangeant et dérangé, proche des délires de Mortuus, avec ce petit effet de style de tordre le timbre de la voix, à la Attila de chez le groupe maudit. Le son est bien glacé et glaçant, avec des guitares amples et denses, elles possèdent également un grain sale et peu défini, très distordu, un poil crust sur les bords, ce qui amplifie cette sensation de saleté omniprésente, comme si Rotten Sound se mettaient à faire du black. Enepsigos mise énormément sur la linéarité de ces titres, au revoir les couplets et les refrains, dès que vous franchissez la frontière interdite, une main démoniaque s’empare de vous et vous tire d’un coup sec vers les ténèbres.

Musicalement, "Wrath Of Wraths" est un maelstrom malsain qui avale l’auditeur sans que celui-ci ne puisse faire quoi que ce soit. On ressent une forme de chaos durant l’écoute, dans le sens où la musique semble elle-même ne pas savoir où elle va, dans le genre de Portal par exemple, avec le petit côté dissonant qui va bien. Le groupe est assez proche aussi de Mayhem et Funeral Mist, dans la manière de traiter son black, en puisant dans les tréfonds de l’âme humaine pour en extirper son essence la plus sale et dégénérée. Quelques petits éléments ajoutent la dose de religion qu’il faut pour qu’on y croît, comme ces chants religieux ponctués de gros coups de tambour au milieu du terrifiant "Cups Of Hanger", passage assez remarquable puisque l’espace d’un instant, on oublie carrément qu’on est en train de se farcir un truc haineux, et bim, Enepsigos se rejette à nouveau sur sa proie pour la lacérer sans vergogne. Ces peinturlurés de la face arrivent malgré tout à créer de la nuance, que ce soit à coup de dissonances stridentes, de rythmiques punk à souhait, de gros riff lourdingues, voire d’arpèges ultra macabres comme sur l’intro martiale de "Water And Flesh". En plus d’être aventureux musicalement, Enepsigos développe des titres longs, certains avoisinants les 8 minutes.

"Wrath Of Wraths" est une excellente surprise, encore une fois, le label français Osmose Productions ne s’est pas trompé, bien au contraire. A ce sujet, même si les gros poissons ont quitté le navire, je pense à Marduk, Immortal, Enslaved ou encore Absu, ce dénicheur de talents made in chez nous préserve sa réputation de découvreur de perles rares. Enepsigos est un groupe ancré dans le feeling des formations de la seconde vague, mais ajoute par-dessus cette énergie obscure cette touche complètement jetée, psycho à mort et vachement crédible ! Un must, destiné aux fans de Funeral Mist et des Mayhem post-Chimera.


Trrha'l
Mai 2020




"Plague Of Plagues"
Note : 15/20

Enepsigos est un groupe norvégien de black metal où on retrouve une tête connue. Pour ne pas la citer : V.I.T.H.R qu’on connait plus sous le pseudonyme de Doedsadmiral qui est une force créative dans des groupes tels que Nordjevel ou Svartelder. Ce qui bien entendu peut conduire à un certain niveau de hype et d’attente. On ne va pas se mentir, nous sommes humains, et quand on voit le nom d’une personne qui collabore régulièrement à des groupes qu’on apprécie vraiment... ça donne envie. Et comme c’est souvent à double tranchant, on va voir ce que ça donne ici avec Enepsigos.

L’album s’ouvre sur "Plague Of Plagues". Ici, chants rituels sont au rendez-vous. On a donc à faire à une introduction somme toute assez basique pour du black metal et qui a pour but de nous mettre mal à l’aise en développant une ambiance mystique et sectaire. Rien de neuf sous le soleil donc. Pourtant, cela ne s’arrête pas là et on se retrouve avec le packaging effet : messages à la radio comme en tant de guerre, et bruits évidents de mouches à merde (excusez mon langage, mais il faut appeler un chat un chat). Puis Enepsigos attaque directement. Donc au final, je m’attendais à une introduction bâteau et j’ai été surprise. Bien joué. Suit "Rütne Engler" qui permet d’identifier un peu plus clairement le style du groupe. Les vocaux sont très grinçants, borderline dérangeants (dans le bon sens). Les guitares se veulent tranchantes, c’est particulièrement marquant sur ce titre, et la batterie ne laisse que très rarement un moment de répit. Les musiciens ont très clairement la maîtrise de leurs instruments. On poursuit avec "Pagan Rites". On peut toujours remarquer la passion d'Enepsigos, mais j’ai cherché le moment où le tout décollerait sans trop de succès. Ce titre ne m’a pas marqué, et s’avère somme toute assez classique. J’ai davantage été convaincue par "The Cold Bones" qui apporte un petit je ne sais quoi qui enrichit la production du groupe. Suit "Manifestum" qui retourne à un black metal très classique, sans grand moment de brillance. Le boulot est fait, mais je ne suis pas foncièrement persuadée que c’est un titre qui me restera en mémoire à long terme. A noter cependant, le final très monastique qui sort d’on ne sait où et qui nous questionne. Le choeur nous accompagne jusqu’au titre suivant "Massedrapssalmer" dans une transition plutôt réussie. Avec "Ghoul", l’ambiance est une priorité absolue. Enepsigos prend enfin le temps de se poser. C’est peut-être mon titre préféré de l’album, et je lui trouve une intensité remarquable avec des nuances de rythme et d’atmosphère appréciables. L’album se termine sur "Askenatt" qui conclut tout en sauvagerie et en brutalité.

Paradoxalement, je trouve que l’album se base sur un concept plutôt simple mais assez compliqué à digérer. C’est un album riche avec des idées, mais qui mérite véritablement qu’on l’écoute plusieurs fois pour commencer à en comprendre les nuances. C’est parfois une écoute un peu ardue, car on a affaire à des titres assez longs, avec à boire et à manger. Enepsigos ne nous propose de titres qui vont révolutionner le milieu, c’est une certitude, mais je trouve que la production est d’une qualité suffisante, et servie par des musiciens de talent, pour qu’on puisse s’y attarder.


Velgbortlivet
Mai 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/enepsigosofficial