Le groupe
Biographie :

End Of Mankind est un groupe de post-black metal parisien formé en 2015 et actuellement composé de : Sagoth (basse / ex-Eternal Majesty, ex-Antaeus, ex-Aosoth, ex-Reverence, ex-Ancestral Fog), Volodia (batterie), Nesh (guitare / Azziard, Katacombes, Nydvind, ex-Acromion, ex-Bran Barr, ex-The Negation, ex-Ancestral Myth, ex-Mysteriis), Ghoulaxe (guitare / For The Real, Golden District, Radical Failure, Tromatized Youth, ex-Forest In Blood) et Anxiferath (chant). End Of Mankind sort son premier album, "Faciem Diaboli", en Novembre 2019 chez Mallevs Records, suivi de "Antérieur A La Lumière" en Novembre 2020.

Discographie :

2018 : "Faith Recoil" (EP)
2019 : "Faciem Diaboli"
2020 : "Antérieur A La Lumière"


Les chroniques


"Antérieur A La Lumière"
Note : 17,5/20

Avec un tel nom et un logo assez symétrique et lisible, on pourrait penser qu’End Of Mankind est un groupe de deathcore, même la pochette de ce nouvel opus, sobre, représentant une mâchoire squelettique animale pourrait laisser croire cela. Grossière erreur, car nous sommes ici en présence d’une formation qui propose un black metal très bien produit et à cheval entre le traditionnel et le moderne. Dans les rangs de ce quintette, nous avons des musiciens qui ont joué dans des formations telles que Eternal Majesty, Nydvind, Antaeus ou encore Aosoth, ce qui donne une petite idée du contenu de "Antérieur A La Lumière", le deuxième album de cette team parisienne. Le black metal a toujours été fièrement représenté en France, et de nombreux combos s’exportent très bien hors de nos contrées, que ce soit dans le pagan avec Belenos, dans l’avant-garde avec Deathspell Omega ou Blut Aus Nord, dans le post avec Alcest ou encore le black metal plus orienté avec des groupes comme Peste Noire, Sale Freux ou Baise Ma Hache, il y en a pour tous les goûts ici dans notre beau pays. End Of Mankind se situe à la croisée des chemins en proposant un metal noir riche et varié, autant atmo’ que rageur, parfois serein et à d’autres moments plus pessimiste, tout en se nourrissant à la fois d’éléments old school et modernes.

Le disque débute avec une introduction qui met en valeur un extrait du discours d’Albert Camus pour la réception du prix Nobel sur fond d’arpèges de guitare éthérés, avant de s’engager dans une intense frénésie avec le titre "Temporary Flesh Suit". Ce morceau perpétue le sentiment de désespoir présent dès le titre précédent, "1957". Des harmonies de guitares qui s’inspirent de Mayhem rattachent l’engagement musical à une forme de black plus passéiste, au même titre que les rythmiques ternaires, puis punk vers le milieu. Ce second track possède un côté progressif, avec cet arpège dissonant qui vient rompre l’élan avant de terminer en apothéose, toutes ces phases musicales s’enchaînent parfaitement, démontrant qu’End Of Mankind sait parfaitement gérer les mises en tension. Le titre suivant remet le français à l’honneur dans "La Peste Dansante", le chant est très audible, non seulement on comprend plutôt bien les paroles mais celui-ci s’illustre dans différents registres, mais principalement criard et possédé. Une fois de plus, le groupe intègre des éléments modernes qui créent la fracture avec des passages plus traditionnels. En opposition à une introduction sauvage très influencée par le black suédois, la musique se conclut sur une touche post-black grâce à une magnifique mélodie entêtante qui se déploie au-dessus d’un accompagnement riche et profond. "Outrenoir", le track suivant, est nettement plus sombre et angoissant et propose un black plus intimiste, très symbolique, structurellement moins sinueux mais pas moins travaillé. La recherche est une constante au travers de l’écoute de cet album, nous nous retrouvons en présence d’un groupe qui sait comment embarquer l’auditeur sans forcément trop en faire. Cette recherche se retrouve aussi dans le travail du son car non seulement la production est excellente mais de surcroit il y a un véritable boulot sur les textures.

"Géhenne" illustre parfaitement ce propos, avec cet arpège délicat qui me rappelle Diabolical Masquerade, et les nappes discrètes qui renforcent le climat froid et dystopique pendant que la basse développe des lignes mélodiques bien pensées. "Golgotha" reprend les idées du titre précédent et se réengage dans un black plus infernal et tourmenté. Ce titre progresse inexorablement vers la haine et la violence. "Opponent Deity" et sa douce intro se mute en black metal archaïque, sans doute le titre le plus punk dans l’approche, le drumming, droit, se permet pourtant des finesses subtiles qui ne dénaturent pas l’approche radicale, celui-ci appuie les lignes de chant à grands coups de cymbales, le genre de détails qui démontrent le travail compositionnel de qualité. Le titre intègre une plage atmosphérique qui met en valeur un long solo de saxophone, petite touche de modernité qui accentue une fois de plus le contraste entre le old school et le post, sans faire tâche ni forcé pour autant, marquant de ce fait une rupture avec le disque précédent du groupe, "Facem Diaboli", bien plus tradi’ dans l’approche. "Step Towards Oblivion", lourd et macabre est un titre à la construction assez proche de "Temporary Flesh Suit", plus prog et nuancé, d’ailleurs, le groupe a placé ces deux tracks à l’opposé, un au début, l’autre à la fin, ce qui rend l’agencement des morceaux assez cohérent. Enfin, "Le Boel", instrumental, vient conclure ce voyage musical palpitant en douceur, autre témoignage d’un soin tout particulier apporté à l’équilibrage du tracklisting, puisque le disque possède trois instrumentaux, un en intro, un autre au milieu puis un en outro de l’album.

Que ce soit en termes de production, de son, de composition, de détails, End Of Mankind est un groupe qui ne fait pas les choses à l’arrache. Le black metal dispensé par la formation parisienne est classieux, tout en préservant dans les passages les plus intenses des aspects bestiaux et virulents réellement efficaces. Ceux-ci contrastent d’une excellente manière avec les parties plus posées, mélodiques et résolument modernes, de ce fait "Antérieur A La Lumière" préserve un équilibre qui maintient l’attrait dans l’écoute. Il est évident que les touches modernes et la production limpide sont des aspects qui peuvent déranger les fans de black metal minimaliste qui ne s’intéressent qu’aux formations qui enregistrent dans les grottes avec un 4 pistes des années 80 car le quintette français est aux antipodes de ce genre d’initiative. Son metal noir n’est ni sataniste, ni guerrier, mais le fatalisme vis-à-vis de l’humanité qui s’illustre en musique tout au long du skeud, avec en filigrane, une iconographie et une symbolique appuyée ajoutent autant d’impureté et de noirceur, voire plus, qu’un groupe qui revendique son appartenance à la bête. Par rapport à "Facem Diaboli", le précédent opus d’E.O.M, on note une évolution positive et flagrante, "Antérieur A La Lumière" est définitivement plus mature et introspectif, ces musiciens ont réussi à élever leur musique à un stade supérieur sans pour autant négliger les bases de leur style. Moins traditionnel ets plus conceptuel, cet album dévoile une facette plus personnelle, témoignage d’un groupe qui progresse et qui s’assume de plus en plus en traçant son propre chemin au milieu des ténèbres.


Trrha’l
Février 2021




"Faciem Diaboli"
Note : 16,5/20

Formé à partir des abats chauds et fumants du groupe de black français mythique Eternal Majesty, End Of Mankind propose son premier disque longue durée intitulé "Faciem Diaboli". Même si le quintette recherche activement un label, cela ne l’a pas empêché de produire un album qui en jette, aussi bien d’un point de vue visuel, en proposant de multiples supports, cassette, digipack classieux, autant que musical, en interprétant un black metal soigné et méticuleusement exécuté. La formation parisienne accorde une grande importance à l’image, et développe un vaste merchandising, ce qui laisse penser que rien n’est laissé au hasard. Musicalement, il semble également qu’End Of Mankind s’applique à ne négliger aucun détail dans sa musique.

"Faciem Diaboli" a tout pour plaire, le son est excellent, les compositions sont léchées, l’interprétation sans faille et l’atmosphère établie respecte les codes du metal sombre. Froideur, mélancolie et désespoir sont les maîtres-mots de la musique dispensée par le groupe. Pendant 47 minutes, l’auditeur se prend un black qui bascule entre des ambiances bien rétro, et des moments plus modernes. Cela semble tout à fait cohérent car la formation possède en ces rangs des ex-Aosoth, Antaeus et justement, Eternal Majesty, de ce fait, l’accouplement entre les influences old school et actuelles semble tout à fait logique. La musique d’End Of Mankind est finalement assez diversifiée, le premier track "Vision" engage les hostilités avec une violence inouïe, "Misanthropic Urge To Expand" développe un climat éthéré basé sur un arpège de guitare aussi froid que le rayon des surgelés en supermarché. Certains titres sentent la Norvège à plein nez : "Dread Reign", "In The Throes Of Displeasure", d’autres la Suède : "Seek No Grace", avec sa partie du milieu qui est à la limite de sonner crossover, avant de repartir sur un blast beat de collines enneigées, "Faciem Diaboli" est un disque qui revendique une certaine diversité.

Globalement, l’ensemble est assez mélodique et propose de nombreux passages au sein desquels le climat dramatique prend tout son sens. End Of Mankind possède de nombreux atouts, un certain respect de la tradition, mais aussi un regard vers l’avant qui lui permet de ne pas sonner comme un groupe de frustrés nostalgiques. Le seul truc qui manque dans ce disque, par rapport à des formations comme Antaeus ou Aosoth justement, c’est le côté malaisant et suffocant, et cet aspect poisseux clairement assumé. Il est logique de penser que la démarche artistique d’End Of Mankind est clairement justifiée et, sincèrement, le black metal dispensé dans "Faciem Diaboli" est d’excellente facture, mais un poil plus de macabre et de malsain ajouté à la recette aurait permis selon moi à ce disque d’atteindre le palier au-dessus.

On le sait, l’univers du black metal est impitoyable, et seuls les plus forts résistent. Jamais le style n’a autant été scindé qu’à l’heure actuelle, entre les Abbath et consorts, commerciaux au possible, et ceux qui vivent dans l’ombre à la Culte Des Ghoules, qui agrémentent et entretiennent la vrai parole du metal noir. End Of Mankind est un groupe qui joue sur les deux tableaux, à la fois assez accessible, mais avec son lot de moments bien intenses et "evil". "Faciem Diaboli" est un disque prenant, avec son lot de passages bien bourrins et des climats assez intéressants qui vous plongeront dans un univers à la fois froid et menaçant.


Trrha’l
Janvier 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/endofmankind