Ekpyrosis est un groupe de death metal italien, formé en 2013 par Marco Teodoro et Nicolò Brambilla aux guitares et au chant, Ilaria Casiraghi à la batterie et Marco Cazzaniga à la basse. Leur EP "Witness His Death" est sorti en 2015, et le 23 Janvier le groupe dévoile au monde son premier album, "Asphyxiating Devotion", sous le label Memento Mori.

"Profound Death" introduit l’album par des notes de synthé semblables à des voix et des échos lointains, suivies par un roulement de batterie, le tout dans une atmosphère assez glauque. Le morceau dure plus de sept minutes, et oscille entre du death agressif martelé de blasts et de riffs plus rapides et techniques les uns que les autres, et du death plus lent, plus traditionnel. L’association des deux est un peu déroutante à la première écoute, mais on finit par s’habituer. J’ai dû aller me renseigner sur le groupe pour réaliser qu’il y a deux personnes au chant ; sans quoi, je n’aurais rien distingué, tant leur timbre se ressemblent. On peut effectivement entendre une voix caverneuse et gutturale, et une autre plus criarde. Les deux fusionnent donc très bien et collent aux morceaux . S’ensuit "Obsessive Christendom" dans la même veine agressive et tapageuse, et très inspirée Cannibal Corpse. A l’instar des voix, les guitares échangent et entremêlent leurs parties, comme dans un dialogue. Forts de leur technique, les guitaristes Marco et Nicolò enchaînent les riffs complexes et les notes aiguës complètement décalées – qui seront présentes sur presque tous les morceaux -, dans une ambiance tordue et un peu dérangeante. Une particularité qui n’est pas pour me déplaire !

Étant jusque là un peu frustrée de n’avoir entendu que vaguement une ligne de basse par-ci par-là, me voilà rassurée grâce à "God Grotesque". Une intro groovy de basse retentit pendant une dizaine de secondes, et elle est très appréciable. Elle est vite suivie par les guitares et la batterie, le rendu est très death des 90’s. La rapidité monte subtilement, pour finir en morceau crade et violent, à la Carcass. Ici, le groupe montre encore un peu plus l’étendue de sa créativité. L’album enchaîne sur l’excellent "Immolate The Denied", aux riffs monstrueux tranchants comme une lame de rasoir, et aux aigus toujours plus présents. Ilaria à la batterie navigue entre les blasts, les rythmes plus posés ou encore thrash metal. Sa dextérité est indéniable ! "Incarnation Of Morbidity", sans particulièrement tirer son épingle du jeu, est bien composé et s’inscrit dans la lignée des titres précédents. "Morticians Of God" est certainement une des compositions les plus brutales de l’album, et ce n’est pas peu dire ! Les deux chanteurs se renvoient la balle devant un mur solide de guitares grasses et de batterie devenue folle. Sa violence n’est pas sans rappeler les monstres de la scène death Exhumed, ou encore Kataklysm. En un mot, une réussite. Nous arrivons bientôt à la fin de l’album, avec l’hypnotique "Depths of Tribulation", "Blasphemous Doom", et pour conclure "Unearthly Blindless". Résultat de la recette death old school mixé à du modern death metal qui est utilisée tout au long de ces quarante minutes, celui-ci est lui aussi constamment à mi-chemin entre les deux, tantôt voguant sur les rythmes lourds et profonds, tantôt atomisant tout sur son passage à coup de blasts et de guitares névrosées. Cependant, à notre grande surprise, l’album se termine comme il avait commencé, dans des nappes de synthé légèrement malsaines, et représentatives de tout "Asphyxiating Devotion" ; la boucle est bouclée.

J’admets avoir mis du temps pour apprécier "Asphyxiating Devotion". Les morceaux se ressemblent globalement tous, la structure musicale de certains n’a parfois ni queue ni tête. Cependant, on sent un très gros potentiel chez Ekpyrosis ; le groupe a une technique très développée, et un pouvoir de composition assez fort. Les morceaux sont puissants, et dégagent une énergie communicative. On peut déjà constater par rapport à leur premier EP une évolution et un affinement de leur style musical. A l’origine orienté death traditionnel, Ekpyrosis a pris le parti de se moderniser un peu, en ayant un son plus actuel, en incluant davantage de riffs techniques et de changements de rythme, jusqu’à parfois faire perdre le fil à l’auditeur. Même si le groupe se cherche encore et avance à tâtons, dans l’ensemble leur album est bon. Je suis curieuse de découvrir leur prochain travail !