Ed Warner est un groupe avec une longue carrière, formé dans ma ville d'origine mais que je découvre avec cet EP. Autant dire que dès le début, je ne savais pas quoi penser du groupe, ça part dans tous les sens, ça crie, ça parle, ça chante, ça va vite, ça ralentit, ça fait du bruit, ça endort... Mais plus l'écoute passe et plus on a l'impression que c'est un bordel organisé et calculé.

L'EP commence avec "La Dépouille Du Soldat Baleine" (dans lequel tout est paradoxalement en anglais) et son chant crié et étouffé, le titre semble plutôt énervé mais il se calme subitement avec le clavier de Jérôme, puis arrive un speech sur fond de basse. Les phases bruyantes et calmes vont se passer le relais sans prévenir. Le seconde morceau, "Lymphatisme", confirme ce que l'on pense, Ed Warner nous désoriente, tout se succède sans que rien ne paraisse logique. On écoute sans comprendre, on ne sait jamais quand un morceau va se terminer, à aucun moment on ne sait ce qu'il va arriver... Alors on écoute et on attend, on entend et on comprend qu'on ne comprendra pas, Ed Warner nous balance quelque chose de quasiment philosophique. On a tendance à se demander si les paroles ont un sens profond ou si elles sont profondément insensées.

Arrive ensuite "Obsolescence" avec toujours cette voix qui dit ce qu'elle pense, le côté surprenant reste là, le morceau passe d'une seconde à l'autre d'un simple passage screamé à un scream jouissif sans qu'on ne sache pourquoi. Et puis on retrouve encore cette voix qui nous parle, accompagnée de la basse de Gui. Je pense que seul le groupe peut comprendre parfaitement le message de ses compositions. Pour finir, on a le morceau "Love 2.0" qui reflète lui aussi le délire totalement unique du groupe. Ed Warner n'est pas un simple groupe de screamo, c'est beaucoup plus complexe que ça, c'est comme un groupe de "je ne sais quoi" qui peut, par exemple, partir dans un trip experimento-psychédélique du clavieriste qui paraîtra bizarre même si on a une tolérance élevée aux sonoritées spéciales.

Là où Ed Warner fait fort, c'est qu'au début de l'écoute de l'EP, on a envie de l'arrêter et de jeter le CD aussi loin que possible, mais à la fin, on a juste envie de réécouter ce voyage à travers l'agonie du groupe. Si Ed Warner est mort alors c'est une putain de belle mort. Le seul passage en français de "Ed Warner Is Fucking Dead" pourrait être l'épitaphe du groupe : "Tout ce qu'on vit comme sentiment, comme passion, tout est fantasme. On est d'autant plus attaché à son rêve qu'il s'agit d'un rêve. Parce que renoncer à un fantasme est bien plus facile que renoncer à une réalité qui s'achève...". All hail Ed Warner !