Le groupe
Biographie :

Fondé en septembre 2010, "Ê" (surnom) est un projet de studio one man band du Kalûm à l'origine. En Novembre 2010 est sorti le premier album, "Igigis". Un death metal puissant, violent et agressif, nourri de blasts furieux. Peu après le Kalûm a rencontré le Nash Patri (sacrificateur) et lui a proposé de composer les parties de batterie du successeur d'"Igigis". Ensuite, le groupe sut se nourrir des collaborations de l'Ashipu pour la basse et du Sha'Ilûm pour les percussions orientales. "Kherubîm", le deuxième album, mais le premier en tant que groupe, est bientot prêt et sera sorti en Septembre 2011 chez Antiq Records, pour plus d'une heure de pur death ambien aux influences sumériennes.

Discographie :

2010 : "Igigis"
2011 : "Kherubîm"


La chronique


Il aura fallu tout de même que j'aille chercher sur le site du label Antiq Records, et aussi finalement sur le Facebook du groupe pour trouver que finalement on peut le (sur)nommer Ê. Ce qui est finalement la même chose que "Euhhhh" quel est le nom du groupe ? "Euhhhhhh", mais quel est le nom du groupe ? "Euhhhhh".... Bref le mystère plane sur ce groupe, déjà parce que son nom est illisible et indéchiffrable, et que cela suscite l'attention, que la musique soit intéressante ou pas, c'est toujours autant de buzz promotionnel de gagné.

Donc dans ce qui tourne autour de "Ê", il en ressort que c'est le monde de la Mésopotamie qui domine à travers cet album et quelque chose de plutôt poussé d'ailleurs, non pas une ou deux histoires trouvées dans Wikipedia, mais bel et bien un truc vraiment recherché, comme si son auteur avait une vraie passion pour l'histoire de cette civilisation. Le monde ensorceleur et malsain des légendes mésopotamiennes est donc de mise, et Ê pose le décor immédiatement avec une introduction digne des inspirations de Melechesh / Orphaned Land / Nile en faisant un raccourci évidemment facile. Par conséquent le démarrage de l'album est aussi traditionnel et exotique que pouvait l'être Stille Volk dans son monde.

Après cette introduction, l'album prend son véritable envol, ce qui est dommage à la première écoute c'est que la production ne suit pas forcément les envies, les intentions, les ambitions de Ê car je ne sais pas comment ils ont procédé, mais le rendu n'est pas très efficace. La batterie semble archaïque, en tous les cas, on ne pourra pas leur reprocher de trigger à fond et ça fait plaisir, surtout que de toutes façons le style ne s'y prête pas. Les guitares quant à elles ne donnent pas l'effet d'être de première fraîcheur, dans le sens où il semble largement volontaire d'avoir un tel son. La chose que je rajouterai tout de même c'est qu'avec plusieurs écoutes approfondies, on s'y fait à ce son et finalement on se dit que c'est ce qu'il convient à ce type de musique, c'est comme pour Dark Throne ou Autopsy, leur musique ne serait pas la même avec un son non crasseux et propre. On parle de son, mais la musique de Ê c'est quoi finalement ?

Eh bien tout en gardant à l'esprit que leur style se pose surtout sur des inspirations de musique traditionnelle, il n'y a pas ici de blast, de violence ou de brutalité qui ne soit pas canalisée. On est dans quelque chose de différent, c'est malsain comme Beherit peut l'être d'ailleurs, avec une batterie mid-tempo très robotisée parfois.

Les vocaux des premiers morceaux sont très gutturaux, très death, alors que petit à petit on arrive à des vocaux doublés voire triplés et clairs sur quelques passages. Avec Ê, en fait j'en préfère tous les passages folk qui nous donnent l'impression d'avoir une bande son qui traiterait d'un film soit documentaire, soit un truc à la Prince Of Persia... Ce sont ces moments là, qui donnent les vrais frissons dans la musique de Ê, des moments forts. Un titre comme "Denen Die Shamash Wachen" par exemple, très lancinant, hypnotisant et frénétique avec cette batterie très electro / indus, nous rappelle vraiment une rencontre entre le Beherit d'"Electric Doom Synthesis" et le Moyen-Orient de Melechesh. Plus on avance dans l'album, plus on pénètre dans des terres obscures. Ê a la grande capacité de maitriser le côté "mauvais génie de la lampe" d'Aladdin à travers ses douze titres et en fait ce que l'on a trouvé sympathique et simpliste au début de l'écoute s'avère beaucoup plus percutant au fur et à mesure. On en oublie cette prod qui nous dérangeait au début et même sur "Blessers", on s'aperçoit qu'ils arrivent à accélérer guitare / batterie, ça en devient totalement death entouré toujours de ces atmosphères de Djinns et de démons Mésopotamiens.

La dernière partie de l'album   se fait plus black dans ses guitares, comme si tous les aspects, les vagues du metal extrême devaient être joués, mais on reste tout de même sur des rythmiques "sataniques" comme sur les derniers Satyricon. Cependant j'ai noté une petite apparition, subtile et brève de flûte sur "Chtonian Liquid Immensity" et avec certaines percussions très folk qui sont sur la plupart des morceaux, ainsi qu'avec les interludes totalement dépaysantes telle que "Arallu", semblables à celles des maîtres de l'Egypte Ancienne à savoir Nile, Ê arrive à transporter tout un univers sur un seul album. Un album qui s'écoute comme les cd's de relaxation, d'une seule traite, mis à part qu'ici c'est axé metal.

Accompagné d'un artwork qui baigne totalement dans le guide touristique de Mésopotamie, et en soulignant le fait que cette front cover possède quelques ressemblances avec celle de "Sphynx" de Melechesh, on a ici quelque chose de très personnel. Une musique sur des bases death / black malsaines qui met en avant d'énormes interludes, passages, moments terribles inspirés par de rituels traditionnels rappelant effectivement les interludes à la Nile. Mais Ê le fait vraiment de manière historique, archéologique ce qui donne à sa musique une sincérité exotique. Une musique à part, dans un environnement à part, voilà ce que propose "Kherubîm" et rien que pour cette originalité ça mérite d'être écouté et acclamé.


Arch Gros Barbare
Janvier 2012


Conclusion
Note : 14,5/20

Le site officiel : www.antiqlabel.yolasite.com/ê