Le groupe
Biographie :

Droste s'inscrit dans un metal à la française du type gros son et tellurisme de vignobles. Le groupe est formé à Bordeaux en 2019. Début 2021, eux premiers singles ont été diffusés via les plateformes de streaming. Droste affirme alors son attachement à un metal empreint de death old school mais au groove et à la puissance bien actuels. En Mars 2022, le groupe sort son premier EP "Chasing The Sun".

Discographie :

2022 : "Chasing The Sun" (EP)


La chronique


Que ça fait plaisir de recevoir un disque au format physique dans sa boîte aux lettres ! Et hop, je m’accapare l’objet, et entame mon rituel d’observation en scrutant, de manière méthodique chaque élément de ce que je tiens entre les mains. Ok, la pochette représente une sorte de bâtisse cosmique, le choix des couleurs se limite au blanc, noir, rouge et or. Le logo est assez classique. En tournant le digipack, là un dessin me trouble, le dessin d’une entité encapuchonnée tient une lanterne, le genre de dessin assez branché heroic fantasy. Pour l’instant l’ensemble semble cohérent, ça sent un peu les dragons et les fées tout ça mais bon, continuons notre exploration. Le label m‘est inconnu, Evil Unicorn Prod. Je vais donc de ce pas effectuer mes petites recherches, mais le résultat n’est point concluant, je n’ai trouvé aucune information concernant le label. J’en conclus, mais je me trompe peut-être, que ce label a été créé dans le but de pouvoir sortir "Chasing The Sun", c’est une hypothèse hautement plausible. Après m’être un peu plongé dans l’univers du groupe, en grande partie par le biais du clip du titre "The Passage", j’entame une écoute sérieuse de cette galette bien mystérieuse.

Le groupe précise sur les réseaux sociaux affirmer son attachement à un metal empreint de death old school mais au groove et à la puissance bien actuels. Honnêtement, je suis ok avec le côté actuel mais je dois admettre que je cherche toujours le côté old school. En effet, la voix, le son de la prod’, les compositions qui proposent des riffs teintés de mélodies offrent un metal résolument tourné vers l’avant. Le groupe site également comme influences le death floridien des années 90, Bolt Thrower, Gojira, Deftones, Katatonia, Hypocrisy, Machine Head. Tout cet éclectisme ne se retrouve pas forcément dans la musique de Droste, mais tant mieux, car ces influences semblent avoir été digérées, assimilées, afin de permettre à la formation bordelaise de créer son propre champ lexical. Il existe cependant un emprunt dominant à l’un des groupes pré-cités, Gojira, une influence sans doute à la fois stylistique et géographique, car "Chasing The Sun" contient quelques relents des géants français. Ainsi, les papas du metal moderne hexagonal ayant été des précurseurs dans l’art de créer la rupture avec les éléments du passé, cela prouve une nouvelle fois que Droste creuse le même sillon, à savoir de proposer une vision plus actuelle du metal.

Au fil de l’écoute, je ressens une énergie assez deathcore, ou dans le genre des groupes tels que Cult Of Luna, ou Harakiri For The Sky car on trouve de superbes riffs mélodiques assez ouverts dans le son, ou d’incroyables arpèges qui plongent l’auditeur dans un climat éthéré. A titre d’exemple, l’instrumental "Chasing The Sun", tout en progression, soutenu par des nappes filtrées qui renforcent l’atmosphère introvertie du morceau pendant plus de 5 minutes, on se laisse aller dans ce mélange étonnant où la basse ronronne inlassablement, offrant un socle rythmique solide avec la batterie. Cependant, le groupe n’est pas là pour nous ménager les oreilles, il le prouve dès le premier morceau, Newblood, bien deathcore dans l’approche, avec ses dissonances et son climat sombre et menaçant, il y a du Machine Head derrière tout ça. La voix propose un registre intéressant en oscillant entre aigus rageurs et graves puissants. Sans rentrer dans le jeu vicieux de la démonstration et de la technique, Droste prouve de par son exécution précise et impliquée que ses membres ne sont pas des manchots sur leurs instruments. Les compositions sont bien pensées et préservent un fil cohérent qui permet à l’auditeur de ne pas décrocher. "The Passage" entretient l’univers sonore entamé dès le morceau précédent. Il y a vraiment cette énergie groove metal que l’on peut retrouver chez des groupes tels que Soulfly ou Lamb Of God. Ce titre bien lourd respire grâce à des interventions de guitares lead qui offrent un contraste intéressant avec la rythmique bulldozer. "Show Of Defiance" est plus introverti et arrive à point nommé pour faire évoluer le climat et proposer une autre facette du groupe. La rythmique écrasante de ce track, associée à un feeling nettement plus introverti que sur les deux titres précédents, fonctionne très bien, et cela permet une transition impeccable avec le titre éponyme. Le groupe conclut l’EP avec "Unfinished Sanctuary", un ternaire lourd qui parle directement à l’inconscient, et c’est sur cette conclusion intense que l’on ressent le plus l’influence de Gojira, mais sans être du plagiat non plus car Droste apporte sa touche personnelle, par un agencement subtil des lignes mélodiques et la mise en place de cassures qui servent de transitions d’une partie à une autre.

"Chasing The Sun" est une bonne surprise, les cinq compositions présentes sur l’opus démontrent que la formation bordelaise possède un univers sonore propre à elle, qui, tout en possédant des influences diverses, parvient à façonner des compositions cohérentes et homogènes. Pendant vingt-cinq minutes, on voyage grâce à un savoir-faire mélodique prononcé et du goût dans l’art d’agencer les parties musicales. Droste est un groupe dans les clous, et peut-être, c’est l’audace qui marquera dans le futur la différence, et lui permettra de passer un cap supérieur. Studieux dans son approche, nous avons là un metal bien actuel, propre, qui accroche, il faut désormais que le quartet, selon moi, prenne en considération l’idée d’approfondir son identité, de la rendre plus singulière. Etant donné le côté extrêmement limité du format physique (200 exemplaires seulement), je ne peux que vous conseiller d’aller écouter les titres présents sur YouTube pour vous faire une idée, et, si vous aimez le style, de supporter le groupe en investissant dans le superbe digipack qui sortira au début du mois de Mars.


Trrha’l
Février 2022


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/drosteofficial