Le groupe
Biographie :

Le quartet lyonnais de jazz metal DRH manipule le saxophone comme une baguette magique, créant un espace sonore qui semblait perdu depuis les 60’s. A la fois metal progressif, jazz et définitivement expérimentale, leur musique est lyrique, subtile, tordue et jouissive. Délires méta-cosmiques, rêves sous acides à la Burroughs, envolées superbes type opéra halluciné, DRH pourrait sembler un fourre- tout s’il ne maîtrisait pas tant son sujet.

Discographie :

2018 : "Thin Ice"


La chronique


Les recherches d'emploi et les entretiens d'embauche vous manquent ? Pas de souci, j'ai la solution avec le premier album de DRH, "Thin Ice" ! Bon, d'accord, tout le monde a déjà du faire la blague mais bon, que voulez-vous, on se refait pas.

Alors DRH, quoi qu'est-ce au juste ? C'est une musique aux frontières du metal, du progressif, de l'expérimental, du rock au sens large et du jazz avec pas mal de saxo au menu, le tout en instrumental. Alors certes le saxo est un peu à la mode dans le metal ces derniers temps, même si son inclusion dans les musiques saturées ne datent pas d'hier (il n'y a qu'à aller voir du côté des Mr Bungle et autres Naked City pour s'en convaincre). Cependant, il faut différencier les groupes qui s'en servent comme d'un gimmick et ceux comme DRH qui l'incluent dans le processus de composition et qui en font un instrument à part entière. "Rift" ouvre le bal avec ses six bonnes minutes au compteur et si on sent que le niveau technique est élevé et que la musique du groupe va être assez riche et complexe, on sent tout de même de l'accroche et notre oreille trouve fréquemment des repères pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe sonore. On note aussi un groove certain qui permet de taper du pied malgré des structures en mouvement constant, un bon équilibre entre complexité et efficacité. Vous vous en doutez, la violence brute n'est absolument pas le propos chez DRH, les métalleux les plus bourrus ne trouveront pas leur dose de bourrinage sur "Thin Ice". Pour les autres, il y a des riffs puissants, des ambiances planantes, parfois sombres et inquiétantes, de la mélodie et comme je le disais, il y a suffisamment d'accroche pour ne pas donner l'impression d'assister à une jam géante. Un tour de force d'autant plus impressionnant que la plupart des morceaux sont assez longs et flirtent avec les six ou sept minutes !

"Fooled", quant à lui, invite des sonorités orientales à se joindre à la fête donnant une impression de virée hallucinée dans un désert peuplé de vision étranges et menaçantes. Le but du groupe était apparemment de faire une musique à tendances psychédéliques et aux tendances hallucinatoires, c'est plutôt réussi et les ambiances sont du genre bigarrées. Le morceau-titre est d'ailleurs une bonne petite bizarrerie qui nous promène dans des contrées au décor perturbant et dont le paysage semble bouger toutes les trente secondes. "The Path" apporte quant à lui un contraste intéressant avec son ambiance mélancolique qui finissent par déboucher sur quelque chose de plus groovy et tordu. Au final, on se retrouve avec un album varié qui propose pas mal de sonorités différentes et constitué de morceaux dynamiques qui ont tendance à avoir la bougeotte. DRH pratique une musique expérimentale mais pas hermétique, les oreilles novices devraient pouvoir s'y retrouver grâce au groove général et aux mélodies qui permettent de garder des points d'accroche. Un bon équilibre qui permettra au groupe de ravir à la fois les amateurs éclairés de groupes expérimentaux et les oreilles qui commencent seulement à découvrir cette scène bouillonnante et assez folle. Petite précision aussi sur la forme de l'album, celui-ci est constitué de quatre morceaux studio et de deux en live. Une petite originalité de plus pour un album qui n'en manquait pourtant pas à la base.

Une bonne carte de visite que ce "Thin Ice", à écouter évidemment avec un esprit musical assez ouvert. Que vous soyez nouveau ou expert en musiques saturées expérimentales, vous devriez trouver quelque chose à vous mettre sous la dent pendant cette petite quarantaine de minutes.


Murderworks
Janvier 2019


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/drh.music