Le groupe
Biographie :

(drama) est un quintette d'atmosphérique doom death metal venant de Zagreb, Coratie. Ils se sont formés en 2004 et ont enregistré une première démo en 2006. Leur premier album "Zastor Tišine" a été enregistré en Juin 2010 et paraît en Février 2012 chez Altsphere Production.

Discographie :

2012 : "Zastor Tišine"


La chronique


Une des nouvelles destinations touristiques de ces dernières années qui est devenue bien à la mode maintenant, c'est la Croatie. Avec ses plages magnifiques, en allant passer quelques jours là-bas, il serait dommage de ne pas y faire la rencontre fortuite ou forcée, mais surtout musicale de (drama). Ce groupe en provenance de Zagreb se plaît à composer de la poésie sous forme de death-doom, tantôt atmosphérique, tantôt vraiment très profond, mais toujours avec cette infinie torpeur qui semble les caractériser... (drama) (c'est assez étrange cette manière d'écrire le nom du groupe avec ces parenthèses, un peu comme si le groupe de drone doom Sun O))) en avait perdu quelques une qu'il fallait placer quelque part) est donc un groupe dont la formation ne remonte qu'à 2004, et dont la discographie n'est étoffée que par une démo sortie en 2006.

Ce premier album est quelque chose d'inspiré, de triste, de vraiment très doom dans sa première définition. En effet on y retrouve des inspirations très proches des premiers My Dying Bride, Anathema, ou encore le premier Celestial Season. Il possède cette lenteur, sans être pesante, cette mélancolie typique à la scène qui lui pastellise les contours, mais qui lui noircit son essence. (drama) commence donc son album avec une introduction fidèle au contenu qui suivra pendant tout de même soixante sept minutes, en utilisant un violon et accordéon qui ne sont pas sans nous rappeler une Europe automnale, vieillissante, remplie d'Histoire et d'histoires. Une introduction qui, au tout départ, m'avait semblée en désaccord avec le reste mais qui au final épouse les formes romanesques de cet album.

Ce groupe propose une musique qui prend sa source dans le death / doom des années 90. C'est dû peut-être aux guitares assez grasses, qui comme on le soulevait rappelle aisément celles de Celestial Season sur leur second album "Solar Lovers" ou encore à ces rythmiques au pas très "dinosaurien à la recherche du dernier point d'eau pour la survie de l'espèce, sélection naturelle oblige". Selection naturelle parce que les thématiques elles-mêmes de l'album tournent autour des cinq éléments et de la souffrance, de la colère et du chagrin. Mais cette impression de souffrance est également accrue par le fait que le chant guttural du chanteur éructe des paroles en Croate me semble -t-il si l'on se réfère aux titres eux-mêmes. Un phrasé qui, à s'y méprendre peut rappeler l'Espagnol chanté en death comme avec Impureza. En tous les cas, cela donne un côté piquant aux morceaux. Et ce chant death d'ailleurs présent en majorité sur les morceaux mais qui vient lâcher un peu de leste avec quelques passages en voix claire. On y retrouve les gimmicks classiques du doom où les guitares lentes apportent ce côté mélancolique dans leur manière d'être aigue, un peu comme les sonorités de celles de My Dying Bride, sauf qu'ici ce n'est pas complètement doom, puisque les passages death/doom y trouvent leur place.

Mais cela n'empêche pas (drama) d'avoir de longs passages clairs lancinants avec une voix qui surfe sur la douceur d'une vague spleenante aux rebords poétiques ("Olovo I Sjene"), grâce à des segments juste agrémentés d'une batterie lente et de quelques notes guitares. Le violon fait sa part de travail quand c'est à lui de mener la mélodie, et les morceaux se suivent parfois sans grande différence, avec un tempo qui ne différencie guère les rythmiques lentes, hormis pour un titre tel que "Prolaznost" où ça bouge dans tous les sens. On s'aperçoit que c'est un album à avaler d'une seule traite pour constater la complémentarité des titres. Et le fait d'avoir ces vocaux en Croate (je crois, bien que j'avais l'impression d'entendre de l'Espagnol), c'est source de distinction car c'est souvent cela aussi qui nous sort de la léthargie auditive. Il est une grande chanson qui fait office de phare dans la nuit hivernale de (drama), c'est "Onako Kako Samo Ona Zna". Une magnifique chanson à la guitare classique qui se démarque de toutes ses sœurs, car on a deux chants clairs divinement harmonieux masculins et féminins qui s'épousent sans défaut sur un fond de musique néo-classique, avec cette omniprésente impression d'influences espagnoles. Si je possédais encore des larmes j'en aurais versé quelques unes pendant l'écoute de ce morceau, qui se termine miraculeusement bien dans un duo violon / clavier. (srama) m'a donné la même impression que pour le groupe Australien Elegeion, ils contrastent leur musique entre leur doom / death prédominant et bucolique, avec des chansons tout autre et si remplies d'émotions. Parce qu'indépendamment de "Onako...", quand on découvre l'introduction de "Pred Beskrajem", on reste un peu sur le cul. Cette partie de basse poursuivie par un doom très sludge fait de ce titre de huit minutes quinze, un des meilleurs morceaux de l'album.

Finalement la deuxième partie de l'album se veut encore plus poétique, moins noire mais plus mélancolique, se rapprochant plus du Celestial Season deuxième album le violon en moins, mixé à du Anathema, des débuts et un soupçon des finlandais de Decoryah, sauf que (drama) conserve son esprit death. A sa manière (srama) est assez progressif dans sa capacité d'écrire son doom, parce que les titres sont plutôt longs, beaucoup avoisinants les huit minutes et cela permet une plus grande marge d'évolution dans chaque morceau, c'est d'ailleurs ce qu'il se passe pour "Pred Beskrajem".

Alors, le tout accompagné d'un visuel riche en idées hivernales, cela fait de cet album quelque chose de vraiment intéressant pour un premier album. (drama) propose de renouer intelligemment avec le doom / death traditionnel en y ajoutant pas mal de sentiments personnels et des tournures singulières qui font que, bien qu'ils suivent les pas de groupes qui ont déjà ouvert la voie, et goudronné la chaussée de leurs riffs, ils arrivent à y laisser leur signature en taggant les panneaux posés le long de cette route... C'est donc un album auquel on peut y jeter une oreille et y investir quelques pièces...


Arch Gros Barbare
Janvier 2012


Conclusion
Note : 14/20

Le site officiel : www.drama-band.com