Le groupe
Biographie :

Dordeduh est un groupe de folk / black metal atmosphérique roumain formé en 2009 et actuellement composé de : Flavius Misaras (basse), Sol Faur (guitare, hammered dulcimer, claviers, xylophone / ex-Negura Bunget), Hupogrammos (guitare, claviers, percussions, toaca, tulnic, chant / ex-Makrothumia, ex-Wiccan Rede, ex-Negura Bunget) et Putrid (batterie, percussions, simandre / Argus Megere, Ordinul Negru, Sincarnate, Spiritual Ravishment, ex-Makrothumia, Stellar Soul, Sunset In The 12th House, WarChant, ex-Syn Ze Șase Tri). Après un premier EP sorti en 2010, Dordeduh sort son premier album "Dar De Duh" en Septembre 2012 chez Prophecy Productions, suivi de "Har" en Mai 2021.

Discographie :

2010 : "Valea Omului" (EP)
2012 : "Dar De Duh"
2021 : "Har"


Les chroniques


"Har"
Note : 17/20

Cela faisait bien longtemps que nous n'avions plus de nouvelles de Dordeduh, le groupe d'ex-membres de Negura Bunget formé après quelques dissensions et qui avait fourni "Dar De Duh" en 2012. Un très bon premier album qui présentait un mélange presque onirique entre black metal, musique folklorique et souffle épique proche des premiers Enslaved. On pouvait y sentir la patte des membres qui avaient fait partie de Negura Bunget mais on sentait surtout que le groupe construisait un univers propre. Univers qu'il se décide enfin à pousser plus loin sur un nouvel album, à savoir "Har"qui débarque donc neuf ans après son prédécesseur !

On ne perd pas les vieilles habitudes en tout cas puisque "Timpul Intilor" qui ouvre l'album monte déjà à douze minutes et installe d'entrée de jeu une ambiance presque shamanique à grands coups de sonorités traditionnelles. La suite montre un visage plus progressif, planant et étrange et si le rythme accélère on ne retombe pas dans le pur black metal pour autant. Dordeduh a gardé sa touche d'agressivité mais s'éloigne encore un peu plus des schémas habituels et délivre une musique toujours plus personnelle et habitée. On sent le souffle épique à la Enslaved avec notamment ces fameux tapis de double grosse caisse posés sur des riffs guerriers et froids. Le chant clair vient vite poser une ambiance quasiment onirique une fois de plus et ajoute une beauté aérienne à un metal qui se fait par ailleurs assez dur. Quelques growls se font entendre sur des riffs franchement méchants et écrasants qui tranchent d'autant plus qu'ils surviennent après un passage aussi beau qu'envoûtant. Dordeduh poursuit la voie qu'il s'était tracée avec "Dar De Duh" mais les neuf années de silence qui ont suivi l'ont forcément amené à évoluer. On retrouve donc la suite logique du précédent album qui du coup pousse le bouchon plus loin à tous les niveaux. La musique du groupe a toujours cette patte intemporelle, ou plutôt hors du temps qui lui donne un air de voyage astral ou d'initiation ésotérique. Les éléments folkloriques et traditionnels sont comme d'habitude parfaitement intégrés et on sent qu'ils sont pensés pendant le processus de composition, contrairement à la plupart des groupes qui les utilisent en guise d'arrangements. Leur intégration se fait naturellement et on sent qu'ils font partie du lexique de Dordeduh.

En parlant d'arrangements, on en entend quelques uns qui donnent une ambiance spatiale assez intéressante, comme sur la fin de "Timpul Intilor" justement. Encore un petit détail qui peut renvoyer à Enslaved d'ailleurs, eux aussi s'amusent fréquemment avec ce genre d'arrangements et de sonorités space et psychédéliques. "In Vielistea Uitarii" quant à lui démarre quasiment comme du doom avec des guitares massives et des riffs lourds appuyés par des leads mélancoliques typique du genre. La production est d'ailleurs excellente et le son est parfaitement clair, propre, puissant et massif, un régal pour les oreilles surtout sur ce type de musique qui s'y prête très bien. Parce que même s'il reste quelques éclats de violence, Dordeduh propose quelque chose de subtil, finement ciselé et qui tient du travail d'orfèvre. Les lignes de chant du passage mélodique qui débarque en plein milieu du morceau ont une puissance d'évocation incroyable et vous transportent instantanément très loin, les gros blasts qui débarquent ensuite n'en sont d'ailleurs que plus brutaux. "Vraci De Nord" montre même un visage assez inquiétant avec des ambiances là encore marquées par les sonorités traditionnelles et folkloriques. On y sent une tendance à la contemplation et une certaine dureté en dépit de l'aspect assez aérien. Malgré la longueur de la plupart des morceaux, qui tourne souvent près des dix minutes, il n'y a pas un seul moment de faiblesse et rien ne semble superflu. Il y a une beauté presque magique sur ce nouvel album et malgré le fait que tout semble pensé et millimétré, "Har" a incontestablement une âme. L'album est d'ailleurs séparé en deux parties, une sur chaque CD, et la deuxième est notablement plus dure que la première. Pas forcément plus brutale mais bien plus sombre dans les ambiances, quoique la fin de "Desferecat" est bien méchante tout de même.

Dordeduh aura mis neuf ans à nous livrer un nouvel album mais l'attente valait clairement le coup tant "Har"» pousse toutes les caractéristiques de "Dar De Duh" plus loin. On y retrouve l'agressivité, les ambiances quasiment oniriques ou initiatiques, la beauté presque magique et envoûtante, les éléments folkloriques mais de façon encore plus personnelle et maîtrisée.


Murderworks
Juillet 2021




"Dar De Duh"
Note : 14/20

Le premier album en deux CDs "Dar De Duh" du groupe Dordeduh fait honneur à la nature primitive avec un black métal atmosphérique mêlant des sonorités folk et pagan. Les Roumains réinvente ce style en se l'appropriant totalement. Le disque principal se compose de 8 titres et démarre avec "Jind De Tronuri".

L'introduction est ésotérique et inquiétante où s’entremêlent des voix lugubres, le titre est plutôt varié et part dans un black metal vif et inventif se calmant de temps en temps. Le chant est rocailleux et chaud, ce qui est appréciable. Ce morceau se termine avec un petit côté moyenâgeux qui coupe avec le debut plus sombre. "Flacararii" se compose d’ambiances horrifiques et de passages plus progressifs, tantôt violents, tantôt atmosphériques. Le synthé est mis en avant alors que le chant est peu audible, ce qui fait penser à une bête étrange se cachant dans une sombre forêt. Puis "E-An-Na", plus mystérieux, résonne comme un appel aux esprits avec des chants et ambiances païennes et acoustiques. Plus rentre-dedans avec une voix black / death rageuse et des riffs plus rapides et froids, "Calea Rotilor De Foc" est entraînante. Une légère ambiance folk se fait retentir mais mais le titre reste glacial et se termine de façon plus calme. "Pandarul" est un morceau évoquant un rite secret, la voix claire est magnifique nous faisant un peu penser au groupe Týr. On est surpris par les sonorités des instruments roumains donnant un son particulier. Avec des sons orientaux, "Zuh" est vraiment original. Ensuite, "Cumpat" arrive de façon fantomatique. Lents et lourds, les passages acoustiques évoquent une dance machiavélique. "Dojana" est, quant à lui, planant et se compose de seulement quelques instruments, porté par une voix claire mise en avant. Le second CD se compose de 3 titres. Les deux premiers, "Zuh-CuTunetul Muntilor" et "Cumpat", sont des versions différentes de morceaux figurant sur le premier CD. Ils sont plus courts et remaniés de façon plus atmosphérique. Le troisième est une reprise du titre "Ruun" de Enslaved, plus planante, c'est une réussite sans dénaturer la version originale.

Cet album est personnel et sonne différemment dans un style où beaucoup d'autres groupes excellent. Cependant, l'écoute d'une traite est plutôt difficile dûe à la longueur et le côté progressif des titres. Une écoute avec des pauses est recommandée pour apprécier leur travail païen et inventif.


Nymphadora
Octobre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.dordeduh.ro