Le groupe
Biographie :

Dødheimsgard (vu aussi sous la forme DHG à partir de 2000) était à l'origine un groupe norvégien de black metal formé en 1994, mais leurs derniers album et EP les voient plus souvent classés comme un groupe d'avant-garde metal. En 2003, leur line-up change, avec le remplacement de Aldrahn, de Zweizz et de Czral. En 2006, ils terminent leur album "Supervillain Outcast", dont la sortie chez Moonfog est retardée jusqu'en Janvier 2007. Dødheimsgard est la contraction de trois mots : død qui veut dire mort, heim qui veut dire maison et gard qui signifie manoir. Après plusieurs années, "A Umbra Omega" voit le jour chez Peaceville Records et marque le retour de Aldrahn (Thorns / The Deathtrip) au chant. Huit ans plus tard, "Black Medium Current" sort en Avril 2023 avec le passage de Vicotnik au chant, l'arrivée de L.E. Måløy à la basse, de Myrvoll à la batterie, et de Tommy "Guns" Thunberg au piano et à la guitare.

Discographie :

1995 : "Kronet Til Konge"
1996 : "Monumental Possession"
1998 : "Satanic Art" (EP)
1999 : "666 International"
2007 : "Supervillain Outcast"
2015 : "A Umbra Omega"
2023 : "Black Medium Current"


Les chroniques


"Black Medium Current"
Note : 18/20

Depuis le fameux "666 International", il est bien difficile de catégoriser la musique de Dødheimsgard tant les frontières de son black metal originel ont été atomisées. Le dernier album en date "A Umbra Omega" nous faisait entendre un groupe encore plus imprévisible mais qui cette fois jouait au funambule entre la folie furieuse et une beauté sidérante. Les passages les plus expérimentaux ou brutaux y côtoyaient des mélodies bien plus aériennes voire même touchantes. On est donc curieux de voir ce que nous réserve ce nouvel album qui a encore mis huit ans à arriver et qui se nomme "Black Medium Current".

"Et Smelter" est donc le premier contact que l'on a avec ce nouvel album et il se fait tout en douceur avec des arpèges en son clair tout en mélancolie pour une ambiance quasiment nostalgique. Le chant est de nouveau l'apanage de Vicotnik après le passage éclair d'Aldrahn sur le précédent album et il démarre avec des parties de chant clair très solennelles. Même quand les guitares et le up-tempo débarquent au bout de deux minutes, la mélancolie imprègne tout et on retrouve cette impression de nostalgie, d'un homme qui regarde derrière lui et fait le bilan de sa vie. La charge émotionnelle est déjà puissante et la montée en intensité dramatique à laquelle on a droit dans la dernière partie de ce premier morceau est poignante. Les délires expérimentaux se font encore entendre par moments mais Dødheimsgard a passé l'âge de vouloir bousculer les barrières pour le plaisir de le faire, il l'a déjà fait justement avec "666 International" pour sortir le black metal de son carcan et provoquer les défenseurs conservateurs d'un style qui était censé être libre. Cette fois c'est pour servir un propos et "Black Medium Current" se fait plus minimaliste, plus direct que ses deux prédécesseurs et déploie une beauté tétanisante que l'on ne lui connaissait pas encore. Quelques bizarreries traînent encore par ci par là, comme par exemple sur "Interstellar Nexus " qui se permet quelques écarts plus expérimentaux et barrés. Mais même sur un titre comme celui-ci la beauté froide, mélancolique, aérienne voire presque spatiale par moments se fait entendre et retient cette petite poussée de folie dans sa toile même si la fin du morceau est un gros pétage de plombs.

Une beauté que remet en avant "It Does Not Follow" qui trouve même un moyen de proposer un passage plus black metal et violent qui la fait rayonner encore plus fort par le contraste entre les leads mélancoliques et le rythme effréné. Cela pourra peut-être surprendre certaines personnes mais il y a paradoxalement quelque chose de lumineux dans ce "Black Medium Current", même si les ambiances sont toujours torturées et que la dissonance trouve toujours un moyen de se faire une place il y a quelque chose qui brille dans ces mélodies tourmentées. Une forme de sérénité au milieu du chaos de la part d'un groupe qui semble avoir accepté que les choses ne seront jamais simples. D'ailleurs, une fois passé l'instrumental et petit interlude "Voyager", l'album se dirige crescendo vers quelque chose de plus en plus beau et poignant. Malgré son démarrage plus brutal, "Det Tomme Kalde Morke" déploie lui aussi une mélancolie pesante et les choeurs en fond lui donnent un air quasiment cérémoniel. Si les précédents albums se montraient vite éprouvants et demandaient une certaine endurance, "Black Medium Current" a tout du voyage qui ne demande qu'à vous emmener loin dans les terres de votre inconscient. Un voyage qui trouve son point d'orgue sur "Abyss Perihelion Transit" dont les onze minutes sont aussi belles que torturées et folles. On ne s'attendait pas à ce que Dødheimsgard se fasse aussi contemplatif, on l'a tellement connu dans l'excès que cette approche plus aérée voire même éthérée va surprendre du monde. Finalement les passages les plus mélodiques et les plus belles ambiances de "A Umbra Omega" avaient montré la voie.

Alors oui, "Black Medium Current" va surprendre certaines personnes et probablement en décevoir d'autres qui s'attendaient peut-être à quelque chose de plus bruyant et fou. Mais ça, Dødheimsgard là déjà fait et Vicotnik n'a pas envie de se répéter, d'où la longue attente entre chaque album. "Black Medium Current" sort de toute façon des sentiers battus une fois de plus et développe de magnifiques mélodies au milieu d'un brin de folie et d'une ambiance mélancolique et même contemplative par moments. C'est visiblement l'heure de l'introspection donc sortez les scaphandres et préparez-vous à plonger en eaux profondes.


Murderworks
Juin 2023




"A Umbra Omega"
Note : 16/20

DHG est un groupe norvégien formé en 1994, et qui a, au fil des années, acquis une grande notoriété au niveau de la scène underground. Personnellement, ce groupe m’a toujours mis le cul entre deux chaises : d’un côté, j’étais soufflée par les compositions, de l’autre, je me demandais souvent pourquoi. Et se poser la question de pourquoi, c’est sortir de l’expérience musicale. C’est comme au niveau du cinéma, si vous vous demandez à un moment pourquoi Gargamel pourchasse les Schtroumpfs, vous sortez du film et ça ne devient plus qu’un film. DHG, c’est sensiblement le même principe : plus que de la simple musique, c’est une expérience. Je vais donc voir si le voyage en vaut la peine.

Et dès le début de "The Love Divine", je sens que cet album va être un mindfuck total. Au moins, DHG annonce directement la couleur et ne nous laisse pas dans l’expectative. A noter que cette introduction représente le titre le plus court de l’album, et que les morceaux suivants tourneront autour des 15 minutes. On retourne néanmoins à un côté black norvégien plus «normal» avec "Aphelion Void" mais côté traditionnel largement atténué par les vocaux. Ces vocaux sont à eux seuls la source de haussements de sourcil répétés. Et ce titre est déjà indescriptible. DHG c’est l’expression ultime de la liberté musicale. C’est un bordel incroyable, partant dans toutes les directions, avec des nuances si différentes qu’on se demande comment elles ont pu être associées en premier lieu. D’ailleurs, pour illustrer mon propos, je vous propose de jouer à un petit jeu lors de votre propre écoute de cet album : masquez votre lecteur média, et tentez de découvrir quand un titre s’arrête et quand un nouveau démarre. C’est édifiant, je vous assure. D’ailleurs, je tiens à préciser qu’il est pour moi impossible de définir mon titre préféré de cet album car franchement, je n’ai pas discerné les limites des différents morceaux. C’est en ce sens que je me vois dans l’incapacité de rédiger cette chronique comme j’en ai d’ordinaire l’habitude : en prenant chaque morceau comme une entité propre et en examinant le fil directeur de l’album. Ici c’est proprement impossible car il n’y a pas de fil conducteur. Et c’est pour cela que vouloir disséquer l’album en morceaux bien délimités serait, en mon opinion, une erreur mais aussi un outrage. Il y a à boire et à manger, et je pense qu’on pourrait écouter cet album une bonne dizaine de fois et toujours y découvrir quelques choses de nouveaux. Car je le répète, cet album est barré. DHG c’est un groupe dans lequel la majorité des musiciens connus de la scène norvégienne a officié. Chacun y a apporté sa patte et une identité propre. Et c’est aussi ce qui rend ce groupe, et cette musique totalement dingue. C’est du chaos, purement et simplement. Et je comprends qu’on puisse être réfractaire à ce genre d’albums, car il demande un niveau d’écoute supérieur à celui de l’habituel "Oh ça bourrine, c’est cool".

Que pourrais-je dire de plus ? Comme je l’attendais, je suis totalement décontenancée par cet album. DHG a encore frappé. Et je trouve ça absolument génial. Dans un sens, c’est presque une expérience musicale de la folie tellement cet album peut vous rendre dingue et faire brûler votre cerveau. Mais en tant qu’amatrice de DHG, je ne peux qu’approuver et même crier à la prouesse d’une certaine façon. J’aime sortir d’un album, et me dire "Merde, mais qu’est ce que je viens d’écouter ? C’était dément !". Et là pour être dément, ça l’est. Un voyage entre black metal, orchestre désaccordé, sans limites, et totalement en dehors de ce monde, je suis navrée. Mais bordel, qu’est ce que c’est que ça ?!


Velgbortlivet
Avril 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dodheimsgard