Le groupe
Biographie :

Diskord est un groupe de death metal norvégien formé en 1999 et actuellement composé de : Hans Jørgen Ersvik (batterie, chant / Brainshock, ex-Grind Crusher, ex-Infanticide), Eyvind Wærsted Axelsen (basse, chant / Defect Designer, ex-Grind Crusher) et Dmitry Soukhinin (guitare, chant / Defect Designer, ex-Wyverna, ex-Coldflesh). Diskord sort son premier album, "Doomscapes", en Avril 2007 chez Edgerunner Music, suivi de "Dystopics" en Avril 2012 chez No Posers Please!, et de "Degenerations" en Août 2021 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2005 : "Hdfh" (EP)
2007 : "Doomscapes"
2012 : "Dystopics"
2014 : "Oscillations" (EP)
2021 : "Degenerations"


La chronique


Oreilles sensibles s'abstenir ! Les Norvégiens de Diskord sont de retour avec un troisième album, "Degenerations", et leur santé mental ne s'est pas améliorée avec le temps. Ces fous pratiquent toujours un death metal assez technique, complètement allumé et assez dissonant donc les puristes qui s'attendent à du death de barbare peuvent déjà fuir à toutes jambes.

"Loitering In The Portal" balance déjà son quota de dissonances et de riffs tordus posés sur des structures qui ont systématiquement la bougeote. La brutalité est bien là et Diskord rue dans les brancards avec une folie assez déconcertante. Prenez Atheist, mélangez le côté gore dégueu' d'Autopsy pour le chant et secouez le tout bien fort pour être sûr de cogner la tête de cette créature dans tous les murs possibles. Il en résulte forcément un engin complètement barré et intenable qui part en vrille dès qu'il le peut et qui va en laisser quelques uns sur le cul. C'est comme si le death metal avait copulé avec du free jazz en gros, c'est totalement inclassable et ça se fout complètement de tout code et de toute étiquette. Et même si les bourrins n'y trouveront pas leur compte, Diskord ne fait pas semblant quand il part dans le brutal, quand ça tape, ça tape fort et le groupe frise la folie en permanence. Comme ses deux prédécesseurs, "Degenerations" est aussi exigeant qu'intense et risque autant de vous laisser sur les rotules par sa folie que par sa violence débridée. Et dans les rares moments où le groupe lève le pied, les riffs deviennent lourds et poisseux, ce qui ne dure jamais très longtemps puisque la folie du groupe le rattrape bien vite en général. Pourtant il y a quand même quelques mélodies qui arrivent à se faufiler de temps en temps, notamment sur le solo de "Abnegations" qui se montre presque lumineux au milieu de tout ce bordel. Pour situer, la biographie du groupe le conseille aux fans de Cynic, Atheist, Demilich, Morbus chron et Gorguts entre autres, ce qui devrait vous convaincre de l'aspect imprévisible et expérimental de l'engin.

"Dirigiste Radio Hit" nous fait même entendre de la cowbell, ce qui est encore plus improbable dans un album aussi dingue et à la limite du bruitiste. Pourtant, comme d'habitude chez ce genre de groupes, Diskord ne fait pas n'importe quoi et sa folie est relativement contrôlée, comme dans le free jazz une fois de plus. Il y a probablement une certaine dose d'improvisation là-dedans mais "Degenerations" propose quelques passages plus groovy et percutants au milieu de tout ce foutoir expérimental. Cela donne quelques points d'accroche bien utiles pour se plonger là-dedans parce que même en ayant l'habitude d'écouter des groupes avant-gardistes, la brutalité de la bête la rend d'autant plus difficile à saisir aux premiers abords. Et même une fois les repères trouvés, c'est son intensité qui met à genoux, Diskord ne relâche que rarement la pression et même dans les passages les plus lourds il pose une ambiance totalement sale. "Lone Survivor" en est d'ailleurs un bon exemple avec ce tempo rampant, écrasant, qui installe un climat malsain avec ces cris saturés d'effets et cette basse qui nous vrombit dans les oreilles. Et tout ça n'est qu'un interlude d'une minute trente pour vous préparer au fait que le folie de Diskord vous explose une nouvelle fois à la tronche avec "Dragged For Coronation" qui fonce dans le tas sans ménagement. C'est d'ailleurs impressionnant d'entendre le boulot fait sur la production qui est à la fois assez raw mais qui en même temps permet d'entendre tout le monde, y compris le moindre coup de cymbales, ce qui n'est pas rien quand on entend le nombre d'informations à la seconde qu'il y a là-dedans !

Diskord nous envoie avec "Degenerations" un album tout aussi dingue que ses deux prédécesseurs et qui ne risque pas de dépayser ceux qui connaissent déjà ces Norvégiens fous. Par contre, les autres vont se prendre une bonne claque derrière les oreilles et risquent de ne pas comprendre tout ce qui se passe par ici. L'ouverture d'esprit et la persévérance sont obligatoires pour espérer apprécier ce troisième album donc accrochez vos ceintures et respirez un grand coup avant de tenter votre chance.


Murderworks
Octobre 2021


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.diskord.net