Le brutal death est un courant de death metal bien particulier, car on plonge facilement dans le trip gore lorsque d'autres s'engouffrent totalement dans l'univers core tandis que certains préféreront y garder une âme bien death metal traditionnelle avec des passages brutaux, et enfin les derniers, comme beaucoup de groupes américains, quant à eux, se conserveront une marge de violence considérable en posant dessus des vocaux vraiment très porcins, vulgairement et péjorativement appelés "gruik" la plupart du temps.
Mais la nuance dans ce genre de brutal death qui occupe une grande partie des plages américaines ces dernières années, est surtout basée sur le degré de pig squeals que peuvent envoyer les vocalistes. Vous avez différentes façons de décrasser la gorge à la manière d'un Cropment, comme celle hyper pitchée d'un Necrotic Disgorgement presque grind gorée à la Rompeprop ou encore Extermination Dismemberment. Et c'est sans doute d'ailleurs vers un style nettement plus orienté vers ce que le néologisme d'aujourd'hui définira comme du brutal death / slam death que Disgraseed a décidé d'explorer.
Mais l'on parle exclusivement de la partie vocale du combo originaire des Ardennes, parce que stylistiquement c'est encore une autre paire de manche.
Alors il est plus que vrai que l'amateur de death metal, et celui du brutal death à la Cannibal Corpse n'est peut-être pas dans le bon créneau pour y trouver son bonheur fécal.
Et si Disgraseed aime à gerber comme un petit cochon de lait qu'on égorge ou qu'on veut fourrer pour les fêtes de Noël, il est vrai aussi que sa pochette est totalement dans l'air du temps. Avec un design dans la veine de plein de groupes comme Amagortis époque "Pre-Natal Cannibalism", Disgraseed ne révolutionne pas vraiment l'imagerie du genre qui s'est installée depuis quelques années dans le style et j'en préférerai tout de même les deux premières pochettes de Pathology, beaucoup plus chirurgicales dans leur côté gore. D'ailleurs à y écouter de plus près, Disgraseed a quelques relents de ce groupe-là.
Pendant trente et une minutes, on assiste désarmé à un premier album réservé à une élite.
Une élite habituée à ce genre de brutal death spécial et moderne, celui dont les groupes ont quasiment tous le même genre de logo illisible réalisé dans la même police gore, celui dont les chansons restent relativement souvent cloisonnées dans un univers très brutal sur la batterie, avec une double triggée au maximum et des guitares glauques, parfois sinistres, mais souvent très compactes.
Et compact c'est aussi l'effet que fait cet album, car bien que le groupe ait largement pensé à l'aérer grâce à une introduction, plus un mini instrumental qui fait également office d'introduction à un autre morceau en milieu de parcours, il n'en reste pas moins que les sept autres morceaux c'est du blast méchamment intense entrecoupé de passages qui mettent le doigt sur les ambiances morbides certes, mais c'est compulsé sauvagement.
Un titre comme "Strange Birth" musicalement nettement plus proche d'un brutal death traditionnel où Broken Hope (l'ancien) y aurait trouvé ses marques, laisse plus facilement succomber l'auditeur aux frasques de Disgraseed qui portent sur le cul et le gore comme la pochette de Phlegethon Art Studio le montre si ouvertement.
Disgraseed aime aussi jouer sur les atmosphères, un peu comme Mortician le faisait entre ses morceaux, ça se retrouve sur le mini instrumental "AK 47" ou même sur l'intro du dernier morceau "Enilecuod".
Mis à part ceci, c'est vrai que le petit côté Pathology se laisse constater sur quelques passages, mais on y trouve aussi un peu de virtuosité mélodique dans tout ce chaos brutal, notamment au milieu du morceau "Enilecuod" où des instincts mélancoliques ont envie de faire leur apparition et de surgir de nulle part dans ce bombardement de violence.
Au final, c'est loin d'être un album atypique, mais plutôt un premier album qui se place correctement parmi les classiques du style, sans transcender qui que ce soit mais qui, pour ceux qui sont fans de ce genre de brutal death, sachez que c'est made in France et par les temps qui courent, un bon produit hexagonal ça devient collector...
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