Le groupe
Biographie :

Dirty Black Summer est un hommage empreint de nostalgie au genre alternatif de Seattle. Une certaine rédemption musicale cherchée par des membres de Svart Crown, In Other Climes et Wormsand. Avec Dirty Black Summer, ses membres cherchent à retrouver leurs premiers émois musicaux, l’exaltation de leurs débuts ; volonté attisée par la mise au repos forcé imposée par le premier confinement, du repli sur soi qui en a découlé. Dirty Black Summer émerge alors du néant dans une sorte d’urgence et est une soupape cathartique qui s’exprime par un rock 90's post-grunge avec en filigrane, l’essence du black metal. Le premier EP de Dirty Black Summer, "Great Deception", sort le 21 Mai 2021 chez Nova Lux Production / Season Of Mist. Le premier album, "Gospel Of Your Sins", sort en Novembre 2023.

Discographie :

2021 : "Great Deception" (EP)
2023 : "Gospel Of Your Sins"


Les chroniques


"Gospel Of Your Sins"
Note : 17/20

Après un EP bluffant en 2021, Dirty Black Summer revient cette fois avec son premier album "Gospel Of Your Sins" et toujours ce mélange de rock alternatif des années 90, de grunge et d'un esprit hérité du black metal. Un mélange étonnant sur le papier mais impressionnant et très prenant dans les enceintes qui s'était déjà fait entendre sur "The Great Deception" et que l'on espérait pouvoir retrouver sur un véritable album.

C'est donc chose faite et cela confirme que si le groupe est né pendant les confinements, il ne s'est pas terminé avec le retour à la vie normale, et vu ce que la bête est capable de produire on s'en réjouit ! Il n'est pas évident de concilier l'esprit de certaines musiques ancrées dans les années 90 sans sonner passéiste, mais c'est exactement ce qu'à réussi à faire Dirty Black Summer. "All Saints" ouvre l'album et on a droit de suite à ce mélange de groove et de noirceur qui renvoie à Alice In Chains avec un esprit plus rock et plus gras. Un cocktail parfait pour une ouverture d'album avec une approche directe et accrocheuse, cela annonce la couleur de suite et confirme que le groupe est toujours aussi doué. "Love Funeral" enchaîne avec quelques dissonances et un rythme plus lourd en plus de ce groove oppressant. "Toxic Boy" prend des airs plus planants et psychédéliques mais du côté bad trip. Même si le refrain est très accrocheur et groovy, une fois de plus il y a une ambiance plus pesante et plus sombre sur ce morceau, le chant de Michael Khettabi en profite d'ailleurs pour aller chasser sur les terres de Glenn Danzig pour l'occasion. Rien de choquant puisque le nom du groupe vient de là, l'influence est clairement affichée et en dehors du chant et de quelques riffs massifs et bien gras, elle ne s'entend pas tant que ça. Dirty Black Summer avait déjé trouvé le moyen de marquer son premier EP de sa patte, elle se retrouve donc sur "Gospel Of Your Sins" au milieu de certaines influences reconnaissables qui se fondent tranquillement dans le décor. Le groupe a totalement assimilé toutes ces sonorités qui l'ont nourri et y fait appel pour amener ces styles sur d'autres terres, créant par là même un mélange particulier qu'il est le seul à pratiquer.

Une fois de plus, on se prend une petite baffe avec ce premier album qui mélange un style musical que l'on croyait mort et enterré avec des sonorités plus actuelles et de légères touches issues de genres plus extrêmes. La touche black metal se ressent surtout dans les dissonances qui peuvent se faire entendre sur certains morceaux et une noirceur parfois plus prononcée. Pour le reste, c'est le rock et le grunge qui amènent leur groove, leur sensibilité ou leur énergie. En plus d'être un clin d'oeil et un hommage à Danzig, le nom du groupe résume finalement ce que l'on trouve dans sa musique : le groove et les riffs gras et sales pour "Dirty", la noirceur et les ambiances sombres pour "Black", et le côté mélodique, plus lumineux et accrocheur pour "Summer". Le morceau-titre contient d'ailleurs tout ces éléments de façon parfaitement équilibrée et nous donne droit à un court mais très bon solo. "Nothingness", quant à lui, fait entendre une fragilité qui ne s'était pas encore manifestée jusqu'à maintenant sur l'album et pose une ambiance plus noire et plus introspective. On y sent du blues, qui était aussi une grosse influence de la scène grunge et Dirty Black Summer croise tout ça avec des sonorités que n'aurait pas renié la scène de la Nouvelle Orléans. Un petit tour dans le bayou qui ajoute une bonne dose de gras dans les riffs en plus de cette noirceur hantée et aérienne empruntée à Alice In Chains une fois de plus. Comme "The Great Deception", ce premier album confirme qu'il y avait encore quelque chose à faire avec le grunge et même si les influences se reconnaissent, "Gospel Of Your Sins" est une interprétation personnelle de ces différentes scènes. Les émotions dont sont gorgés ces dix morceaux leur permettent d'avoir une certaine profondeur malgré leur côté accrocheur et direct au premier abord. Il y a un travail sur la composition qui fait que l'on trouve encore des détails qui nous avaient échappés au bout de plusieurs écoutes.

"Gospel Of Your Sins" est donc une confirmation pour Dirty Black Summer qui nous emmène une fois de plus dans un road trip désabusé, poisseux et percutant. On y sent de la mélancolie, de la rage et une tendance à l'introspection qui rendent ce mélange de rock alternatif, de grunge et d'une noirceur héritée du black metal très efficace et prenant. Un mélange à part que personne d'autre ne pratique, c'est une raison suffisante d'y jeter une oreille attentive, non ?


Murderworks
Décembre 2023




"Great Deception"
Note : 17/20

Toutes ces périodes de confinement ont apparemment donné lieu à des projets musicaux que l'on n'aurait peut-être pas entendus de sitôt, prenons ça comme le verre à moitié plein d'une période bien sombre. Dirty Black Summer est un de ces projets surprenants car quand on voit des membres de Svart Crown, In Other Climes et Wormsand réunis dans un même groupe, on s'attend pas à les entendre explorer les terres du grunge ou du rock alternatif des années 90 ! C'est pourtant bien ce que fait "Great Deception", le premier EP du groupe et si le postulat peut surprendre, la qualité de l'ensemble va bien vite dissipier les doutes.

"Your Great Deception" ouvre le bal et on entend vite que les chiens ne font pas des chats car si l'orientation penche effectivement vers le grunge et le rock, on ne peut s'empêcher d'entendre du black metal dans les accords et arpèges. Il y a cette froideur qui va décidément teindre tout ce que produiront ces gars-là et le fait qu'elle se mélange à ces influences qui sont de base un peu plus chaleureuses ne fait que rendre le tout plus surprenant encore. Certes le grunge a toujours été une musique torturée mais la mélancolie y était contrebalancée par des sonorités blues voire même presque soul dans la voix de certains chanteurs. En parlant de chant, on entend des parties qui ne sont pas sans rappeler un certain Eddie Vedder au milieu d'autres plus criées et plus rageuses. Le mélange est en tout cas sacrément réussi entre les sonorités grunge, rock et la froideur du black metal, permettant à Dirty Black Summer de ne pas proposer une simple resucée de classiques des années 90. Rien qu'avec ce premier morceau, le groupe nous prouve que son idée était bonne et qu'il y avait encore quelque chose à faire avec ces sonorités qui sont tombées dans l'oubli après une explosion fulgurante. L'exploit réalisé ici est multiple, non seulement le groupe arrive à revisiter une scène morte en y ajoutant des sonorités antagonistes au premier abord, mais il arrive en plus capter un esprit qui semblait éteint et à s'en servir pour proposer quelque chose de nouveau, qui ne sonne jamais de façon passéiste et qui reste indéniablement prenant. L'émotion saute à la gorge et on sent que tout le monde a balancé ses tripes dans une musique de passionnés.

Ce premier EP ne dure que vingt-sept minutes et fait pourtant entendre toute une palette d'ambiances et de sonorités différentes qui nous fait espérér un album à l'avenir. Comme les membres de Dirty Black Summer aiment surprendre, ils se sont dit que ce serait pas mal de reprendre le "Womanizer" de Britney Spears que personne n'aurait imaginé atterrir ici. Et ça sonne terriblement bien en plus ! À entendre ces morceaux on se dit que cette scène est peut-être morte un peu trop vite et qu'il y avait encore quelque chose à en faire, Dirty Black Summer a en tout cas trouvé un moyen d'en ressortir la moelle et de transformer tout ça en quelque chose de personnel et actuel. Mais le point le plus important c'est surtout que tout ça sonne du feu de dieu et que cet EP est assez magistral dans son genre. C'est probablement ce que l'on attendait le moins et c'est pourtant un de ceux qui nous aura le plus frappé en plein cœur dernièrement. "Great Deception" est impressionnant et prenant de bout en bout avec une efficacité impossible à prendre en défaut et des émotions qui touchent au but à chaque fois. Ajoutez à ça une production puissante avec juste ce qu'il faut de guitares abrasives et vous avez le son parfait pour accompagner ce type de sonorités. Même si les membres du groupe ne sont pas des débutants, on ne s'attendait pas à un tel coup de maître sorti de nulle part, alors on tend bien les oreilles et on profite.

Dirty Black Summer nous envoie "Great Deception" en guise de carte de visite et nous souffle pendant vingt-sept petites minutes. Un début magistral qui resuscite une scène que l'on croyait morte en y ajoutant quelque chose de plus personnel et sans oublier l'évolution musicale ayant eu lieu depuis. On espère au moins un album à l'avenir et en attendant on se repassera plus d'une fois ces six morceaux (dont la fameuse reprise) en se disant que même les pires moments peuvent parfois produire de bonnes choses.


Murderworks
Octobre 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dirtyblacksummerofficial