Le groupe
Biographie :

Dérivé du nom usuel DMT, un puissant psychotrope supposé ouvrir des portes sur des mondes allant au delà de notre imagination, voire provoquer des expériences de mort imminente, Dimitree est un groupe de metal toulousain formé fin 2010. Il est composé de membres ou anciens membres de Plebeian Grandstand, Zubrowska et Señor Flores. L’univers musical de Dimitree se trouve en grande partie dans le metal extrême, quelque peu barré et progressif, et se nuance par des ambiances planantes et psychédéliques.

Discographie :

2013 : "Nine Lives"
2016 : "Id/Ego/Superego"


Les chroniques


"Id/Ego/Superego"
Note : Ouch/20

Bordel, deuxième fois que je m’apprête à écouter le groupe et toujours pas de DMT sous la main. Bon, en même temps, les mecs n’avaient peut-être pas projeté qu’on en prenne pour écouter leurs skeuds. Du coup je suis frais comme un gardon, un dimanche matin au soleil dans ma véranda, un café sur la table, les deux grosses enceintes prêtes à envoyer.

Franchement, les mecs te tartent la gueule, c’est indécent. L’entrée se fait avec "Two Face" qui aurait peut-être dû s’appeler "Into Face". Au bout de deux minutes je me suis mis debout genre "Allez, j’vais couper du bois, arracher les mauvaises herbes, planter des trucs", bref j’étais grave chaud. Dans mon souvenir, Dimitree, en plus de tout défoncer, était également fou. Ca n’a pas louper avec "Hold" qui a la propriété unique d’être à la fois complètement à côté de la plaque et l’essence même de cette musique. Admettons tout de même que la plupart du temps Dimitree c’est l’ultraviolence. Du hardcore puissant, déstructuré, déviant dans du mathcore furieux. Au tableau, on affiche "Exhale", "Persistent Vegetative State" et "Black". Si on devait citer quelques groupes pour vous donner une idée, on parlerait évidemment de The Dillinger Escape Plan et The Chariot. Personnellement, je retrouve aussi le côté barré d’Extreme Cherokee (groupe mort mais à découvrir sur deux excellents opus) sur des titres qui piquent comme une fusée d’artifice dans le cul, de mèche avec "Nymphomaniac" dont on imagine déjà l’absurdité de l’histoire.

Cette déferlante de brutalité, et c’est ça qui est beau, est toujours pondérée par des phases bien plus douces comme sur "Cymon". L’introduction d'"Adhikar" en est un très bon exemple aussi et j’ai même envie de dire le titre entier dégage quelque chose de bien particulier. Cela me rappelle toute la mouvance screamo et post-hardcore marquée par des groupes comme Amanda Woodward ou Daitro. Egalement, "Behind A Pale Painted Smile" qui vient se frotter à un style plus conventionnel encore, puis finalement pas du tout. Sûrement un des sommets de l’album.

Pourvu que vous soyez un minimum sensibles aux voix déchirées, aux guitares lacérées et pas cardiaques, vous vous direz que ces mecs ont du génie. Je pense que cette folie qu’ils dégagent en triturant leurs instruments leur permet d’être civilisés le jour. Leur musique est barjo, profitez-en.


Kévin
Mars 2018




"Diminished Reality, Elegies And Mysteries"
Note : 16/20

Comment attirer le regard ou plutôt les oreilles d’un public potentiel sur un groupe récemment formé ? Règle numéro un : avoir un line-up de premier choix dont les membres sont issus de formations qui ont déjà marqué à différents degrés le paysage musical du metal français (Plebeian Grandstand, Zubrowska, Senor Flores). Règle numéro deux : afficher clairement des tendances extrêmes liées à un côté mentalo-psyché. Règle numéro trois : associer le tout à un psychotrope quasiment plus utilisé dans nos sociétés modernes : la diméthyltryptamine, ou plus brièvement DMT. C’est sûr que Louisa-Sophie-Dora ça claquait moins !

Le titre "Jonah" qui ouvre l’album, se marierait bien avec l’ambiance d’un jardin japonais alors pour fumer du DMT on serait au top. De petites sonorités en notes futiles le groupe pose un univers rapidement construit, puis rapidement détruit, entre autre par "Psema" qui prend la suite. Oubliez la sérénité, c’est le désordre qui s’invite dans votre tête. Un changement radical qui ferait bad tripper n’importe quel aficionado perché bien trop haut, là-bas, près du soleil. Le groupe se présente sous une facette extrêmement violente, où le souffle devient secondaire et où les notes des différents instruments s’entrechoquent jusqu’à créer une "mélodie" chaotique. Vocalement, on est en plein dedans, les hurlements sont sévères mais savent aussi s’éclaircir quelque peu pour, parfois, mettre du relief aux compositions. Sans transition ou presque, c’est "Ultraviolet" qui prend place. Un peu plus lourd, d’apparence un peu plus structurée, le groupe défonce et insuffle à cette musique urgente des notes aigues aux intonations mathcore et un tant soit peu psychédéliques. Notons au passage la valeur ajoutée par Mat du groupe toulousains Eryn Non Dae.. "Astral", c’est le break, une sorte de chill out de métalleux où les cordes, légères, libres, accompagnent les spoken words d’une voix qui a vécu. Très belle piste en somme avant de rebasculer la tête et de se faire aspirer par "Black Hole". Dimitree navigue avec brio entre les différentes ambiances précédemment citées et pose ainsi la cohérence de tout l’album. Le groupe fait ce qu’il veut, nous caresse, nous malmène, nous attendrit, nous maltraite. Imprévisible. Imprévisible comme la beauté de "Mithra" qui tend davantage vers du post-rock, m’a fait décrocher de la planète Terre sans me donner envie d’y reposer les pieds. Imprévisible également comme cette voix qui introduit "Nine Lives" qui, finalement, bien qu’extrêmement bien construit, n’est pas le titre le plus séduisant de cet opus.

Alors qu’est-ce qu’on retient de Dimitree ? Que c’est un peu comme une remontée, un retour d’acide, c’est violent et apaisant à la fois. Ca vide le corps et l’esprit. C’est complètement dingo, c’est bien pensé, bien mené et orchestré par des musiciens à la technicité irréprochable. Alors ? Tu t’es décidé ? Tu vas t’envoyer en l’air ? Pas au DMT branleur ! A Dimitree !


Kévin
Avril 2014


Conclusion
Le site officiel : www.dimitree.bandcamp.com