Le groupe
Biographie :

Diablo Swing Orchestra (DSO) est un groupe de metal avant-gardiste suédois. Formé en 2003, il compte actuellement cinq albums à son actif : "The Butcher's Ballroom" sorti en 2006, "Sing Along Songs For The Damned And Delirious" en 2009, "Pandora's Piñata" en 2012, "Pacifisticuffs" en 2017 et "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole" en 2021. Il compte également huit membres : Daniel Håkansson (guitare / chant masculin), Kristin Evegård (chant féminin), Pontus Mantefors (guitare / effets), Andy Johansson (basse), Johan Norbäck (batterie / Vulkan, ex-Morgeous Garvin), Johannes Bergion (violoncelle), Daniel Hedin (trombone) et Martin Isaksson (trompette). Ils mélangent différents genres tels que le jazz, le heavy metal et plusieurs de ses variantes : symphonique, progressif, psychédélique ou encore folk.

Discographie :

2006 : "The Butcher's Ballroom"
2009 : "Sing Along Songs For The Damned And Delirious"
2012 : "Pandora's Piñata"
2017 : "Pacifisticuffs"
2021 : "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole"


Les chroniques


"Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole"
Note : 16/20

Si vous avez besoin d'un petit coup de peps en cette période compliquée, réjouissez-vous ! Diablo Swing Orchestra revient avec "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole" pour nous remettre une dose de metal festif teinté de swing, de big band et de jazz. Expérimental et avant-gardiste certes mais toujours dansant et mélodique donc ne prenez pas peur et joignez la danse.

Après les deux petites minutes mélodiques et douces de "Sightseeing In The Apocalypse", le groupe ressort les cuivres et sa patate habituelle sur "War Painted Valentine" qui fait entendre un flow presque rap dans les couplets avant d'enchaîner sur les accents latinos très marqués de "Celebremos Lo Inevitable". Bref, c'est toujours la fête chez Diablo Swing Orchestra et si la formule est connue et que le groupe ne sort pas vraiment de ses habitudes il faut reconnaître que c'est diablement efficace. Une fois de plus le mélange de tous ces genres se fait en gardant en tête l'accroche et la mélodie, donc même si l'univers du groupe ne vous est pas familier, il est possible d'y entrer sans faire d'efforts insurmontables. On a tout de même quelques petites surprises comme "The Sound Of An Unconditionnal Surrender" qui se fait à la fois plus sombre, plus dramatique et plus orchestral. Une petite coupure dans le tracklisting qui permet de varier les plaisirs et de proposer des ambiances plus puissantes. "Out Came The Hummingbirds" fait lui aussi partie des morceaux qui amènent un petit plus avec ses sonorités electro et ses riffs plus durs qui tranchent avec les mélodies plus sucrées des refrains. Mais globalement, si vous connaissez déjà bien Diablo Swing Orchestra, vous allez très vite vous y retrouver et "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole" vous donnera ce que vous êtes venus chercher. Le talent du groupe pour ce genre de musique lui permet de continuer tranquillement sur la voie qu'il s'est tracée sans avoir besoin d'en dévier outre-mesure. C'est une fois de plus bien composé, plein d'énergie, suffisamment varié et très accrocheur donc il n'y a aucune raison de bouder son plaisir à l'écoute de ce cinquième album.

On retrouve tout ce qu'on aime chez Diablo Swing Orchestra mais on sent que le groupe se fait parfois plaisir avec quelques petites sonorités différentes. Un bon équilibre qui permet de balancer un album accrocheur, festif et suffisamment aventureux pour ne pas donner une impression de stagnation. Surtout que comme d'habitude, on a droit à une bonne heure de musique et que sur une durée pareille la moindre faiblesse ou baisse de régime fait très mal. "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole" passe tout seul et ne subit à aucun moment ce genre de défaut et fait le boulot attendu. Le chant est toujours aussi perché et on a régulièrement l'impression d'entendre des personnages de dessins animés, ce qui rejoint finalement bien les artworks du groupe et en particulier la pochette de ce nouvel album qui est parfaite. Alors non, ce n'est pas ici que vous trouverez une révolution mais la formule de base est déjà bien assez barrée comme ça donc on ne va pas reprocher au groupe de continuer dans cette voie. Et quand c'est bien fait, que ça accroche l'oreille et que c'est suffisamment varié comme c'est le cas ici, on en profite en se disant que comme d'habitude cela devrait être d'autant plus festif sur scène, enfin si ça peut être rendu sur scène prochainement. Diablo Swing Orchestra continue à n'en faire qu'à sa tête et se démarque clairement du reste de la scène avec ce mélange allumé. Au-delà du délire et de l'ambiance énergique, il faut avouer que tout ça est une fois de plus très accrocheur et que certaines mélodies ou lignes de chant touchent au but, comme par exemple sur "The Prima Donna Gauntlet" qui se fait un peu plus mélancolique et plus posé.

Diablo Swing Orchestra nous livre donc avec "Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole" un nouvel album tout aussi frappé que ses prédécesseurs qui poursuit dans la même veine et qui fait toujours le même effet. Pas de surprises certes mais une efficacité incontestable et une heure de musique qui redonne la banane.


Murderworks
Avril 2022




"Pacifisticuffs"
Note : 17/20

"Vous voulez encore du metal barré ? Alors je vous présente (avec du retard...) "Pacifisticuffs", le dernier Diablo Swing Orchestra, groupe suédois qui a bien fait parler de lui ces dernières années. Encore une fois, il va être bien difficile de coller une étiquette là-dessus alors on va en parler un peu plus en détail et vous irez y jeter une oreille non mais oh ! (à mon avis c'est déjà fait mais on sait jamais, je ne suis peut être pas le seul retardataire ) !

Clarifions les choses tout de suite, vous ne trouverez pas d'ambiances pesantes ou sombres chez Diablo Swing Orchestra, ici c'est la fête et ça swingue justement. "Knucklhugs" ouvre l'album avec deux petites minutes bien festives qui mélangent déjà tellement de chose différentes qu'il est déjà impossible d'en faire la liste. Vous avez l'impression d'entendre une version encore plus dingue du "Bad Devil" de Devin Townsend et vous avez à peine le temps de le remarquer que ça part en country version what the fuck ! Bref, vous n'êtes pas au bout de vos surprises avec cette bande de grands malades et les morceaux sont tous plus déjantés les uns que les autres, leurs seul point commun étant de vous coller la banane en un rien de temps. Si les influences et sonorités sont différentes, j'y retrouve le même esprit que chez Dirty Shirt dont j'ai parlais récemment, ce mélange de metal, de musique traditionnelles, ethniques ou anciennes, ce mélange des genres improbable qui arrive à la fois à vous saisir à la gorge et à vous donner envie de balancer des confettis dans tous les sens. Même au niveau des instruments utilisés c'est le bordel puisqu'en plus des traditionnels guitares, basse, batterie et claviers, on a droit à du trombone, du violoncelle ou de la trompette donc autant dire que ça brasse très large et que l'ouverture d'esprit est fortement conseillée. Pourtant, les grosses guitares et les riffs qui tuent sont bien là et envoient une puissance et un groove du tonnerre qui font des dégâts aux cervicales pour cause de headbanging effréné. Le tout donne l'impression d'entendre un croisement entre un groupe de metal et une fanfare complètement survoltée et à la masse.

Pourtant, malgré ce côté avant-gardiste et expérimental, Diablo Swing Orchestra ne perd jamais l'accroche de vue et des morceaux comme "Jigsaw Hustle" sont des tubes en puissance et ne vous sortiront plus du crâne avant un bon moment. Un bon équilibre entre puissance, mélodie, pétage de plomb et metal puissant et direct. Rien de violent certes mais le son étant bien massif, la puissance se fait entendre par moments et rajoute une dose de patate qui fait du bien. Les puristes vont évidemment vomir par les oreilles tant Diablo Swing Orchestra se fout des codes du genre et s'amuse à balancer tout ce qui lui passe par la tête en termes de sonorités, même si certains morceaux sont plus poignants que d'autres et que globalement l'expérimentation ne tombe jamais dans les tréfonds de l'inaudible. Ces suédois gardent toujours une efficacité imparable dans leurs morceaux et il y aura toujours une mélodie ou une ligne de chant auxquelles les oreilles des néophytes pourront se raccrocher. Comme je le disais, rien d'insurmontable et si un Devin Townsend dans ses moments les plus cinglés ne vous fait pas peur, vous ne risquez pas grand-chose à jeter une oreille sur "Pacifisticuffs" et devriez même vous sentir assez vite à la maison. Cela ne veut pas dire que le groupe pompe Townsend mais bien que l'expérimentation ne va pas beaucoup plus loin et que ça peut encore être à peu près accessible pour quelqu'un qui ne s'est pas aventuré très loin en dehors du metal.

Bref, pour faire simple, Diablo Swing Orchestra vient encore de frapper fort avec un album percutant, fun, varié, riche, barré et puissant. Un mélange déjanté qui file une bonne grosse patate et qui trouve le moyen de vous retourner l'estomac dans ses moments les plus calmes et introvertis.


Murderworks
Octobre 2018




"Pandora's Piñata"
Note : 19/20

Diablo Swing Orchestra est un de ces petits ovnis qui sortent de l'ordinaire et viennent dépoussiérer le genre d'un coup de folie imaginative ! Après un premier opus qui nous a décapé les oreilles, et un second dans la lignée venant faire frissonner nos sens auditifs, ils viennent de nouveau nous servir sur un plateau, un nouvel album dont le titre laisse encore à penser à quelque chose d'explosif.

Pas d'introduction, pas de chichis, le premier titre donne directement la note et le groupe entame un rythme endiablé sur un '"Voodoo Mon Amour"' en french-english festif. Comme toujours un mélange de guitares, de metal, de cuivres, de voix lyriques... un melting pot bien dosé, osé et réussi. On reste dans un rythme latino jusqu'à la quatrième piste "How To Organize A Lynch Mob"', une sorte de pause musicale aux consonances asiatiques, calme et reposant, pour nous préparer à la suite. Ca casse le rythme de l'album, mais peut-être est-ce voulu ? J'aime. Surtout que la reprise est tout de suite présente dans un style beaucoup moins cuivré mais toujours avec autant de ''bordel organisé''. Le titre éponyme de l'album au son déjanté de chœurs suraigus nous ramène sur le manège. Mais la jolie ballade "Aurora" façon classique vient étonner encore : si l'on croise au début orchestres et piano pour un morceau très aérien, dès le chant fini, voilà qu'ils entament un instrumental arabique, deux musiques qui s'harmonisent en une. Ça peut être déroutant au départ, mais si on a déjà entendu les autres albums alors on reconnaît bien là le style de Diablo Swing Orchestra ! "Mass Rapture" laisse la belle au chant masculin qui, sans être aussi colossal que sa compagne, vient donner la cerise sur le gateau déjà bien fourni de '"Pandora's Piñata"'. Là encore des sons orientaux côtoient une guitare brutale et enfermée dans un riff oppressant. Encore plus oppressant avec "Of Kali Ma Calibre" commençant par cette suite de notes bien connue des films d'horreur. Une voix au timbre dramatique prend part aux airs presque héroïques d'une trompette déterminée, saupoudré d'orchestrations classiques qui montent jusqu'à une fin grandiose. "Justice For Saint Mary"' nous donne l'épilogue, avec sa fin extravagante et étrange.

Un album encore bien complet, qu'il est difficile de résumer tant il fourmille de trésors. Le titre de l'album englobe bien l'univers : une boîte de trésors et de fête, voilà ce que nous offre Diablo Swing Orchestra. Le seule reproche, si je devais critiquer, serait peut-être que ce metal avant-gardiste pourrait vite rebuter et est assez difficile d'accès. Il est possible de s'y perdre. Mais une fois qu'il est apprécié, on en découvre à chaque écoute l'intense passion et toutes les influences d'horizons divers. Je regretterais peut-être l'aspect moins metal cependant, des riffs moins présents, ce qui fera baisser l'ultime sacrement d'un point dans mon jugement.


Fianna
Octobre 2012




"Sing Along Songs For The Damned And Delirious"
Note : 20/20

Délirant, burlesque, excellent. C’est sur ce modeste constat que je me lance pour vous décrire le nouvel ovni de Diablo Swing Orchestra. En effet, il y a des coups de pieds dans la fourmilière qui font du bien. Vous pensiez que le metal à chant féminin c’est du "vu et re-vu" ? Vous êtes blasés quand vous entendez parler d’un groupe venant de Suède ? Pour vous le chant lyrique est forcément synonyme de rasoir ? Arrêtez de vous prendre trop au sérieux et tendez une oreille. Commencez par mettre votre lecteur en mode "intro". Quel autre groupe, en un album et sur quelques secondes seulement, arrive à faire penser à des références aussi disparates que le film The Mask, des mariachis, une fanfare militaire, Georges Brassens (guitare acoustique), un vieux manège, Thomas Dutronc (guitare manouche) ou encore Apocalyptica ? Ne vous laissez pas démonter par l’apparent fouillis des ambiances et maintenant lancez la lecture du disque pour de vrai.

"Sing Along Songs For The Damned And Delirious" est une mine d’ambiances surprenantes aux influences bigarrées : dès l’ouverture avec "A Tapdancer's Dilemma" où les cuivres donnent à la musique un côté très festif et chaud tandis que les voix louchent parfois du côté des Triplettes de Belleville ou de Caravan Palace ; immédiatement après, "A Rancid Romance" ouvre sur un piano très théâtral puis un riff metal où s’ajoutent trompettes et castagnettes pour un effet mi-flamenco mi-tango, la même trompette amenant un effet burlesque au chant dans les refrains parfois proche de l’hystérie, on est presque étonné que le morceau se finisse aussi calmement avec un très beau duo accordéon / violoncelle ; par la suite les "frères" Siberian Love Affairs et Vodka Inferno nous emmènent quelque part en Russie, l’un dans une taverne pour une invitation à boire au son d’un orgue de barbarie, d’un accordéon et d’un chœur Slave, l’autre pour une danse effrénée aux changements de rythme soudains mais où l’air semble bien connu. Citons enfin l’excellent "Lucy Fears The Morning Star" qui s’ouvre sur une marche militaire et finit avec un mélange metal / percussions qui sent bon le Sepultura de l’époque "Roots" auquel viennent se joindre en clôture des trompettes pour un résultat latino et génial. Mon passage préféré ! Je vous laisse la surprise pour les autres morceaux.

Côté chant, le groupe a également choisi de faire les choses en grand en s’offrant le baryton Kosma Ranuer pour donner la réplique à leur extraordinaire vocaliste Annlouice Loegdlund. De ce duo nait des dialogues lyriques frapadingues, on pense au Fantôme de l’Opéra ou à une pièce d’opéra-bouffe. Le style d’Annlouice, c’est une voix à personnalité multiple : cantatrice un peu folle, ingénue, petite fille ou caressante. En comparaison avec des noms connus du chant féminin dans le metal, Annlouice se distingue par sa voix versatile mais surtout bourrée d’humour, chose qu’on ne retrouve pas chez toutes les dames du milieu au chant parfois très cérémonieux voire guidé. Daniel Håkansson (guitare) apporte également une touche pop / rock avec sa voix pas si éloignée de Muse ("Memoirs Of A Roadkill", "Stratosphere Serenade"), calme et plaisant. Diablo Swing Orchestra surprend avec des morceaux catchy, décalés et ose le mélange des genres. Ca swingue jusqu’au bout, point de système de "hits" pour faire passer la pilule de morceaux plus faiblards. Comme qui dirait : "Enjoy !"

Premier album sorti il y a 3 ans, "The Butcher's Ballroom" lançait un premier pavé dans la marre et révélait une musique originale amalgamant metal et diverses autres influences. Ce qui aurait pu n’être qu’un effet d’annonce ou de mode nous revient et frappe à nouveau un grand coup ; avec "Sing Along Songs For The Damned And Delirious", Diablo Swing Orchestra prouve qu’ils n’ont rien perdu de leur créativité (bien au contraire !) et qu’ils sont là pour rester. Diablo Swing Orchestra c’est une musique pleine de bizarreries, d’excentricité mais avec un boulot d’écriture et de composition réel, de vrais riffs… bref de vrais pros ! "Sing Along Songs For The Damned And Delirious" est l’album le plus amusant et le plus stimulant qu’il m’ait été donné d’écouter, au final mon préféré pour 2009, je vous le conseille vivement ! Et pour ceux qui seraient déjà tombés (ou tomberont) amoureux, Diablo Swing Orchestra est d’ors-et-déjà annoncé pour le Brutal Assault 2010, et quelque chose me dit que la tournée Européenne n’est pas finie. A voir absolument sur scène !


Eniel-Obtide
Janvier 2010


Conclusion
Le site officiel : www.diabloswing.com