Le groupe
Biographie :

Fondé en 2005 à Anvers, le groupe choisit le nom de "Diablo Blvd" d'après un titre de Corrosion Of Conformity et est dirigé par le célèbre comédien de stand-up, Alex Agnew. Avec d’anciens et actuels membres de A Brand, Born From Pain et Meuris, ce riche quintette s’est très rapidement fait un nom et s’est produit lors de nombreux concerts aussi bien en Belgique qu’aux Pays-Bas. Après deux albums couronnés de succès et un nombre incalculable de concerts en Europe, Diablo Blvd entre au studio ICP de Bruxelles aux côtés du producteur Ace Zec pour y enregistrer "Follow The Deadlights". Le quatrième album, "Zero Hour", sort en Septembre 2017.

Discographie :

2009 : "The Greater God"
2011 : "Builders Of Empires"
2014 : "Follow The Deadlights"
2015 : "Follow The Deadlights" (Réédition)
2017 : "Zero Hour"


Les chroniques


"Zero Hour"
Note : 15/20

Diablo Blvd fait partie de ces groupes soit adulés soit détestés. D’ailleurs, en toute honnêteté journalistique et pour passer au confessionnal des passionnés, la première fois que ce nom a trouvé écho auprès de mes oreilles était dans un sombre recoin du net, à l’heure de gloire des forums fourre-tout, où un enragé qualifiait Diablo Blvd de "pire groupe belge après Max Pie". Une bonne dizaine d’années après la lecture de ce post peu glorieux, le constat parle de lui-même, Diablo Blvd a écumé les grands festoches (With Full Force, Summer Breeze, Metaldays, etc) et a même pris la peine de créer le sien (le Diablofest pour ne pas le nommer). Alors sans être aussi extrémiste, j’annoncerai simplement que Diablo Blvd présente désormais son quatrième album en une douzaine d’années de carrière. Et pour la suite, essayons de vérifier si la légende disait vrai et que les haters trouveront toujours quelques sobriquets bien repoussants à donner à Diablo Blvd par la pointe de leurs claviers...

Se décrivant toujours comme un rock dark et groove, Diablo Blvd défend coûte que coûte cette florissante scène wallonne et flamande qui prouve que même si la Belgique et le pays de la frite et de Marc Dutroux, elle aura enfoncé plus d’une patate dans des fondements (d’oreilles !). Mais passons et entrons directement dans le vif des décibels de ce quatrième album Blvdien. D’ailleurs, pour innover, commençons par imiter le côté pervers de l’être humain en déchaînant tous nos reproches envers ce "Zero Hour" dès maintenant. Pour les côtés positifs, on verra plus tard, parce que mine de rien, ici il caille, il pleut et les manifestations bloquent ma rue et m’empêchent de surcroît de sortir de mon garage. Oui cela n’a aucun rapport, mais je soupçonne plus d’une part de frustration chez nos amis rageux virtuels, alors autant se mettre dans le bain (et oui, pour les curieux, la taille de mon engin me satisfait entièrement)... Quoi qu’il en soit, tentons d’être un minimum constructif et d’esquisser une critique fondée plutôt qu’un fameux "Bin c d’la merde euuuh lol" traditionnel beaucoup trop facile et aussi bancal qu’un "Je suis pas raciste, mais moi les noirs j’aime pas ça et je te parle même pas des chinois" ou qu’un "Moi, homophobe ? Certainement pas, ma sœur connaît le cousin de la voisine d’un type qu’elle a croisé une fois au cinéma et il est PD". Pour débuter par le début et argumenter par l’argument, disons qu’"Animal" n’est pas le titre le plus percutant pour entamer ce nouveau jet, ni même pour servir de simple mise en bouche ou d’apéro pour ce "Zero Hour". Le riff et le refrain sont assez peu satisfaisants, pas mauvais mais très moyens. A tel point que si j’étais vraiment médisant, je dirais que c’est à peu près la même histoire que quand Aubameyang s’essaie aux panenkas sur penalty avec Dortmund : ça veut bien faire, mais il manque quelque chose... Et la suite directe ne va pas tellement en s’arrangeant, "Sing From The Gallows" arborant un peu trop des airs de "South Of Heaven" (la voix d’Araya en moins, cela va s’en dire). Il faut attendre le troisième titre, "Life Amounts To Nothing" pour bouger son cul de sa chaise, et assister à un Diablo Blvd hydrocarburé par des influences à la Redfang ("Like Rats"). En somme, même si cet album est plus sombre, quelque peu plus lent et quelque part plus brouillon (pas dans le sens péjoratif hein) que ses prédécesseurs, il séduira difficilement les adeptes de la critique facile et des oreilles bouchées. Bon et puis, parce que quand tu t’appelle Marc-Henri et que tu as le corps de Squeezie, tu n’as pas vraiment ton mot à dire, à la limite tous ces détails n’ont pas d’importance.

Alors, un peu comme si on s’écraserait après avoir lâché le clavier et s’être retrouvé nez à nez avec notre victime virtuelle devenue bien réelle d’un coup, passons désormais aux compliments et autres suçages de boules de ce "Zero Hour"... Assez bizarrement, passé les deux premières pistes, l’album dégage sa propre identité et apparaît bien plus percutant. La seconde partie de "Zero Hour" étant à ce titre bien plus attractive que la première. Certains titres se démarquent nettement des autres ("God In The Machine" ou encore "The Future Will Do What It’s Told") et d’autres sont réellement très réussis ("The Song Is Over"). De même, l’interlude "00 00" est très agréable. "Zero Hour" se laisse aller à quelques expérimentations en dehors des sentiers battus ("You Are All You Love") avant de retourner vers le gros rock brut, efficace et sans trop d’artifices ("The Song Is Over", "Summer Has Gone"). L’oreille remarquera certains solos bien foutus et des arrangements discrets mais plaisants montrant que nos amis Belges n’ont pas chômé depuis la sortie de leur précédent album en 2014. Et il faut dire que personnellement, plus je l’écoute, plus j’apprécie ce "Zero Hour" (faut dire que désormais, les manifestants se sont barrés, cela a certainement son importance...). En définitive, "Zero Hour" regroupe onze titres qui, même s’ils n’ont pas inventé l’eau chaude ou le fil à couper le beurre, respectent l’univers de Diablo Blvd et son identité en lançant un lot de compositions variant les tempos et arborant comme points culminants des refrains plutôt accrocheurs à quelques exceptions près.

Bon ne le cachons pas, "Zero Hour" n’est pas le disque du siècle ni l’album qui te fera sauter au plafond en criant au génie, mais de là à le qualifier de "pire album belge de l’année" ou je ne sais quoi, il y a bien évidemment une marge très très grande. Certes "Zero Hour" arbore un son et un sens de la composition assez répétitifs mais toutefois non dénués de tout intérêt. Disons donc qu’à l’instar des Diables Rouges, Diablo Blvd a une belle équipe (de décibels ici) et que malgré l’effet sur le papier, ces derniers ne peuvent pas faire mouche dans tous les buts ni toutes les oreilles. Mais, même s’ils n’arriveront pas en finale d’une Coupe du Monde pour le moment, ils écraseront pas mal d’autres formations et atteindront facilement les quarts en séduisant plusieurs rangées de supporters par la singularité de leur son et de leur style de jeu. Et en musique comme en foot, si certains sont nostalgiques de la génération Jean-Marie Pfaff et compagnie, ici d’autres préféreront "Follow The Deadlights" peut-être plus frais, lumineux et vivace dans son style. Pour les autres, "Zero Hour" fera le taf comme un Meunier ou un Benteke rentré sur le terrain !


Rm.RCZ
Janvier 2018




"Prime Incursion"
Note : 13,5/20

Diablo Blvd, nommé d'après un morceau de Corrosion Of Conformity, est la nouvelle sensation belge en matière de rock / hard grand public. La musique du quintette, qui a effectivement de quoi rassembler sous sa coupe un très large public, respire à pleins poumons le rock / metal indie américain. Le but avoué du groupe est de pouvoir vivre de son art et se donne tous les moyens possibles pour y parvenir. Signés sur Sony Belgium, le groupe jouit déjà d'une bonne popularité dans son pays natal et son potentiel commercial a été reconnu par Nuclear Blast, le Saint Graal des labels metal européens, qui réédite le dernier et troisième album en date des flamands, avec un nouveau visuel, un morceau inédit en guise de bonus, et un matraquage marketing vomitif de circonstance.

Alex Agnew, chanteur de Diablo Blvd, est déjà célèbre dans le Pays Plat, évoluant dans le show-biz : il est humoriste et connaît, semble t-il, un grand succès en Flandre (voilà pour l'instant people). Ce petit détail fait d'ailleurs partie intégrante de la campagne promotionnelle de Nuclear Blast, une bonne moitié du communiqué de presse accompagnant ce disque est d'ailleurs axée sur la carrière d'Agnew, ce qui en dit sur les intentions réelles du label allemand (on les connaît bien entendu, mais de là à réduire l'image de son nouveau poulain à un groupe créé par des showmen prêts à gagner encore un peu de blé, au lieu de se concentrer sur ses qualités musicales, c'est affligeant...). Vocalement parlant, Alex Agnew partage des similitudes avec Michael Poulsen, son timbre de voix étant identique à celui du chanteur de Volbeat, et, conséquence de ce mimétisme vocale, le fantôme du groupe danois hante chaque recoin de notre esprit à l'écoute de "Follow The Deadlights", impression renforcée par le fait qu'Agnew ne module absolument pas son chant, ce qui s'avère vite chiant et énervant à la longue, cette voix poussive et linéaire ne nous fait pas vraiment tressaillir (l'accentuation, l'intonation ou bien même, l'émotion, le bonhomme ne connaît rien de tout cela). Cela pose un gros problème sur les refrains. S'ils s'avèrent bons, biens écrits, très mélodiques et mémorisables, leur portée fédératrice est lésé par la performance fade d'Alex.

Musicalement, le groupe opère dans un heavy / groove metal aux accents southern, Alternatifs ou encore gothiques (on pense à Paradise Lost sur le refrain de "Follow The Deadlights" ou encore "Son Of Cain" ; la rythmique glaciale de "We Are Legion", très coldwave), les compositions sont toutes calibrées, écrites avec un seul objectif en tête : être un hit en puissance. Tout est mesuré, calculé, et, par suite, sonne de façon artificielle et bornée. La recette est appliquée avec soin à tous les morceaux et aucune surprise ne vient, malgré le très bon niveau des zicos. Les riffs sont groovy et gros mais entendus déjà un milliard de fois. Synthétiquement, le groupe sonne comme un condensé de tout ce qui marche actuellement: Volbeat, Black Label Society, Mastodon ("Get Up 9", les "oh oh" de "Rise Like Lions" pompés sur "Curl Of The Burl") mais en moins bon et percutant. En revanche, certains titres trainent un peu trop en longueur et leur impact se voient fortement diminué, un comble pour un groupe dont les velléités radiophoniques sont affichées aussi clairement. Mais en dépit de toute la bonne volonté de nos voisins belges, il manque à ce disque des véritables hits, des tubes qu'on écouterait en boucle, un truc qui nous ferait sauter au plafond illico.

Car il manque à cet album une autre chose essentielle pour décrocher la timbale, c'est l'énergie. Si la carrosserie de cette belle bagnole est brillante et polie et l'intérieur luxueux, elle n'a rien dans le sac. Les morceaux sont efficaces mais pauvres et ne décollent jamais. On attend LE riff de tueur, LA mélodie clinquante, LE break de batterie de ouf, mais en vain. Cela manque cruellement d'âme, de spontanéité, de folie, de génie, et d'inspiration, les morceaux sont bons, efficaces et les refrains font mouche, mais cela sonne trop creux, trop calibré, trop écrit dans le but de cartonner, c'est bien gentil mais ça ne montre pas les crocs. Un produit consommable qui se présente comme tel et dont l'intérêt musical et artistique est ultra-limité.

Indépendamment de tout, "Follow The Deadlights" est un bon disque de rock / metal accrocheur, efficace, aux belles formes généreuses et comblera les attentes des amateurs de rock alternatif grand public préfabriqué. Cette chronique pourra sembler dure mais elle ne fait que mettre les choses au clair. Diablo Blvd n'est pas l'étalon d'un genre nouveau, ni un groupe de génie comme on nous le vend, juste un groupe de potes aspirant au succès et se faisant plaisir en jouant une musique léchée et docile.


Man Of Shadows
Février 2015


Conclusion
L'interview : Andries Beckers

Le site officiel : www.diabloboulevard.com