Le groupe
Biographie :

Diablation est un groupe de black metal symphonique actuellement composé de : Maximilien B. (basse / Bâ'a, Gravenoire, ex-Oorthian, ex-The Sect), IX (batterie / Eradikal Insane), V. Orias A. (guitare, clavier / Ad Inferna, Sollertia, ex-De Profundis, Demandolx, MY Eternel) et Vicomte Vampyr Arkames (chant / Ad Inferna, Gravenoire, ex-Morning Rise, My Love Kills, ex-Seth). Diablation sort son premier album, "Allégeance", en Décembre 2021 chez Antiq Records, suivi de "Par Le Feu" en Mars 2023 chez Osmose Productions, et de "Irrévérence" en Septembre 2024.

Discographie :

2021 : "Allégeance"
2023 : "Par Le Feu"
2024 : "Irrévérence"


Les chroniques


"Irrévérence"
Note : 17/20

"Irrévérence" est le troisième album de Diablation et sera malheureusement le dernier, ce qui est plutôt dommage vu la qualité des deux précédents méfaits. Mais bon, toute chose a une fin et on va donc profiter pleinement de l'écoute de cette dernière offrande toujours ancrée dans un black metal symphonique, violent et teinté de romantisme noir.

Après une introduction toute liturgique, "Éternel" prend le relais et on passe de suite à quelque chose de bien plus nerveux et plus sombre, pas mal de blasts, des breaks, des riffs plus lourds, des orchestrations discrètes mais bien présentes et un premier véritable morceau bien frondeur. Une fois de plus, le black metal de Diablation se fait aussi grandiloquent que violent et ceux qui pensent encore que les claviers affaiblissent ce style de musique vont se reprendre une petite claque derrière les oreilles. On sent encore une fois quelque chose de dramatique voire de tragique dans les mélodies, là où le reste du morceau tabasse sévèrement et offre un contraste très intéressant entre fureur et noirceur. "Purification", quant à lui, est bien plus nuancé que son nom ne le laisse penser et même s'il ne rechigne pas à ruer parfois dans les brancards, il présente tout de même de très fortes ambiances et une capacité à accrocher l'oreille assez surprenante pour un morceau de près de neuf minutes. Le talent de composition de ce groupe se confirme une fois de plus et nous fait regretter d'autant plus fort que l'histoire se termine ici. L'équilibre entre mélodies, orchestrations majestueuses mais jamais envahissantes et violence frontale est très bien géré et rend les morceaux vivants et percutants malgré leur longue durée. Un black metal aéré qui sait jouer avec la glace et le feu à la fois, avec une fois de plus ce petit feeling des groupes du début des années 90 quasiment abandonné par tout le monde et qui sonne toujours aussi bien quand il est maîtrisé comme c'est le cas ici. Il y a peut-être même quelque chose d'un peu moins romantique dans ce nouvel album, une envie de faire plus direct et plus efficace.

"Irrévérence" est l'album final de Diablation et on sent que le groupe y a mis encore plus de soin, la dernière charge est délivrée avec tout ce qu'il restait dans les tripes. "Le Dernier Roi" qui clôt l'album se fait même carrément épique et donne furieusement envie de relancer l'album une seconde fois d'affilée. Diablation aura décidément suivi sa voie, loin des codes actuels du black metal et nous aura servi trois albums de grande qualité. Comme sur les deux précédents, cette forme de black metal ne plaira pas à tout le monde, mais l'inspiration et l'honnêteté ne peuvent à aucun moment être prises en défaut et "Irrévérence" termine l'histoire du groupe avec panache. La quarantaine de minutes passe très vite, l'album ne souffre d'aucun temps mort et ce troisième album donne autant aux amateurs de mélodies qu'aux assoiffés de violence. Même si les morceaux sont longs, on sent une écriture encore plus affinée qui va vers plus d'impact, le tout est encore plus efficace et devient même parfois carrément accrocheur ! Pourtant, Diablation reste le même, sa personnalité n'a pas bougé et le groupe suit sa ligne directrice. Si vous aviez accroché aux deux précédents rien ne va vous faire tomber de votre chaise cette fois, mais la qualité de composition est encore montée d'un cran et le groupe a encore progressé. La production est à l'avenant avec un son propre, puissant clair et parfaitement adapté, là aussi loin des clichés du black metal crado ou faiblard. Autant le son necro colle très bien à certains groupes dont l'optique est crue, autant quand on joue avec des orchestrations il faut que ce soit propre et c'est une fois de plus le cas.

"Irrévérence" confirme donc le talent de Diablation qui s'arrête malheureusement ici, ce qui nous laisse quand même trois très bons albums. Si vous êtes toujours passés à côté, profitez de cette ultime sortie pour réparer cette erreur, la musique de ce groupe mérite largement votre attention. Dans le black metal on a les grandes gueules du cirque Pinder d'un côté et ceux qui laissent parler la musique de l'autre. Diablation faisait partie de ces derniers et aura réussi malgré sa courte existence à marquer la scène française de sa marque, donc rien pour ça : respect et bon vent messieurs !


Murderworks
Janvier 2025




"Par Le Feu"
Note : 16/20

Diablation nous avait déjà agréablement surpris en 2021 avec son premier album "Allégeance" et s'apprête donc à enfoncer avec son nouveau méfait "Par Le Feu". Si ça ce n'est pas un clin d'oeil au premier EP de Seth "By Fire, Power Shall Be...", je ne sais pas ce que c'est ! Le groupe propose évidemment un black metal symphonique et mélodique très ancré de cet esprit des années 90 et vu la qualité du précédent album on s'attend à se prendre une deuxième petite baffe.

On a droit à la petite introduction de rigueur qui nous accueille en nous annonçant une petite purification "par le feu, par le sang, par la haine" et qui enchaîne donc avec "Vox Diaboli" qui démarre véritablement les hostilités. Une entrée en matière bien nerveuse qui nous envoie de bons gros tapis de double grosse caisse et des riffs vicelards et teigneux en plus de ces fameuses ambiances symphoniques et grandiloquentes amenées par les claviers. Diablation se fait plus méchant sur ce premier morceau et décide de démarrer l'album avec quelque chose d'assez nerveux et agressif. On retrouve évidemment la patte mélodique du groupe et on a d'ailleurs droit à plusieurs passages magnifiques, dramatiques et même carrément épiques ! "L'Unique Merveille" lève un peu le pied et repart sur quelque chose de plus mid-tempo et toujours aussi dramatique avec tout de même quelques volées de blasts qui amènent une certaine intensité et un dynamisme supplémentaire. "Par Le Feu" suit la lignée de son prédécesseur mais se fait un peu plus agressif et teigneux. On garde les ambiances symphoniques, le romantisme noir et les mélodies dramatiques mais on a droit à un peu plus de puissance cette fois. D'ailleurs, "Au Bord Du Gouffre" nous blaste la tronche d'entrée de jeu et ne prend clairement pas de gants malgré des orchestrations épiques et dramatiques là aussi. "Crépuscule Doré" continue sur la même voie et démarre lui aussi de façon très brutale avec de bons gros blasts sans pitié, une confirmation de plus que cette fois Diablation voulait montrer les crocs.

En dehors de cette orientation un peu plus frontale et violente, vous retrouverez tout ce qui faisait le charme de "Allégeance", avec des claviers souvent présents mais suffisamment discrets pour ne pas bouffer tout l'espace sonore. Les orchestrations sont systématiquement bien amenées et posent des ambiances d'une puissance émotionnelle assez bluffante ! D'ailleurs, on retrouve une durée assez compacte puisque "Par Le Feu" ne dure pas tout à fait quarante minutes et que la plupart des morceaux sont assez directs, en dehors du pavé final "Mort, Marche Avec Moi" qui dépasse les treize minutes. Un morceau final qui développe au départ des ambiances plus noires, plus fantomatiques et plus black metal tout simplement. Pendant quelques temps, le romantisme noir et la grandiloquence sont mis de côté et on se retrouve avec quelque chose de plus morbide et de plus oppressant. Là encore les blasts sont assez présents et la violence ne loupe pas une occasion de se faire remarquer, confirmant une fois de plus que "Par Le Feu" porte bien son nom et se fait bien plus teigneux que "Allégeance". La fin de ce dernier morceau se fait tout aussi rageuse mais avec une dimension épique et tragique plus marquée, le tout amenant une ambiance de fin du monde du plus bel effet. Une fin d'album qui fait monter la pression d'un coup et maintient une ambiance noire et apocalyptique tout du long, de quoi donner envie de relancer la bête qui sera décidément passée bien vite !

Diablation confirme les espoirs placés en lui à la sortie d'"Allégeance" et nous livre un album plus violent et plus belliqueux avec le bien nommé "Par Le Feu". On retrouve la patte du groupe avec des orchestrations, un peu de romantisme noir et du symphonique aussi épique que dramatique mais avec un peu plus de hargne et de puissance.


Murderworks
Mai 2023




"Allégeance"
Note : 16/20

Si Diablation est un nouveau groupe qui nous livre ici son premier album "Allégeance", ses membres n'en sont pas des débutants pour autant puisqu'on y trouve deux membres d'Ad Inferna. Comme les chiens ne font pas des chats, on repart sur un black metal mélodique à tendance symphonique donc les amateurs de brutalité de black metal haineux et bourrin peuvent déjà fuir à toutes jambes.

Après une petite intro d'une minute, c'est "Aigle Du Mal, Aigle De Sang" qui ouvre réellement l'album et on reconnaît tout de suite la patte vocale de Vicomte Vampyr Arkames que l'on connaît depuis les deux premiers albums de Seth. Muscialement, ce premier morceau est ancré dans un style que l'on entendait plus dans les années 90 et qui a quasiment disparu depuis avec justement un black metal mélodique surmonté de claviers assez discrets mais qui apportent tout de même une dimension symphonique à l'ensemble. Si la violence est évidemment présente, elle n'est pas le propos ici et "Allégeance" ne lui laisse que la place nécessaire, le reste est occupé par les mélodies et surtout ces ambiances parfois grandiloquentes et teintées de romantisme noir. "Des Ruines De La Solitude Eternelle" développe lui aussi des ambiances fortes et des mélodies percutantes qui apportent un côté dramatique à l'ensemble. "Ego Daemonium", sur lequel on peut entendre Hreidmarr, développe une ambiance horrifique et baroque qui, là encore, crée une ambiance puissante et nous renvoie au bon vieux black symphonique que très peu de groupes persistent de nos jours à pratiquer. Ce qui est plutôt dommage puisque quand l'inspiration et le talent s'en mêlent cela peut donner ce genre d'album. "Allégeance" a tout ce qu'il faut pour convaincre les amateurs du genre et les membres de Diablation ont été bien inspirés de revenir à un style qu'ils n'avaient eux-mêmes plus pratiqués depuis longtemps. Et pourtant ce n'est pas mon style de black metal de prédilection, donc si Diablation a réussi à me convaincre avec ce premier album c'est que le travail est vraiment bien fait ! L'équilibre entre violence, mélodie et ambiances puissantes est parfaitement géré et "Allégeance" ne souffre d'aucun temps mort malgré des morceaux assez longs.

Certains pourront peut-être bûter sur ces passages presque narrés qui paraîtront peut-être verbeux à certains mais je trouve qu'ils contribuent à cette ambiance particulière que développe l'album. Le black metal de Diablation semble venir d'une autre époque tout en s'intégrant dans celle-ci par quelques petites subtilités, ce qui finit par le faire paraître hors du temps. Dans une scène black metal saturée et dans laquelle la plupart des groupes semblent reprendre les mêmes ficelles, ce premier album se démarque aisément. Ses ambiances symphoniques sont à cheval entre le cinématographique, le baroque et l'horrifique et apportent ce qu'il faut de noirceur à ce black metal assez mélodique. Contrairement à beaucoup de groupe, les orchestrations ou claviers ne bouffent pas l'espace sonore et se contentent d'appuyer les ambiances qui restent systématiquement basées sur les mélodies et les riffs des guitares. On sent que tout ça est pensé dès le départ et que Diablation ne s'amuse pas à ajouter des couches de claviers par dessus pour cacher la misère. Les morceaux d'"Allégeance" sont presque accrocheurs tant ils sont dynamiques, mélodiques et inspirés. Les passages mid-tempo et les blasts cohabitent harmonieusement et les uns prennent la relève des autres quand le propos l'exige créant par là un album équilibré, vivant et évocateur qui ne perd jamais en intensité. Même si le groupe ne fonce que rarement dans le tas, son premier album fait sentir une certaine puissance et même si le mid-tempo est majoritaire, Diablation sait se faire sentir menaçant ou dominateur.

"Allégeance" est donc une très bonne carte de visite pour Diablation qui nous livre ici un album de black mélodique et symphonique comme on n'en fait presque plus. Inspiré, évocateur et efficace ce premier album mérite que vous y posiez une oreille, même si ce style de black ne vous parle pas plus que ça vous pourriez être agréablement surpris.


Murderworks
Février 2022


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/diablation