Après "Necrophiliac Cult" sorti en 2016 et qui sentait bon la lavande comme vous devez l'imaginer, les Espagnols de Devotion sont de retour avec leur deuxième album, "The Harrowing". Blague à part, le groupe nous balance un bon death old school bien gras et lourd, celui qui aime les rythmiques martiales et les chars d'assaut.

Vous l'aurez compris, il y a un peu de Bolt Thrower là-dedans entre autres et Devotion n'est pas du genre à vous assomer sous une pluie de blasts ou sous des rafales de sweeping, son truc c'est plutôt de vous rouler dessus et de faire marche arrière pour repasser une deuxième fois histoire d'être sûr. Après une petite minutes d'intro glauque et inquiétante, c'est "God Forlorn" qui ouvre le bal et entre les riffs vicelards et cette cloche en fond, l'ambiance générale ne s'éclaircit pas vraiment. Le tempo est lourd, le growl profond et on a plus l'impression de voir s'avancer vers nous une masse gélatineuse à multiples tentacules qu'un char d'assaut finalement. C'est en fin de morceau quand le rythme s'accélère que l'esprit belliqueux et guerrier ressort et que quelques blasts se font entendre. "Megiddo's" nous met dans la tronche dès le début des blasts, par contre l'alternance avec ces riffs bien vicieux et ces tapis de double donne un cocktail destructeur et très efficace. Rien de bien neuf certes mais l'ambition de Devotion n'est pas de réinventer le death metal, il est là pour casser des mâchoires et il le fait très bien. Toujours est-il que si certaines influences se font évidemment sentir, le groupe a sa patte et apporte une ambiance plus glauque et putride que celle développée par un groupe comme Bolt Thrower. Pour donner une vague idée, imaginez Bolt Thrower justement qui aurait copulé avec les ambiances dégueulasses d'Asphyx. On a d'ailleurs régulièrement de petits interludes de quelques secondes entre les morceaux pour renforcer encore une ambiance déjà bien poisseuse et malsaine. Là où beaucoup de groupes misent sur la brutalité ou la technicité, Devotion n'a pas oublié le mot "death" dans death metal, ses morceaux sont d'ailleurs assez longs (cinq ou six minutes en moyenne, huit minutes pour "Virtue Besmirched") et prennent le temps de poser leurs ambiances.

On a même de l'orgue sur "Birth Of Horror" qui donne un côté très glauque et funèbre à ce morceau par ailleurs bien nerveux et belliqueux, alors que le rampant "The Mournful Beam" nous fait évidemment penser à Morbid Angel. "Demon Sleep" est probablement le morceau le plus bourrin de l'album et ne fait pas de prisonniers, ça blaste à l'ancienne et quand ça lève le pied, l'ambiance devient tellement glauque et sale qu'on ne peux pas vraiment parler d'accalmie. Je dis à l'ancienne mais tout respire le old school ici, Devotion ne laisse que peu de place à la modernité et ne lui laisse une place que pour avoir une production répondant aux standards actuels. L'album bénéifice du coup d'un son puissant, clair avec juste ce qu'il faut de saleté sur les guitares et une basse qui se fait bien entendre. Quelques claviers se font parfois entendre et appuient encore les ambiances malsaines et laissent un goût de putréfaction dans la bouche, ça sent le caveau humide et on croise là-dedans des bestioles non identifiées. "The Harrowing" propose un très bon équilibre entre l'agressivité, la lourdeur et les ambiances à la fois guerrières et glauques. Les différents interludes contribuent à renforcer cette ambiance et à lier tous les morceaux en un tout homogène. Malgré une durée de presque cinquante minutes, on ne voit pas le temps passer et le groupe garde toujours l'efficacité en tête, même si les morceaux durent en général cinq ou six minutes, il n'y a aucun temps mort. On en entend beaucoup ces derniers temps ressortir la bonne vieille recette du death old school bien gras mais Devotion la réactualise à sa sauce et possède un côté glauque, malsain et presque Lovecraftien dans ses moments les plus rampants qui lui donnent une personnalité bien reconnaissable.

Un deuxième album qui confirme qu'il y a du potentiel là-dedans et qui voit Devotion développer des ambiances encore plus sales et noires. "The Harrowing" poursuit dans la voie de son prédécesseur en poussant le bouchon encore un peu plus loin et en apposant encore un peu plus sa griffe.