On avait déjà parlé de ces grands gastronomes de Devotion par ici à l'occasion de la sortie de leur deuxième album "The Harrowing", on va donc ressortir nos tabliers de fins gourmets pour goûter le troisième album "Astral Catacombs". Pourquoi ces images culinaires vous demanderez-vous ? Parce que Devotion c'est du death metal bien gras à cheval entre Bolt Thrower et Asphyx, du gros concentré de riff qui bave et qui sent la couenne à des kilomètres.

D'ailleurs "Horror Beyond The Stars" décide de faire encore plus gras puisqu'en plus des deux groupes cités à l'instant, on y sent presque du Incantation avec ce feeling démoniaque qui sent le souffre et une production caverneuse du plus bel effet qui accentue encore le côté méphitique de la bestiole. Une entrée en matière directe et brutale qui nous renvoie aux grandes heures du death metal, le vrai, celui qui faisait encore peur. Du death metal qui ne sombrait pas encore dans la surenchère et qui savait équilibrer sa brutalité frontale avec des passages plus lourds, plus malsains avec des riffs bien sales et une ambiance de caveau humide. On retrouve le Devotion que l'on avait déjà apprécié sur les précédents albums mais avec un côté malsain peut-être encore plus prononcé cette fois, sans pour autant mettre de côté la brutalité et l'envie de casser toutes les bouches qui passent par là. Le groupe est toujours aussi doué et son death metal ressuscite sans difficulté un esprit perdu par la plupart des groupes du genre en activité. L'équilibre entre le mid-tempo poisseux, les passages brutaux à coups de blasts à l'ancienne (donc plus locomotive que supersonique) et l'ambiance malsaine et démoniaque est parfaitement géré et on se prend tout bêtement une belle série de coups de boule dans la tronche pendant trois bons quarts d'heure. Comme sur les deux premiers albums, on sent que le groupe fait ce qu'il aime vraiment, que nous ne sommes pas en présence de musiciens cherchant à surfer sur un revival. Devotion a le death metal dans le sang et ça saute aux oreilles à chaque minute de "Astral Catacombs".

On a clairement affaire à des passionnés qui connaissent leurs classiques sur le bout des doigts et ont assimilé tous les ingrédients du genre pour en faire non pas une copie mais bien une continuation. Cette production évoquée tout à l'heure fait d'ailleurs plaisir à entendre, dans l'esprit du death metal à l'ancienne sans tomber dans le cliché ni la redite. Juste un son qui combine la puissance actuelle au côté caverneux et organique des groupes de la grande époque, ni trop propre, ni trop sale. Et pour le death metal que pratique le groupe c'est pareil, il est suffisamment brutal pour éviter le piège du mid-tempo constant et balance ce qu'il faut de sales ambiances pour ne pas tomber dans l'agression stérile. Les riffs sentent le démon putréfié à plein nez et Devotion est totalement possédé par son amour du death metal pur et dur. Rien de nouveau là-dedans et pourtant "Astral Catacombs" fait son effet et ces dix morceaux sont d'une efficacité redoutable en plus d'installer un climat morbide et malsain du début à la fin. On ne trouvera rien de nouveau par ici et tant mieux, de temps en temps ça fait du bien de revenir aux fondamentaux et de se prendre du bon vieux death metal pur et dur. Devotion ne trompe pas sur la marchandise et tout est contenu dans le nom du groupe, une dévotion totale pour ce death metal qui sent les dessous de bras de démon en rut ! On sait clairement ce qu'on va trouver laissant traîner nos oreilles dans les parages de "Astral Catacombs" et l'album ne déçoit pas, il nous donne ce qu'on est venu chercher et met du cœur à l'ouvrage. Notons d'ailleurs une très belle pochette réalisée par Naroa Etxebarria qui en plus d'être très réussie résume parfaitement le contenu de la bête.

Devotion revient donc en forme avec un troisième album aux airs de manifeste de death metal pur et dur. C'est brutal, crasseux, pesant et ça sent le souffre à des kilomètres. Bref, c'est du très bon et c'est une fois de plus hautement recommandable pour qui aime son death metal à l'ancienne et totalement vierge de toute influence extérieure.

Après "Necrophiliac Cult" sorti en 2016 et qui sentait bon la lavande comme vous devez l'imaginer, les Espagnols de Devotion sont de retour avec leur deuxième album, "The Harrowing". Blague à part, le groupe nous balance un bon death old school bien gras et lourd, celui qui aime les rythmiques martiales et les chars d'assaut.

Vous l'aurez compris, il y a un peu de Bolt Thrower là-dedans entre autres et Devotion n'est pas du genre à vous assomer sous une pluie de blasts ou sous des rafales de sweeping, son truc c'est plutôt de vous rouler dessus et de faire marche arrière pour repasser une deuxième fois histoire d'être sûr. Après une petite minutes d'intro glauque et inquiétante, c'est "God Forlorn" qui ouvre le bal et entre les riffs vicelards et cette cloche en fond, l'ambiance générale ne s'éclaircit pas vraiment. Le tempo est lourd, le growl profond et on a plus l'impression de voir s'avancer vers nous une masse gélatineuse à multiples tentacules qu'un char d'assaut finalement. C'est en fin de morceau quand le rythme s'accélère que l'esprit belliqueux et guerrier ressort et que quelques blasts se font entendre. "Megiddo's" nous met dans la tronche dès le début des blasts, par contre l'alternance avec ces riffs bien vicieux et ces tapis de double donne un cocktail destructeur et très efficace. Rien de bien neuf certes mais l'ambition de Devotion n'est pas de réinventer le death metal, il est là pour casser des mâchoires et il le fait très bien. Toujours est-il que si certaines influences se font évidemment sentir, le groupe a sa patte et apporte une ambiance plus glauque et putride que celle développée par un groupe comme Bolt Thrower. Pour donner une vague idée, imaginez Bolt Thrower justement qui aurait copulé avec les ambiances dégueulasses d'Asphyx. On a d'ailleurs régulièrement de petits interludes de quelques secondes entre les morceaux pour renforcer encore une ambiance déjà bien poisseuse et malsaine. Là où beaucoup de groupes misent sur la brutalité ou la technicité, Devotion n'a pas oublié le mot "death" dans death metal, ses morceaux sont d'ailleurs assez longs (cinq ou six minutes en moyenne, huit minutes pour "Virtue Besmirched") et prennent le temps de poser leurs ambiances.

On a même de l'orgue sur "Birth Of Horror" qui donne un côté très glauque et funèbre à ce morceau par ailleurs bien nerveux et belliqueux, alors que le rampant "The Mournful Beam" nous fait évidemment penser à Morbid Angel. "Demon Sleep" est probablement le morceau le plus bourrin de l'album et ne fait pas de prisonniers, ça blaste à l'ancienne et quand ça lève le pied, l'ambiance devient tellement glauque et sale qu'on ne peux pas vraiment parler d'accalmie. Je dis à l'ancienne mais tout respire le old school ici, Devotion ne laisse que peu de place à la modernité et ne lui laisse une place que pour avoir une production répondant aux standards actuels. L'album bénéifice du coup d'un son puissant, clair avec juste ce qu'il faut de saleté sur les guitares et une basse qui se fait bien entendre. Quelques claviers se font parfois entendre et appuient encore les ambiances malsaines et laissent un goût de putréfaction dans la bouche, ça sent le caveau humide et on croise là-dedans des bestioles non identifiées. "The Harrowing" propose un très bon équilibre entre l'agressivité, la lourdeur et les ambiances à la fois guerrières et glauques. Les différents interludes contribuent à renforcer cette ambiance et à lier tous les morceaux en un tout homogène. Malgré une durée de presque cinquante minutes, on ne voit pas le temps passer et le groupe garde toujours l'efficacité en tête, même si les morceaux durent en général cinq ou six minutes, il n'y a aucun temps mort. On en entend beaucoup ces derniers temps ressortir la bonne vieille recette du death old school bien gras mais Devotion la réactualise à sa sauce et possède un côté glauque, malsain et presque Lovecraftien dans ses moments les plus rampants qui lui donnent une personnalité bien reconnaissable.

Un deuxième album qui confirme qu'il y a du potentiel là-dedans et qui voit Devotion développer des ambiances encore plus sales et noires. "The Harrowing" poursuit dans la voie de son prédécesseur en poussant le bouchon encore un peu plus loin et en apposant encore un peu plus sa griffe.